La Presse Bisontine 82 - Novembre 2007

DOSSIER La Presse Bisontine n°82 - Novembre 2007

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SQUAT Rue des Chalets Les locaux sont vides… en apparence Une maison individuelle et les anciens bâtiments du dio- cèse servent sûrement d’abri à des personnes sans domicile fixe. En tout cas, tout porte à le croire. Visite.

L es services sociaux estiment à “entre 20 et 30” le nombre de sans domicile fixe qui vivent dans des squats à Besançon. Parmi eux, il n’y a priori pas de familles. Ce sont des indi- vidus seuls en quête d’un refuge, qui font parfois preuve d’ingéniosité pour pénétrer dans un endroit qui paraît inaccessible. “Cela peut être un grenier, un appartement vide, des anciennes friches industrielles remarque Laurence Vuillet, responsable du ServiceAccueil Accompagnement Social (S.A.A.S.). Il y a des gens qui s’aménagent un espa- ce privatif avec une porte qui ferme et de quoi cuisiner par exemple.” Ce gen- re d’installation finit souvent par débou- cher sur une procédure d’expulsion. Les Roms de Roumanie, un public de S.D.F. émergeant à Besançon, ont des squats très rudimentaires, de fortune, dans d’anciens locaux industriels comme la Rhodia. Les services concernés répertorient les lieux identifiés comme étant squattés dans la capitale régionale, mais ont un devoir de réserve sur les adresses en question. Il faut donc se fier à la rumeur

de la rue pour obtenir des indications sur la localisation des squats, dont deux se situent rue des Chalets. En retrait de la chaussée, une des fenêtres murée située à l’arrière d’une petite maison individuelle a été par- tiellement démolie. Pour y parvenir, il faut traverser ce qui semble être un ancien garage, sombre et jonché d’im- mondices. Un petit escalier extérieur, au pied duquel un canapé pourrit, per- met d’accéder à un balcon sur lequel donne la fenêtre défoncée. Le tag sur le mur est immanquable : “Ici, squat privé.” À l’intérieur des couvertures, une cartouche de gaz, des restes de nourriture. Le lieu est vide, lugubre, nauséabond, difficile de savoir quand il a été squatté pour la dernière fois. À deux pas de cette maison individuel- le se trouvent les anciens locaux du dio- cèse qui bordent la rue des Chalets. Ils sont désormais la propriété de Néolia (ex-S.A.F.C.). Les portes et les fenêtres de ces bâtiments désaffectés, sans eau, sans électricité, sont verrouillées. Pour- tant, les vitres taggées au deuxième niveau indiquent que le site a été au

moins visité. Une porte arrière a été fracturée, c’est par là qu’il faut rentrer. Les étages sont une succession d’an- ciens bureaux. Certaines de ces cellules ont été ou sont occupées. D’un l’une d’elles, un jean est posé sur le sol, avec dessus des clefs “de garage” mentionne l’étiquette. À côté, à terre : une baguet- te de pain sec, quelques journaux, des bouteilles, et deux cendriers. Et puis il y a ce courrier du tribunal de Besançon adressé à une personne S.D.F. puis- qu’elle est domiciliée au 10 rue Cham- prond, l’adresse du S.A.A.S. C’est une condamnation à 47 euros, datée de mars 2007, pour “non-respect de l’ar- rêté d’interdiction de consommer de l’al- cool sur la voie publique”. Une pièce plus loin, le volet de la fenêtre est tiré. Les persiennes laissent passer juste assez de lumière pour que l’on distingue un duvet étendu sur le sol, avec une boî- te de bouffe pour chien.

La petite maison à l’arrière de la rue des Chalets est squattée. Le sol est jon- ché d’im- mondices, de vieilles couvertures, de bou- teilles…

Les toilettes des anciens locaux dudio- cèse sont immondes et les placards font office de garde-man- ger à des denrées ava- riées. Mais ces bâti- ments servent probablement de refu- ge à des sans domici- le fixe à la recherche d’un peu de tran- quillité et de “confort” à l’écart de la rue et des regards.

Les garages servent éga- lement d’abri. Une table précai- re a été aménagée.

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