La Presse Bisontine 73 - Janvier 2007

L’INTERVIEW DU MOIS

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Tact La France passe aux yeux du monde pour le pays qui offre le meilleur systè- me de santé. Certainement à juste titre. On vante, depuis la mise en place de la Sécurité Sociale au sortir de la guerre, ce mode de prise en charge égalitaire basé sur un principe érigé en dogme : on cotise selon ses moyens et on reçoit selon ses besoins. Seulement, ce beau tableau tend dangereusement à se ter- nir depuis quelques années. Le bateau a commencé à tanguer il y a 25 ans avec l’instauration, sous la pression des syn- dicats, du secteur 2 dit à “honoraires libres”. Depuis, le lent effritement de l’équilibre de la Sécurité Sociale, et sa chute dans les abîmes déficitaires, ont incité les pouvoirs publics à figer les tarifs des actes médicaux. Les méde- cins autorisés ont alors trouvé la para- de en gonflant régulièrement les dépas- sements d’honoraires pour tenter de compenser ce qu’ils dénoncent être un gel de leurs revenus. Parallèlement, la pénurie de médecins a eu aussi l’effet de décomplexer les praticiens du sec- teur 2, jouant de ce déficit numéraire pour pratiquer les dépassements sans vergogne. Aujourd’hui, les médecins eux-mêmes le reconnaissent : le systè- me est au bord de l’implosion. Seule- ment voilà, le déficit de la démographie médicale ne sera pas comblé avant 2025. Jusque-là, certains continueront en tou- te bonne conscience à monnayer leur rareté. Aussi, il n’existe en France aucu- ne instance de surveillance qui sanc- tionnerait le cas échéant, le praticien ayant une interprétation trop large de la notion de dépassements d’honoraires, censés être employés, rappelons-le, avec “tact et mesure”. Mais peut-on encore décemment parler de tact et de mesure quand certains chirurgiens arri- vent à totaliser en une seule année près de 150 000 euros d’honoraires rien qu’en dépassements ? Mais si ce système de plus en plus bancal s’aggrave, ce n’est certainement pas la faute auxmédecins. Ces dépassements exagérés n’existe- raient certainement pas si le système de soins français savait reconnaître à son juste prix la valeur d’un acte médi- cal. Payer une consultation médicale chez un généraliste 45 ou 50 euros n’au- rait rien de scandaleux. Si tant est que laSécuritéSociale s’en donne lesmoyens. Passer pour le meilleur pays du monde sur le plan de la santé publique a un prix. Seulement, il faut savoir accepter de le payer. Jean-François Hauser Éditorial

MUSIQUE

Un conte pour la fin de l’année

Retomber en enfance. À 58 ans, le chanteur Louis Chédid vient d’écrire un conte musical pour les plus petits : “Le soldat rose”. Interview d’une des personnalités les plus attachantes de la chanson française. Parfois décalé. Louis Chédid : “Il faut conserver une part d’enfance en soi”

La Presse Bisontine : Comment est née l’idée du soldat rose ? Louis Chédid : L’envie depuis longtemps de créer quelque chose de musical chanté par plein d’ar- tistes différents et aussi de la rencontre avec Pier- re-Dominique Burgaud qui a écrit les textes des chansons du Soldat Rose. L.P.B. : Plusieurs chansons abordent des thèmes sérieux, com- me le travail des enfants ou la société de consommation. Délivrer des messages dans ce conte, était-ce important pour vous ? L.C. : Message, ce mot est trop pompeux pour moi ! En fait, l’histoire du conte se résume un peu à “on peut échapper au vieillissement, aux effets néfastes de l’âge en gardant ses yeux d’enfants.” Il faut conser- ver une part d’enfance en soi. Et si les chansons du Soldat Rose provoquent des émotions à ceux qui les écoutent, ce sera déjà une sacrée récompense. L.P.B. : Vous aviez participé au conte musical “Émilie Jolie”. Quel souvenir en gardiez-vous ? Est-ce que cela vous a influen- cé pour ce “soldat” ?

À 58 ans, Louis Chédid retombe en enfance, avec le conte musical du Soldat Rose.

L.C. : Les chansons, la façon dont c’est raconté, c’était une expérience formidable pour moi. Pour Émilie Jolie, j’ai eu la chance de rencontrer des artistes comme Brassens ou Salvador, grâce à un casting assez extraordinaire. Alors depuis long- temps, je me suis dit que j’aimerais écrire un spec- tacle de ce genre. J’ai l’impression qu’il n’existe pas grand-chose qui réunisse les enfants et les parents sur un disque. En général, ce sont des choses que les parents n’écoutent pas quand les enfants sont à l’école. La grande qualité d’Émilie Jolie, c’était que les chansons passaient à la radio. Ça corres-

correspondre aux chansons et aux personnages. La chance, c’est qu’ils ont tous répondu présents. L.P.B. : Votre fils Matthieu joue dans ce conte. Qu’est-ce que cela représente pour vous d’être sur scène et d’enregistrer avec lui ? L.C. : On avait déjà collaboré, mais d’une manière moins spectaculaire. Je ne pouvais pas ne pas lui proposer un rôle. Il n’était pas obligé d’accepter non plus. Dans le passé, Matthieu a travaillé sur mes disques, j’ai chanté sur scène avec lui et c’est un vrai plaisir à chaque fois. Nous ne voulions enre- gistrer ensemble que si cela avait un sens. Là, c’était l’occasion parfaite. L.P.B. : Le spectacle doit être diffusé pour les fêtes sur Fran- ce 2. Y aura-t-il une tournée ou d’autres représentations par la suite ? L.C. : Un D.V.D. du Soldat Rose sortira également le 29 décembre. Quant à une tournée, cela pour- rait être envisagé. L.P.B. : Enfin, avez-vous de nouveaux projets solo ? L.C. : Je consacre tout mon temps au Soldat Rose pour le moment. Mais j’ai hâte de m’atteler à mon prochain disque et de refaire des chansons dès 2007. Propos recueillis par S.D.

Pour le Soldat Rose, Louis Chédid a réuni quelques grands noms de la chanson française.

pondait à un public d’enfants et d’adultes. Quand on a commencé à travailler avec Pierre-Dominique Burgaud, on s’est dit qu’on n’allait pas se censurer. Sur le plan musical, on a eu envie de faire quelque chose de pop-rock, on a fait un disque pour enfants que les parents peuvent aimer aussi.

“Tous ont répondu présents.”

Bio express 1948 : Louis Chédid naît en Égypte, à Ismaïlia, au bord du canal de Suez. Quelques années plus tard, la famille s’installe en Fran- ce, à Paris. Sa mère, Andrée Chédid, est écri- vain. Écolier dans une éco- le religieuse, Louis intègre le chœur des petits chan- teurs à la croix de bois. 1968 : Le bac en poche, il part étudier le cinéma en Belgique. Il devient mon- teur et réalise plusieurs courts-métrages. 1973 : La carrière musi- cale démarre en douceur. Louis Chédid sort son tout premier album, “Balbu- tiements”. La sortie est timide et ne remporte pas de succès. En 1975 et 1976, deux autres 33 tours sortent sans plus de réussite. Ce n’est qu’en 1978, avec “T’as beau pas être beau” que Louis Ché- did réussit enfin à percer.

1981 : Enfin reconnu, le chanteur enchaîne désor- mais les succès. Souvent engagé, il aborde dans ses chansons souvent avec humour les problèmes de la société ou lamontée de l’extrême-droite. 2001 : Après quatre ans d’absence et un change- ment demaison de disque, Louis Chédid revient sur le devant de la scène avec son album solo “Bouc bel Air”. Son fils,MatthieuChé- did - qui mène une car- rière solo - collabore à l’al- bumen tant que guitariste sur plusieurs titres. Der- nier album solo en 2004. 2006 : Louis Chédid avait été le raton laveur dans la comédie musicale “Émi- lie Jolie” dans les années soixante-dix. Il choisit se lancer à son tour dans le conte musical, “le Soldat Rose”. Vanessa Paradis, Bénabar, Matthieu Ché- did, Francis Cabrel… y participent.

L.P.B. : Comment avez-vous choisi les différents interprètes des personnages ? Et ont-ils été faciles à convaincre ? L.C. : En fait, nous avons écrit les chansons sans penser aux chanteurs susceptibles de les interpré- ter. Ça n’est qu’une fois terminées et “maquettées” que nous avons commencé à y réfléchir et à les pro- poser aux artistes qui nous semblaient le mieux

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