La Presse Bisontine 82 - Novembre 2007

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La Presse Bisontine n°82 - Novembre 2007

EMPLOI

2 500 à 3 000 emplois UN CHANTIER COSMOPOLITE COMME L’EUROPE Une polémique hasardeuse est née sur la présence de travailleurs étran- gers sur le chantier de construction de la L.G.V. Le point sur un projet d’envergure européenne, jusque dans les hommes qui le réalisent.

C e chantier de la ligne à grande vitesse est un peu la Tour de Babel des travaux publics. On y parle toutes les langues, on y croise toutes les nationalités, des Ita- liens comme des Grecs ou des Allemands. Le plus grand projet de génie civil mené aujourd’hui sur le territoire français est comme un concentré de l’Europe : cos- mopolite. Faut-il s’en scandali- ser ? La réponse est oui si l’on en croit la polémique née à la fin de l’été, suite aux déclara- tions dans la presse locale du responsable d’une P.M.E. exas- péré par la proportion - suppo- sée - “de travailleurs des pays de l’Est sur les chantiers fran- çais.” Une main-d’œuvre

meilleur marché selon lui, qui nuirait à la compétitivité des entreprises tricolores. Raymond Forni, le président de Région, a réagi sans attendre à la polémique qui émergeait en indiquant que “la présence d’ou- vriers étrangers ne doit pas fai- re oublier l’intérêt de la construc- tion européenne pour la Franche-Comté.” Et d’ajouter : “Nous ne pouvons pas nous réjouir de la présence d’ingé- nieurs ou d’ouvriers français qualifiés sur les chantiers en cours dans d’autres pays, et nous offusquer que des Européens viennent travailler en France.” En revanche, ce que l’élu n’ad- met pas, c’est qu’il puisse exis- ter une inégalité de traitement entre les salariés en fonction de leur nationalité, qui correspon-

drait à une entorse faite à la législation du travail. Afin de lever les doutes, Ray- mond Forni a donc demandé à la direction de Réseau Ferré de France “de lui communiquer dans les meilleurs délais des informations précises sur l’em- ploi et les conditions de travail sur le chantier de la L.G.V.” Les services de R.F.F. n’ont pas enco- re rendu leur rapport. Mais ils ont la certitude “que l’emploi de la main-d’œuvre étrangère dans les sociétés qui collaborent au chantier se fait aux conditions fixées par la législation fran- çaise. Tout le monde bénéficie des mêmes traitements comme des mêmes facilités d’héberge- ments, il n’y a pas de privilèges” indiquent les services du réseau ferré de France qui ont fait pas-

2 500 personnes travaillent aujourd’hui sur le chantier (photos R.F.F.).

personnes collaborent actuelle- ment aux travaux du futur T.G.V. Pour R.F.F., la transparence est totale. Il n’y a rien à cacher. “Pour ce type de chantier, on lan- ce des appels d’offres européens. On retient les meilleures entre- prises indépendamment de leur nationalité.” Rien d’étonnant donc à ce que des postes de fer- railleurs soient occupés par des Polonais ou des Allemands qui sont parmi les plus compétents dans ce domaine. L’agence nationale pour l’em- ploi admet cette situation qui n’est pas incompatible pour autant avec l’embauche sur le projet de salariés français et franc-comtois en particulier. La cellule SudA.N.P.E.-P.L.I.E. qui travaille sur le tronçon entre Besançon et Dijon (lot A) est affirmative. “Sur la cellule Sud, 396 postes ont été proposés depuis

le début de l’année. 261 ont été satisfaits et 184 répondent à la clause d’insertion. Ce sont des personnes qui étaient éloignées de l’emploi et qui travaillent à nouveau. Sur ce lot, ce sont sur- tout des gens du bassin de Besan- çon qui occupent les postes.” Ces résultats encourageants sont le fruit des formations des futurs manœuvres, misent en place par l’A.N.P.E. avec le soutien financier des Assédic et du Conseil régional. Le projet a la couleur de l’Eu- rope. Faut-il en déduire qu’il peut recruter de lamain-d’œuvre clandestine ? Pour le savoir, il faudrait que l’inspection du tra- vail lance une vaste opération de contrôle sur le terrain. Mais compte tenu ne serait-ce des règles de sécurité imposées sur le chantier, où chacun est équi- pé d’un badge nominatif déli-

Les salariés sont origi- naires des quatre coins de l’Europe. (photos R.F.F.).

ser une note auprès des socié- tés de travaux publics afin qu’elles les renseignent sur le nombre de salariés étrangers qu’elles emploient. 2 500 à 3 000

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