La Presse Pontissalienne 170 - Décembre 2013

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 170 - Décembre 2013

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Christian JOUILLEROT www.christian.jouillerot.swisslife.fr

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le grand écart franco-suisse Directeur de deux sites de fabrication de béton à Vuillecin et Villeneuve- près-de-Lucens dans le canton de Fribourg, Julien Lasserre se livre au jeu des comparaisons entre les deux systèmes. Instructif.

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P remière différence et non des moindres : en France, on tra- vaille 35 heures contre 42,5 heures par semaine en Suis- se, soit pratiquement une journée sup- plémentaire chez nos voisins. “Le coût d’un employé pour son patron varie pra- tiquement du simple au double enFran- ce. En Suisse, on est plutôt aux alen- tours de 25 à 30%de charges salariales. Dans ce cas, comment la France peut être compétitive ? Car les salaires sont plus bas par rapport aux pays voisins”, explique Julien Lasserre, le directeur général de Bétontec àVuillecin, ancien- nement Ferrari. Le décalage s’applique aussi à la pres- sion fiscale plus forte et contraignante en France qu’en Suisse. “On a droit à un contrôle fiscal tous les quatre ans en France.” Comme beaucoup d’entreprises du Haut-Doubs, Bétontec souffre de l’attractivité du travail frontalier.Même en offrant de bonnes conditions et des salaires corrects, ces avantages n’ont aucun poids. “La Suisse l’emporte tou- jours. L’ouvrier qualifié en Suisse gagne deux fois plus qu’en France.” Avec un site dans chaque pays, Julien Lasserre pourrait se trouver dans une 2014 : un nouveau site de fabrication près de Dole Les dirigeants de Bétontec investis- sent environ 500 000 euros chaque année sur le site de Vuillecin. “En 2014, on développe un site de fabri- cation sur la région doloise” annonce Julien Lasserre en justifiant cette déci- sion par lʼopportunité de se rappro- cher dʼun nouveau marché.

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comme ailleurs, c’est très difficile de lutter contre l’attrait du travail frontalier.

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situation ambiguë si tel salarié fran- çais souhaitait travailler sur son site fribourgeois. “La question ne se pose pas car le canton de Fribourg est hors zone frontalière et emploie uniquement des résidents avec des permis C, note un directeur qui s’interroge parfois sur l’intérêt de rester en France. Plus on va de l’avant, moins on s’y retrouve.” Sur le plan des compétences et de la motivation des salariés, Julien Las- serre n’émet aucune critique. On a le goût du travail dans le Haut-Doubs comme en Suisse. La main-d’œuvre étrangère qu’on retrouve souvent à la production, comme les jeunes, sont très travailleurs. “Sauf quand en France, on recrute des jeunes à la sortie de l’école, on les forme et ensuite ils par- tent en Suisse.” Du côté de la couverture sociale, le fabricant de béton estime que les tra- vailleurs suisses bénéficient de pres- tations aussi bonnes qu’en France à des tarifs pratiquement identiques. “Les systèmes de prévoyance et de retrai- te sont très complets en Suisse avec le fameux second pilier qui permet de tou- cher une rente ou un capital.” La com-

paraison du coût de la vie est toujours complexe. Ce n’est pas un hasard si les Suisses affluent chaque week-end en France. “Personnellement, je préfè- re largement le comté au gruyère suis- se” , glisse en passant cet amateur de saveurs authentiques. Le sujet qui fâche quand on est un patron franco-suisse, c’est le système de protection du salarié. “En Suisse, on a des syndicats qui protègent nos travailleurs de façon constructive. La protection des délégués syndicaux en France me semble injustifiée. Si l’on veut mettre un terme au contrat de tra- vail d’un délégué syndical, on doit demander l’autorisation de l’inspection du travail. C’est en quelque sorte une perte d’autorité qui n’est pas tolérée en Suisse. En plus, l’employé syndiqué est payé par son employeur pour sa délé- gation sans que celui-ci puisse avoir un droit de regard.” C’est là que sur- git le fossé bien réel dans la percep- tion de son employeur qu’on soit d’un côté ou de l’autre de la frontière. “L’employé français part souvent du principe que son patron l’exploite sans jamais se demander si c’est son inté-

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rêt d’agir ainsi.” Il estime qu’en Suis- se l’équilibre entre les droits et devoirs de chacun est respecté contrairement en France. “En France, l’employeur n’a pas que des devoirs et mon rôle c’est de le rappeler, mais ça passe mal.” La Suisse a toujours été beaucoup plus libérale dans son code de travail. On encourage les initiatives. Pas étonnant que le 24 novembre, ils aient rejeté à une grande majorité la votation 1:12 proposant qu’un patron ne gagne pas plus de 12 fois le salaire le plus faible. Julien Lasserre reste très sceptique sur l’avenir de son site de Vuillecin en particulier et de l’économie française en général. “Le gouvernement français n’agit absolument pas là où il faut. En

en discutant avec d’autres chefs d’entreprises suisses, on pense que la France ne sortira pas de son marasme que par une révolution.” Pour une entre- prise comme la sienne, il s’avère de plus en plus compliqué de faire des prévisions sur des taxes, des impôts, des prélèvements qui évoluent sans arrêt. “On a recours à un cabinet fidu- ciaire pour nous accompagner, tant c’est compliqué.” Dernier grief, le poids des normes en France. “Les Suisses font confiance aux fabricants pour faire des produits de qualité alors qu’en Fran- ce on est rassuré des fabricants car l’État a contrôlé les produits.” Et ne lui parlez pas des R.T.T… F.C.

MANIFESTATION

Devant la Sécu

d’Annemasse où notre mouve- ment est présent et relayé” confie- t-il avant d’expliquer la suite des événements. “On a aussi ren- du une visite à la Sécurité Socia- le à Pontarlier et d’ores et déjà nous avons prévu de bloquer les frontières en décembre.” Rien à voir en effet avec les rendez-vous plus conventionnels des asso- ciations en place. La méthode des opérations plus médiatiques et radicales semble faire son chemin. “On ira jus- qu’au bout” ont même revendi- qué quelques manifestants n’excluant pas des opérations plus spectaculaires si le minis- tère continue à ignorer la grogne. Raphaël Borne tient toutefois à tempérer, rappelant qu’ils ne sont pas des casseurs comme le montrent d’ailleurs leurs actions jusqu’ici. Reste à savoir si les bonnets rouges à la frontière ne verront pas quelques-uns de leurs éléments perdre patience et dur- cir le conflit comme leurs homo- logues au bord de l’océan… D.A.

Bonnets rouges et colère noire Déjà à Maîche il y a quelques semaines, les frontaliers s’étaient mobilisés en dehors du cadre des associations en place. Un phénomène qui se répète et tend à radicaliser le mouvement.

Le bonnet rouge est de rigueur à chacune des manifesta-

A ttendu par les élus du plateau deMaîche pour inauguration, Pierre Moscovici, ministre de l’Économie et des finances avait dû rebrousser che- min sur ordre du préfet jugeant les frontaliers venus à sa ren- contre trop hostiles et le climat dangereux pour l’édile. Il faut dire que “Mosco”, franc-comtois d’adoption, focalise toute la ran-

cœur de ces travailleurs qui chaque jour franchissent la fron- tière et qui bientôt vont perdre leur droit d’option, l’État les obli- geant donc à s’affilier à la Sécu- rité Sociale.Travailler plus mais gagner moins puisque leur coti- sation sera bien supérieure à cel- le payée aujourd’hui dans le pri- vé. Depuis des mois, les associations se battent donc.Mais trop mollement selon des fron-

tions du groupe.

taliers de plus en plus nombreux à déplorer le “politiquement cor- rect” qui s’est installé, préférant l’exemple breton. Sur leur page Facebook intitu- lée “frontaliers et citoyens soyons solidaires”, la référence est

d’ailleurs évidente avec une par- ticularité qui saute aux yeux : le bonnet rouge devenu aussi emblématique que son historique prédécesseur phrygien. Raphaël Borne, l’un des leaders de ce ras- semblement, frontalier depuis

plus de dix ans assume tout à fait le rapprochement confirmé par les actions déjà menées : “On a commencé par des opéra- tions escargots ici dans le Haut- Doubs mais aussi du côté de Bel- fort, de Saint-Louis ou

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