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F L’EAU DU ROBINET PEUT-ELLE ÊTRE ÉPARGNÉE PAR LA POLLUTION ? L’industrie ne cesse d’inventer de nouveaux pesticides, plastiques ou médicaments. Leurs résidus passent dans les cours d’eau, au point que les médias relaient régulièrement des études montrant l’impact de ces pollutions sur la faune aquatique. Naturellement, chacun s’inquiète de les retrouver au robinet. « C’est une préoccupation mondiale majeure, reconnaît le Pr Yves Lévi. Aucune eau de surface n’est épargnée. En moyenne, les eaux souterraines, qu’elles soient distribuées au robinet ou en bouteille, sont moins contaminées, mais c’est de moins en moins vrai. » Des campagnes nationales de mesure sont réalisées régulièrement par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) pour surveiller ces polluants émergents. Résultat : leur présence au robinet est infiniment moins importante que celle détectée dans les cours d’eau. Les traitements appliqués sont en effet de nature à éliminer la plupart de ces micropolluants, même si cela demande de plus en plus d’efforts et de moyens. Des moyens que n’ont pas tous les réseaux d’eau potable. Ainsi, le dernier rapport de la Direction générale de la santé sur la qualité de l’eau de robinet indiquait : « 100 % des réseaux de distribution desservant plus de 5000 habitants ont fourni, tout au long de l’année 2015, une eau de bonne qualité microbiologique, contre près de 83 % des réseaux de distribution alimentant moins de 500 habitants. » À savoir : en février dernier, la Commission européenne a proposé de réviser sa directive sur l’eau potable, entrée en vigueur il y a plus de vingt ans. La liste des paramètres à contrôler va ainsi s’enrichir des bactéries légionnelles, des chlorates issus de l’eau de Javel, des composés perfluorés dérivés du Téflon et de trois perturbateurs endocriniens (le 17-bêta-estradiol, le nonylphénol et le bisphénol A). Les seuils de concentration en plomb et en chrome seront eux abaissés de 50 % dans un délai de dix ans.

L’AVIS D’EXPERT Sophie AUCONIE Députée de l’Indre-et-Loire et vice- présidente du Comité national de l’eau

“ Nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne “ Je déplore que l’eau potable ne soit pas de même qualité dans tous les territoires. Dans certaines communes, elle est excellente, car elle provient de nappes souterraines préservées ou passe par un traitement de qualité. Dans d’autres, qui ne peuvent assurer qu’un traitement plus limité, l’eau est captée dans des cours d’eau contenant des traces de perturbateurs endocriniens. Ces derniers sont devenus un vrai sujet de préoccupation qu’il devient prioritaire de traiter en amont. Autre source d’inquiétude, la multiplication des épisodes de sécheresse dans certaines régions. Comme le volume de la ressource en eau se réduit, les nappes voient leurs concentrations en polluants, notamment en pesticides, augmenter. Cela pose aussi le problème de la consommation d’eau potable pour des usages tels que le lavage des voitures ou les chasses d’eau. F LES CARAFES FILTRANTES ONT-ELLES UN INTÉRÊT ? Toutes les études montrent qu’elles n’apportent pas grand-chose à la qualité de l’eau du robinet. Elles peuvent même la dégrader si la cartouche de filtration n’est pas remplacée régulièrement ou si la carafe n’est pas assez souvent nettoyée. F COMMENT SONT ÉMISES LES CONSIGNES DE RESTRICTION ? Le distributeur d’eau, la mairie et l’ARS les diffusent par plusieurs biais: presse locale, affichage, haut-parleur, voire appel téléphonique, courrier électronique et distribution de bouteilles d’eau. Difficile d’ignorer la situation. À savoir: la mairie a l’obligation d’afficher en permanence les analyses de qualité de l’eau du robinet sur son territoire.

DOSSIER FAMILIAL 93

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