La Presse Bisontine 82 - Novembre 2007

DOSSIER UN COLLECTIF D’HABITANTS

La Presse Bisontine n°82 - Novembre 2007

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Une lettre ouverte au maire Le cri du cœur des habitants de Battant

Un collectif d’habitants vient d’écrire à la ville pour qu’en- fin, on voie ce quartier pour ce qu’il est : un secteur qui se dégrade. Et non un eldorado branché et tendance.

s’engouffrent l’atomisation, l’appauvrissement et le cha- cun pour soi” disent-ils. Ils pointent aussi, en arriè- re-fond sont d’autres symp- tômes, plus lourds : “La fer- meture des commerces traditionnels et la prise des fonds par la restauration rapide, l’aggravation des nuisances qui provoque le départ de Bousbots vers des cieux plus sereins, dont bien des familles, autrefois struc- turantes du quartier, la dis- parition de toute fête ou manifestationde lienpublic. Si l’on mentionne enfin le refus des banques de sou-

cation des espaces publics est une néces- sité. Il faut inverser la tendance enmatiè- re de nuisances sonores, d’alcoolisme public ou de deal . Aux personnes qui apportent des nuisances et violent la liberté d’autrui, nous voulons que la loi soit fermement rappelée. Le bruit sera de plus en plus la nuisance la plus mal acceptée - du fait d’une tolérance com- mune aujourd’huimoindre qu’hier. Com- ment intervenir efficacement sans nui- re aux libertés ?Nous demandons l’abord franc de ce chantier” ajoutent-ils dans leur courrier au maire. Après avoir brossé dans un argumen- taire d’une dizaine de pages les volets animation, urbanisme, circulation, tou- risme, commerce, ils concluent leur courrier en ces termes : “Nous deman- dons la mise au point d’un plan d’en- semble ambitieux, qui installe le quar- tier dans un futur bien pensé du Grand Besançon. Nous parlons d’équilibre, parce que nous voulons que s’améliore lamixité sociale et générationnelle. Nous voulons que les chances de Battant, sa centralité, sa convivialité historique, ses solidarités spontanées, son patrimoine soient points d’appui pour que nous devenions un trait d’union, le pôle sym- pathique d’un Besançon bien portant. Nous demandons par conséquent que s’élabore, dans la concertation, un plan global et structurant que nous sommes prêts à relayer auprès des habitants et usagers du quartier. Ce plan aurait, tout naturellement, son siège aux Bains- douches. Battant a toujours été au ren- dez-vous de l’histoire de la ville. Nous souhaitons ardemment que les années à venir soient audacieuses, et qu’elles voient prospérer notre quartier dans le bien-vivre, la dignité, l’originalité, l’in- telligence et le succès du Grand Besan- çon.” Adressée au maire début octobre, cet- te lettre enflammée n’avait toujours pas reçu de réponse mi-octobre. Ce cri du cœur lancé par ces amoureux de Bat- tant ne devrait sans doute pas rester lettre morte. J.-F.H.

“O n est en passe de devenir un Sangatte bisontin. On mérite quand même autre chose !” s’emporte Christian Mourey. Avec une dizaine d’autres habitants de Battant, tous impliqués dans le milieu associa- tif ou commercial du quartier, ils ont souhaité crier leur ras-le-bol. Ils ont adressé au maire de Besançon un long argumentaire intitulé “Battant, un quar- tier d’avenir pour l’agglomération” dans lequel ils dressent le constat d’un sec- teur qui se dégrade et lancent les pistes d’une réflexion pour redorer l’image du quartier. “Quelques habitants ont vou- lu tenter de prendre un peu de recul, un peu de hauteur, pour cerner la situa- tion et proposer à tous, résidents, usa- gers de Battant et élus, la construction d’un projet d’avenir” argumente le cour- rier.

Ce qui amotivé cette réaction, c’est sur- tout le “squat” artistico-politico-mili- tant du 6, rue de laMadeleine. “On veut montrer que non, tout le monde n’est pas derrière ces occupants du 6. Ce sont des gens qui ont raté leur vocation cul- turelle, n’ayons pas peur de le dire” ose M. Mourey. “On souhaite tout simple- ment que l’environnement de Battant change” ajoute plus nuancé Daniel Non- notte, autre signataire de ce courrier. Dans leur lettre au maire, les signa- taires commencent par un constat, se basant sur les premiers résultats de l’étude commandée par la ville au cabi- net A.C.E.I.F., dont le contenu n’a pas encore été rendu public. Ils reprennent notamment un chiffre : “En 2005, 53 % des habitants ont dit leur sentiment d’une dégradation du quartier. Quatre ans plus tôt, ils n’étaient que 32 %. Cet-

te progression soudaine montre que les habitants et usagers de Battant éprou- vent d’eux-mêmes ce que les enquêtes de spécialistes soulignent avec inquiétude ou ce que l’entrée dans le Contrat urbain de cohésion sociale avoue. Le quartier se porte mal” disent ces riverains. Derrière la façade du quartier “bobo branchouille”, il y a une autre réalité selon cette douzaine de riverains. “De manière imprévisible, ont surgi cette année aux yeux de tous deux mini-évé- nements : pendant quelques semaines, une grande extension de la surface occu- pée par les S.D.F. en bas de la rue Bat- tant. Dans le même temps, le squat par de jeunes précaires d’une emprise rue de la Madeleine. Il s’agit là de symp- tômes visibles d’un malaise croissant. Les anciennes régulations ont disparu, et dans les lézardes toujours plus ouvertes

“II est vital de rééqui- librer la pyramide des géné- rations.”

tenir les commerces du quartier ou la dégradation du bâti, on voit que finan- ceurs ou propriétaires abandonnent la partie. La foi en Battant se perd” déplo- rent ces riverains. Alors ils craignent que si rien n’est fait, “l’anarchie grandira, le mal-vivre s’ac- croîtra. Battant, qui fut le frère cadet populaire et vaillant de laBoucle, devien- dra le déversoir déprimé de toutes les précarités. Plutôt que bien servir l’ag- glomération en étant lien vivant, il la servira mal, en étalant à un jet de pier- re de la Boucle un ghetto stigmatisé.” Amer tableau. Les habitants inquiets, après le constat, lancent des pistes de réflexion à la vil- le. Sur le rééquilibrage démographique d’abord : “ Nous soutenons la mixité sociale et économique, la diversité, la complémentarité. II est vital pour le quartier de rééquilibrer la pyramide des générations et des strates sociales. Accueillir de nouveau des familles sup- pose leur donner envie et possibilité de vivre àBattant. Rénovations et construc- tions nouvelles doivent donc program- mer des logements adaptés.” À ce jour, et selon le cabinet A.C.E.I.F., 2/3 des ménages sont constitués d’une personne seule à Battant. Sur le thème de la paix publique, ils y vont de leur doléance : “La requalifi-

“Battant se dégrade, quoi qu’on en dise” pense ce collectif d’une douzai- ne de rive- rains de toutes sensi- bilités qui a interpellé le maire.

2007-2011 : le logement opposable Logement des personnes défavorisées : un nouveau plan Le 15 octobre, préfet et président du Conseil général du Doubs ont signé le nouveau P.D.A.L.P.D. (Plan Départemen- tal d’Action pour le Logement des Personnes Défavorisées). L e Plan Départemental d’Action pour le Logement des Personnes Défavorisées (P.D.A.L.P.D.) s’adresse aux personnes ou ménages qui rencontrent des problèmes financiers ou d’insertion sociale. Depuis les années 1990, et ce n’est pas une surprise, le nombre de personnes confrontées à des situations familiales ou sociales difficiles a explosé. L’objectif du P.D.A.L.P.D. est d’abord d’évaluer les besoins des personnes défavorisées et de mettre en place une veille. Il s’agit ensuite d’adapter l’offre d’hébergement par le biais du déve- loppement des logements. Une cellule de Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale (M.O.U.S.) sera mise en place. Un technicien apportera tous les conseils aux personnes concernées. La mise en œuvre de la nouvelle loi sur le droit au logement oppo- sable donne une importance clé à ce dispositif. Parallèlement au nouveau plan, le Conseil général du Doubs et ses partenaires ont réuni les compétences dispersées au sein de diverses commissions, en matière de logement des personnes défavorisées, au profit d’une seule structure : la C.U.A.L., Commission unique d’ai- de au logement. Soutenir des projets expérimentaux est une priorité du nouveau Plan. Le démarrage courant 2006-2007 d’une action expérimentale à Besan- çon - un atelier de quartier avec chantiers d’auto-embellissement sur Planoise - est une illustration de cette nouvelle volonté d’agir.

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