Journal C'est à Dire 164 - Mars 2011

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Suisse : pas d’afflux à la pompe Essence Un automobiliste gagne 9,90 euros sur un plein de 60 litres de sans- plomb 95 effectué en Suisse. Paradoxalement, la flambée des prix en France n’a pas de répercussions chez nos voisins qui assistent même à une baisse de fréquentation depuis 2008.

Les Suisses récupèrent la T.V.A. Les transporteurs suisses font le plein en France D eux semi-remorques immatriculés en Suisse, dans le canton de Neuchâ- tel, sʼarrêtent à la station- service Rognon à Morteau pour y faire le plein de leur machine en gazole. Ils transportent 27 000 litres de fioul lourd chargés à Cressier (canton de Neu- châtel) en direction de Cha- lon-sur-Saône. En réalisant leur plein en Fran- ce, les sociétés de transport helvètes ont un intérêt : elles récupèrent ainsi la T.V.A. via un organisme privé (Scode- rec) au bout de quelques mois, parfois un an. Une dizaine de sociétés suisses feraient leur plein en France.

L a flambée du prix de l’essence en France n’aurait pas de répercus- sions directes à la fron- tière suisse où les stations-ser- vice font environ 85 % de leur chiffre d’affaires avec la clientè- le française. “En 2008, nous avions jusqu’à 700 clients qui achetaient soit de l’essence, des cigarettes, du chocolat. Aujour- d’hui, la moyenne est d’environ 300 clients par jour” calcule la station-service Tamoil aux Bre- nets. La raison de cette baisse

de fréquentation de clientèle est toute trouvée : “Notre taux de change n’est pas favorable” dit la guichetière. Exemple concret : les frontaliers en 2008 ache- taient trois cartouches de ciga- rettes pour le prix de deux. Aujourd’hui, avec la cherté du franc suisse, les prix sont qua- si équivalents. En 2008, un Français avec 100 euros avait un pouvoir d’achat de 170 euros en suis- se. Avec le taux de change actuel (1 euro équivaut à 1,31 CHF),

100 euros offrent un pouvoir d’achat de 130 euros. Du coup, la station-service des Brenets a baissé ses commandes en kilos de chocolat pour Pâques. Elle en fera de même pour la comman- de des chocolats de Noël qui se négocie en ce moment. Un peu plus loin, à la station de la Crê- te au Locle, Pierre-Yves Miche- lin dresse le même bilan : “Nous avons toujours la clientèle fron- talière mais avons perdu celle qui venait de plus loin.” Pour remplir son réservoir en essence, le gain est toujours sen- sible. Jérôme, de Frambouhans, venu faire le plein de sa Ford a ainsi gagné environ 13 euros. Le diesel demeure toujours moins avantageux (1,36 euro en France contre 1,86 environ en Suisse). Une seule fois, en juillet 2008, le diesel fut meilleur marché de l’autre côté de la fron- tière. E.Ch.

Les prix en Suisse (22 mars - Brenets) : Sans plomb 95 : 1,36 euro/l Sans plomb 98 : 1,41 euro/l Diesel : 1,86 euro/l Les prix en France (22 mars - dans une station de Morteau) : S.P. 95 : 1,51 euro/l S.P. 98 : 1,52 euro/l Diesel : 1,36 euro/l

Jérôme, un frontalier habitant Frambouhans remplit son réservoir en S.P. 98. Il gagnera environ 15 euros.

Polémique autour des éoliennes suisses et du gaz Énergie Un Suisse parle de “désastre écologique” suite aux éoliennes ayant fleuri sur les crêtes. Outre l’air, le sous-sol neuchâtelois - comme celui de Pontarlier - pourrait être exploité. Inquiétudes en France.

Éoliennes. Un vent de révolte souffle sur les crêtes jurassiennes. Ce vent qui fait tour- ner les pales des éoliennes fait aussi tourner les têtes. Félix Gueissaz de l’association neuchâteloise “Pour l’avenir de nos crêtes” monte au front. Il dénon- ce les dizaines de complexes d’éoliennes industrielles prévues ou en cours dans l’Arc jurassien et demande que le peuple suisse puisse décider des projets. Félix Gueissaz estime que le Jura a des régimes de vent fort peu propices aux éoliennes industrielles. La production d’électricité attendue est donc extrê- mement faible. Avec d’autres Suisses, il a interpellé le Grand-Conseil Neu- châtelois afin de protéger les crêtes. Le Grand-Conseil a déclaré l’initiative de l’association recevable en tant qu’initiative constitutionnelle. “Grâ- ce au lancement de notre initiative, les questions sur le problème de propor- tionnalité entre le saccage d’un paysa- ge unique et la production d’énergie sont désormais portées ouvertement” assure le membre du comité d’initiative. L’association pour le “Parc naturel régio- nal du Doubs” prend position contre de nouvelles éoliennes, consciente que

ces projets peuvent remettre en cause le futur label “parc régional”. “Le pay- sage situé entre les parcs éoliens de Mont-Soleil-Mont-Crosin et du Lomont doit être préservé de nouvelles implan- tations. Nous estimons inadmissible que, durant sa mise en place et sa pha- se de réalisation jusqu’en 2022-2025, les résidents de la région soient contraints à des débats fratricides et à des procédures permanentes en raison des atteintes portées au patrimoine com- mun” explique l’association. En Suis- se, un vent de révolte s’élève contre ces moulins à vent devenus trop présents. L’inquiétude gaz de schiste. Autre sujet environnemental suscitant l’inquiétude : la probable exploration de gaz de schiste sur le plateau neu- châtelois (Noiraigue) ainsi qu’à Pon- tarlier qui, s’ils devaient se réaliser, entraîneraient selon la section du Par- ti Socialiste du Haut-Doubs “un gas- pillage incompréhensible de la res- source en eau (10 000 à 15 000 m 3 d’eau sont nécessaires pour fracturer la roche), une pollution des nappes phréa- tiques et de l’air, des risques de can- cers liés aux composés chimiques pré-

Depuis Fournet-Blancheroche, la vue sur Suisse a changé avec l’arrivée des éoliennes.

Petroleum a des permis de recherche dans le Jura. Pour Pontarlier, une auto- risation à prospecter a été autorisée pour une surface 1 470 m 2 sur le mas- sif du Laveron (signature l’été dernier du ministre de l’Écologie de l’époque Jean-Louis Borloo). Le préfet de

Franche-Comté Christian Decharriè- re a tenu à rassurer expliquant que ces autorisations ne sont pas “des per- mis d’exploration”. Selon un géologue du canton de Neuchâtel, le sous-sol de Noiraigue ne renfermerait pas de gaz de schiste important. À suivre.

sents dans les solvants utilisés et réel potentiel de radioactivité des débris, la destruction des paysages et des milieux naturels : multiplication des puits car le gaz est dispersé sur de grandes surfaces.” La société américaine Celtic Energy

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