Journal C'est à Dire 164 - Mars 2011

P L A T E A U D E M A Î C H E

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Surmont René, l’étalonnier toujours en tournée

En 1964, René Viotte participait au premier salon de l’agriculture à Paris en présentant un cheval comtois. Quarante-sept ans plus tard, la “magie de Paris” n’opère plus dit ce passionné, couronné de nombreuses fois.

I l n’est pas nostalgique René Viotte.Tout juste est-il ration- nel. L’alerte septuagénaire désormais à la retraite a gar- dé son activité d’étalonnier (1) “par passion” plus que par rai- son financière. Il élève deux superbes chevaux comtois qui couvrent les juments du dépar- tement et au-delà. Dans sa ferme située à Surmont (proximité de Belleherbe), il est un des rares agriculteurs en France à avoir participé au pre- mier salon de l’agriculture à Paris. C’était en 1964. René s’en souvient comme si c’était hier : “J’étais parti un jeudi depuis Surmont pour rejoindre la gare de Valdahon. On avait chargé le cheval dans le wagon… pour arriver gare de l’Est à Paris le dimanche matin. J’avais dormi sur la paille. C’était un autre temps. On avait marché dans les rues parisiennes avec le cheval.” Rentré du salon 2011 où son che- val Ursule de l’Orme a obtenu le 3 ème prix, il confie que la magie

parisienne a perdu de sa super- be : “Avant, on pouvait se per- mettre de sortir, aller au res- taurant. Avec les prix pratiqués aujourd’hui à Paris, on est cloi-

moins, René est pessimiste. “Si les gens ne mangent plus de che- val, on ne verra plus de chevaux comtois dans nos prairies, pres- sent-il. Environ 2 % des pou-

sonnés au salon même si le confort est là avec l’eau chaude et même des personnes qui vous préparent à manger” explique-t-il. Les primes obtenues lui permet-

lains servent à tirer des charges. Les 98 % restant sont vendus pour leur viande.” Amoureux de son métier, de ses deux chevaux, il cajolera tant qu’il le pour-

“Pour acheter une voiture, vendre 5 chevaux !”

tent de couvrir les frais. Rien de plus. Le cheval de trait ne fait plus recette : “Pour l’anecdote, je m’étais payé une Simca P60 en vendant un cheval. Aujour- d’hui pour acheter une voiture, il faudrait vendre 5 chevaux !” ajoute celui qui a débuté son métier dès l’âge de 14 ans. À l’époque, il partait le lundi de Provenchère, son village natal, avec un étalon. Direction le pays de Montbéliard, Montécheroux, la vallée du Doubs, pour un retour le vendredi : “C’était la belle époque…” Dans un contex- te où la viande de cheval se vend

ra Ursule et Titan, ses deux com- tois qui lui apportent tant de bonheur. Car de reconnaissan- ce, René Viotte n’en a nullement besoin. Son secret pour élever et obtenir des étalons de gran- de classe ? “La chance” répond humblement l’habitant du Pla- teau. Un conseil : “Vendre un cheval, c’est comme vendre une voiture : il ne faut pas dire que c’est une Mercedes si c’est une 2 CV.” Jolie image. E.Ch.

(1) : personne assurant la reproduction des chevaux.

Économie Le Russey tente de sauver 12 emplois

René Viotte et son étalon primé à Paris. Il débute une nouvelle tournée dans les fermes de la région.

pli mais les liquidités manquent. Cette opération lui en redonne- ra. Elle nous louera ensuite les bâtiments” explique le premier magistrat qui a bataillé de longs mois, rencontré le médiateur du crédit, alerté le député de la cir- conscription et le sous-préfet de Pontarlier. Le chef-lieu de canton choisit d’épauler son économie. Ce n’est d’ailleurs pas la première opé- ration du genre : “Une opéra- tion de même type a été réalisée avec la société Technicarbure. Le bâtiment a été construit sous maîtrise d’ouvrage communale. Fin mars, l’entreprise devient propriétaire des locaux loués à la commune depuis onze années.” conclut Gilles Robert. Plus qu’une prise de risque, c’est une prise de conscience : celle d’éviter la fuite d’activité deve- nue à la mode sur le Plateau. E.Ch.

La commune se porte acquéreur des bâtiments de l’entreprise E.M.G.V.D. situés à l’entrée du village. Ils seront (re)loués à la société qui a besoin de liquidi- tés. Une prise de risques.

D’ apparence, le bâtiment est vieillissant, altéré qu’il est par les caprices du temps. Mais à l’intérieur, un savoir-faire unique mûrit depuis près de cinquante ans à

d’activité. La société n’a, de son côté, pas souhaité communiquer, préférant attendre le bouclage définitif du dossier. À l’heure où l’interventionnisme de l’État paraît de plus en plus incertain

E.M.G.V.D. située à l’entrée du village en venant depuis Morteau, entreprise spécialisée dans le micro-décolleta- ge et reprise d’usinage,

en raison des difficultés financières et coupes budgétaires rencontrées par les mairies elles- mêmes, l’aide paraît à la fois cavalière et cou-

Le maire Gilles Robert s’en défend.

née de la fusion de deux entre- prises : les établissements Michel Guy et Villers Décolletage. Au Russey, la société fait partie des meubles si bien que la mai- rie a décidé de soutenir cette dernière en nouant avec elle une location-vente des bâtiments après avoir pris connaissance de ses difficultés financières. But de l’opération : amener des liqui- dités dans les caisses réduites par la crise économique. Au cours de sa dernière séance, le conseil municipal a autorisé le maire à signer une conven- tion avec la S.C.I. “les Fournots du Bas”. Le bâtiment doit être estimé par les domaines. La convention qui est en cours d’élaboration précisera le mon- tant exact de l’opération, sa durée. Les éventuels travaux à réaliser sur le bâtiment seront pris en charge par la S.C.I. ain- si que les frais de fonctionne- ment. La municipalité achète- rait environ 200 000 euros le bâtiment. Le Russey arrive donc tel un Zorro masqué en assu- rant aux douze employés “une bouffée d’oxygène” en matière

rageuse. Le maire Gilles Robert s’en défend : “Sans cette loca- tion-vente, ces douze emplois dis- paraîtront du Russey… Nous connaissons bien cette entre- prise et savons qu’elle possède un carnet de commandes rem-

La société est spécialisée dans la réalisation de petites pièces.

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