La Presse Bisontine 82 - Novembre 2007

La Presse Bisontine n°82 - Novembre 2007

18

COMMERCE

La coupe est pleine

À l’écoute des commerçants de la Grande rue Une trentaine de commerçants concentrés sur le bas de la Grande rue ont été sondés par la Chambre de commerce suite aux incidents survenus cet été, provoqués par la présence jugée agressive de marginaux. Ils seront à nouveau entendus.

nence de son action. Cette initiative aboutira, dans les toutes prochaines semaines, à une grande table ronde qui réunira les services de la ville, des représentants de laChambre de commerce, les forces de l’ordre (policemunicipale et police natio- nale) et bien sûr, les commerçants concernés. Pour trouver une solu- tionpérenne àunproblème certes ponctuelmais plus lourdde consé- quences à chaque fois. J.-F.H.

tion des commerçants. De ce son- dage, une note de synthèse a été envoyée au maire de Besançon” indique la Chambre de com- merce qui estime la nécessité de “mettre en place un plan d’ur- gence.” Depuis quelques semaines, le sentiment des commerçants semble s’être un peu apaisé. “Ça va mieux reconnaît-on chez Forum. Depuis ces incidents, la police municipale semble être plus vigilante. C’est nécessaire de maintenir une surveillance permanente car le problème est véritablement pénalisant pour nous, et pour l’image de la vil- le en général.” Forum est jus- tement un de ces magasins pro- posant un abri, refuge de prédilection de ces marginaux parfois agressifs. “Quand nos clients trouvent à l’entrée du magasin un regroupement de S.D.F. avec leurs chiens, ils ont réellement peur. Je connais des gens qui ne viennent plus” assu- re la responsable de la librai- rie. Un arrêté municipal interdi- sant la consommation d’alcool dans la rue était en vigueur jus- qu’au 15 octobre. Une des craintes des commerçants de la Grande rue était que cet arrê- té ne soit pas reconduit, même si on ne peut pas dire que jus- qu’à maintenant, il ait été appli- qué à la lettre. Après avoir été questionnés, les commerçants attendent des

RÉACTION Des groupes de marginaux “On ne peut pas traiter uniquement la question par l’intervention policière” Denis Baud, l’adjoint au maire responsable des questions de tranquillité publique, ne minimise pas le problème de la mendicité et des S.D.F. Seulement, il soutient une politique de prévention, de travail en réseau et refuse d’agir au coup par coup pour traiter cette question sensible.

L a Presse Bisontine : Que répondez-vous par exemple aux interrogations des commerçants du bas de la Grande rue qui déplorent de plus en plus d’incivilités ? Denis Baud : La ville a réagi suite aux débor- dements du mois d’août. Cette occupation un peu forte du bas de la Grande rue était due sans doute aux travaux en cours place Pasteur. Des interventions de la police muni- cipale ont été effectuées pour veiller à ce que la liberté de circulation puisse être exercée. Cela dit, cette question est un problème de fond, de société, qu’on ne peut pas traiter uniquement par l’intervention policière. Le problème est que le nombre d’exclus va en augmentant et la ville est touchée au même titre que toutes les autres villes de même importance. Concernant les réclamations des commer- çants, faire un constat, c’est une chose. Après, il faut agir au mieux, sur le long terme, et non pas par des réactions épidermiques. Les grands discours, c’est facile. Mais la réalité est beaucoup plus complexe. L.P.B. : La ville serait-elle impuissante face à ce pro- blème de la mendicité, des S.D.F. ? D.B. : Nous essayons de travailler en amont sur ces populations. Et quand il y a des abus, nous intervenons. Si la police intervient de manière répétée à tel endroit, les regrou- pements vont se déplacer ailleurs. On ne fait alors que déplacer le problème. La dif- ficulté est de trouver un équilibre entre le respect d’aller et venir de tout un chacun et l’humanité à montrer vis-à-vis de ces popu- lations en marge. Mais tout n’est pas pos- sible, il faut bien que les gens en soient conscients. On n’a pas le droit d’arrêter n’im- porte qui sous prétexte qu’il est dans la rue. On se doit de rester dans le cadre des lois républicaines. L.P.B. : La mendicité deviendrait plus agressive dans les rues de Besançon. D.B. : Si la mendicité existe, c’est qu’il y a des gens dans le besoin mais c’est aussi parce qu’il y a des gens qui donnent, par tradition de charité. Quand on demande aux gens qui donnent si les mendiants les gênent, ils diront que non. Quant à la mendicité agres- sive, c’est différent. Elle est plus pratiquée par des groupes de marginaux qui profitent clairement du climat ambiant. Là, on est dans des problèmes de sécurité publique et c’est la police nationale qui intervient alors en cas de débordements.

L.P.B. : La ville a-t-elle les moyens de cerner le problème des squats dans Besançon ? D.B. : Les squats dans l’habitat privé, nous n’avons aucunmoyen de les surveiller. Avec les offices publics d’H.L.M., nous surveillons de près, en revanche, les éven- tuels squats dans les logements vacants. Et ils existent, il y a des tentatives assez régulière- ment. C’est pourquoi nous sommes très réactifs sur ce sujet. L.P.B. : Que faites-vous ? D.B. : Quand un logement est vacant, inoccupé, au bout d’un certain temps on l’équipe d’un système de fermetures avec des portes semi-blindées anti-intru- sion. Il est nécessaire de réagir très vite. Dans un immeuble où il y a une famille qui paie son loyer et, sur le même palier, des individus qui squattent un autre logement, il est certain que l’im- meuble en question va très vite se vider. Le cas s’est posé par

Certains clients des magasins situés en bas de la Grande rue ont désormais peur d’y venir selon les commerçants.

L a place Pasteur était connue jusqu’ici pour être un des lieux de rassemblement pré- férés d’une population qui a élu la rue comme lieu de vie. Seu- lement, la municipalité a enga- gé au cours de l’été une vaste opération de requalification de cette place du centre-ville, futu- re porte d’entrée du centre com- mercial les Passages Pasteur. L’esplanade sur laquelle cesmar- ginaux passaient leur temps est cette fois démolie. Parmi les conséquences logiques de ces travaux, le périmètre de vie de ces désœuvrés a bougé de quelques dizaines de mètres. Un phénomène de mendicité plutôt agressive s’est alors ins-

tallé sur la devanture des com- merces situés sur le bas de la Grande rue, entre la place Pas- teur et le pont Battant. Trafic de drogue en pleine rue, bagarres, mendicité qui tour- nait au racket, vitrines livrées aux tags, pour les commerçants, la coupe était pleine. Alertée par plusieurs courriers et coups de fil de commerçants exaspérés, la Chambre de commerce du Doubs a souhaité réagir. Du 16 au 18 juillet, elle a mené un sondage auprès de 32 com- merçants situés dans ce péri- mètre afin de recueillir leur sen- timent. “Nous avons engagé cette enquête pour répondre à lamon- tée en puissance de l’exaspéra-

mesures concrètes et une surveillan- ce accrue. Une des missions de la C.C.I. est d’in- tervenir de maniè- re réactive pour la défense des inté- rêts économiques en cas de pro- blèmes ponctuels. La chambre consu- laire trouve là une occasion idéale de montrer la perti-

“La police municipale semble être plus vigilante.”

“Il y a des règles de droit à respecter.”

exemple à Fontaine-Écu. Des débuts de squats de ce type, on en démantèle réguliè- rement. C’est une vigilance de tous les jours mais résoudre ce genre de questions n’est pas simple. Les habitants croient souvent que si une famille occupe un logement sans bail, on peut l’expulser facilement. Ce n’est pas le cas, il y a des règles de droit à res- pecter. Traiter ces questions, c’est un vrai travail de fond, de réseaux, de fourmi. On ne doit pas relâcher l’effort. L.P.B. :Vous semblez tout de même relativiser ce pro- blème d’ordre public ? D.B. : Certainement pas mais c’est un vrai travail de fond. Et à Besançon, nous ne sommes pas dans une situation de crise du logement comme on le voit dans certaines plus grandes villes. Les vrais squats sont plutôt le fait de personnes à la marge qui se regroupent à des endroits pour être tran- quille, au chaud. Ou alors de personnes qui refusent d’aller dans les foyers. Les squats avec familles nombreuses ne sont pas du tout d’actualité à Besançon.

Denis, Baud, adjoint au maire chargé de la tran- quillité publique (photo

archive L.P.B.).

Propos recueillis par J.-F.H.

Made with FlippingBook Online newsletter