La Presse Bisontine 82 - Novembre 2007

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n°82 - Novembre 2007

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BESANÇON Tests dermatologiques Femme, chef d’entreprise et … jeune maman

Sophie Mac-Mary s’apprête à faire une pause dans son métier. “Cela ne m’empêchera pas de suivre de près les activités de l’entreprise en lien avec mon

sionnelle : “Voyant les activités du labo de dermatologie croître, ma directrice de recherche m’a proposé de monter ma propre structure. J’ai longtemps hésité avant de me dire que je n’avais pas le droit de laisser passer cette chance” raconte la créatrice. Épaulée par de solides conseils enmatiè- re d’expertise-comptable, à la tête d’une équipe de quatre personnes soudée, Sophie saute le pas. Pour que la grai- ne d’entreprise germe, il est nécessai- re de lancer de lourds investissements. “Un dispositif de projection de franges pour reconstituer le relief de la peau en 3D coûte, à lui seul, 70 000 euros ” dit- elle. Nécessairement, l’appui de parte- naires s’est avéré indispensable au départ. Le concours d’aide à la création d’entreprises innovantes de l’A.N.V.A.R., le concours “Entreprendre au féminin” lancé par Cré-Entreprendre et dont elle termine lauréate parmi 74 créatrices, le concours national Créac 2006…Tous ces dispositifs donnent à la jeune entre- prise desmoyens supplémentaires pour se développer. Deux personnes sont

Sophie Mac-Mary est à la tête de la société Skinexi- gence. Mère de famille et chef d’entreprise, elle mène tout de front, sereinement. Elle est la première lauréa- te du prix “Entreprendre au féminin”.

À 36 ans, le visage est encore celui d’une jeune fille. Sophie Mac- Mary avance avec timidité, le visage éclairé par un regard bleu, plein de malice. Petite coupe au carré et ventre rond, la Bisontine est une futuremaman. Mais avant tout, depuis l’an dernier, madame est chef d’entre- prise. Chef d’entreprise et femme, ça surprend encore ? “J’avais à l’esprit des femmes chefs d’entreprises à forte per- sonnalité. Mais ce genre de femmesmon- te rapidement les hiérarchies mais construit des choses peut-être moins durables. Ce n’est pas forcément indis- pensable d’avoir un très fort caractère

pour diriger une entreprise” lance Sophie Mac-Mary. Voilà pour les préjugés. Sophie Mac-Mary est à la tête de la société Skinexigence qu’elle a créée en février 2006. Orientée vers l’évaluation par des techniques innovantes (ima- gerie 2D et 3D) de l’efficacité de pro- duits dermocosmétiques, Skinexigen- ce est, à son lancement, composé de quatre collaborateurs. La création de cette entreprise issue du laboratoire de dermatologie du C.H.U. de Besançon est le fruit d’un heureux concours de circonstances. Docteur en sciences phar- maceutiques, SophieMac-Mary revient sur le début de cette aventure profes-

équipe” dit-elle.

contacts actuellement avec les produits Chanel et Bulgari” confie la dirigean- te. Le premier exercice comptable de l’entreprise, qui se clôt actuellement, “est plutôt positif” note la jeune fem- me. SophieMac-Mary est sur le point d’avoir son deuxième enfant. Vie profession- nelle, vie de famille, elle considère son statut de femme comme un atout de plus. “En affaire, les femmes ont ten- dance à sentir les clients sérieux ou non. Et souvent, les femmes sont un peu plus frileuses en matière de prise de risque, parfois plus raisonnables.” En revanche, voir une femme à la tête d’une entre- prise est encore considéré comme sur- prenant par certains. Ce handicap à la base peut là encore se transformer en avantage. “C’est vrai qu’on attend plus d’une femme que d’un homme d’emblée. Il faut donc savoir faire ses preuves immédiatement. D’autant quand on doit se rendre à l’étranger. Il faut s’imposer

dès le premier contact. Aussi, quand on est une femme, il y a beaucoup moins de rapports de force avec les clients.” La maternité a nécessairement chan- gé l’organisation de l’entreprise. “Nous le gérons très bien. Ce n’est pas plus mal car dans cette situation on apprend à déléguer.” Mais depuis quelques mois, la grossesse n’a pas influé sur les affaires de l’entreprise. “Les clients signent les contrats en toute connaissance de cau- se.” Bien sûr, on n’envisage pas un congé maternité de la même manière quand on est chef d’entreprise ou simple sala- riée. “C’est moins facile à gérer, recon- naît Sophie. Mais on se débrouille.” Actuellement, moins de 30 % des créa- tions d’entreprises sont le fait de femmes dans notre région. Même si le rapport tend, lentement, à se rééquilibrer. Après tout, les mots “création” et “entrepri- se” ne sont-ils pas féminins ?

recrutées dès la première année d’existence, une technicienne et un ingénieur de fin d’étude. Actuellement, Ski- nexigence tra- vaille régulière- ment avec une quinzaine de clients. “Nous avons de très bons

“Entreprendre au féminin 2007” L e concours lancé par le réseau Cré-Entreprendre est ouvert jusqu’au promis au lauréat. “L’objectif de ce concours est de valoriser les créations d’en- treprises par les femmes et avant tout, de leur donner envie. Fai- re savoir qu’une femme peut, malgré les a priori, engager autant qu’un homme une démarche de 15 novembre pour le dépôt des dossiers. La remise des prix se fera le 11 décembre prochain. Cette année, la dotation globa- le est de 15 000 euros dont 5 000

Rens. au 03 81 65 37 65

création” commente Philippe Vogne, responsable de Cré- Entreprendre à Besançon. Créé en Franche-Comté, ce dis- positif d’aide à la création d’en- treprise au féminin est unique en France.

J.-F.H.

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