La Presse Bisontine 78 - Juin 2007

La Presse Bisontine n°78 -Juin 2007

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GÉNIE CIVIL Des coûts élevés Sur le chantier,

les pneus sont bichonnés Face à la difficulté de trouver des pneus neufs de génie civil sur le marché, les entreprises de terrassement essaient de préserver tant que possible la gomme de leurs engins, en s’appuyant sur les conseils d’un technicien de chez Michelin.

Les pneus des engins coûtent jus- qu’à 17 000 euros pièce.

Velesmes-Essarts La société Heitmann entre dans la danse Cette entreprise familiale intervient en sous- traitant du terrassier Bec sur le chantier de la L.G.V. Deux de ses engins et deux chauf- feurs sont mobilisés en permanence. L’ entreprise de travaux publics Heitmann affiche une certaine fierté à participer à la construction de la ligne grande vitesse. Basée à Velesmes-Essarts, elle intervient sur le chantier en tant que sous-traitant de Bec, une des cinq sociétés du groupement d’entreprises en charge du lot A4. Elle participe aux travaux pré- paratoires qui consistent à canaliser les ruisseaux qui sont déviés pour les besoins de la ligne grande vitesse. “On fait les fouilles et on pose les tuyaux. Ce sont des opérations techniques que nous avons l’habitude de faire. Nous sommes partis pour trois ans” explique Jean-Claude Heitmann, le gérant de la société. L’entre- prise familiale intervient dans le projet depuis le 17 octobre der- nier. Ce chantier pèse de manière importante sur l’activité géné- rale de la société de terrassement. “Cela représente une augmentation de notre chiffre d’affaires de l’ordre 20 à 30 %.” Heitmann T.P. a investi dans de nouveaux moyens humains et matériels pour répondre aux exigences de Bec. Deux emplois ont été créés en plus des 7 existants et deuxmachines ont été acquises dont une pelle de 25 tonnes et une pelle de 20 tonnes à pneus. “Nous avions de nouveaux marchés. Il était prévu de toute maniè- re que l’on investisse dans une pelle.” Ces deux engins se dépla- cent sur le lot A4, avec des chauffeurs fournis par l’entreprise de Velesmes-Essarts. Sur place, ils se plient aux ordres des chefs de chantier. “Par contre, en fonction des besoins, quand c’est néces- saire, c’est nous qui transférons nos machines sur la L.G.V. à l’en- droit voulu. C’est compris dans le contrat.” Une des consignes du marché est de proposer à Bec de bons tech- niciens, et du matériel en état. “Cette société sait ce qu’elle veut. Un chantier comme celui-ci ne tolère pas les temps morts. J’ai d’ailleurs au total quatre chauffeurs. En cas de défaillance d’un des deux chauffeurs présents sur le chantier, je peux ainsi en four- nir un en remplacement du jour au lendemain” poursuit Jean- Claude Heitmann, un entrepreneur dont la rigueur dans le tra- vail est reconnue sur la place. Pour autant, c’est la première fois que cette société familiale dont la succession est assurée par le fils David, participe à un projet aussi gigantesque que celui du T.G.V. Ces passionnés d’engins de terrassement et de technique sont servis. “C’est une belle aventu- re. C’était un truc à faire. C’est un plus sur le plan de l’activité géné- rale de l’entreprise, mais professionnellement c’est aussi très enri- chissant. On voit d’autres façons de travailler, on découvre

Les engins sont regroupés en bordure de route pour évi- ter les vols.

L’ organisation du chantier est sensible. Une panne, une crevaison et c’est tout le fonctionnement de la chaî- ne de travail qui est perturbé. Tout est donc fait pour éviter qu’un grain de sable ne grippe la mécanique. Une attention particulière est por- tée sur l’entretien des pneuma- tiques des engins. Car les pneus de génie civil coûtent cher, de 2 600 euros à 17 000 euros pièce, et en plus les stocks sont en rup- ture. C’est le cas chez Michelin, leader mondial sur ce marché spé- cifique. “La situation est tendue reconnaît-on à l’entreprise de Cler- mont-Ferrand. Face à l’envolée du secteur du B.T.P. depuis 2004, tout le monde n’était pas prêt à répondre à la demande, les constructeurs d’engins comme les fabricants de pneumatiques. Chez Michelin, nous avons poussé à 100 % nos capaci- tés de production pour faire face à cette demande. L’investissement s’est porté sur nos usines du Puy- en-Velay, de Montceau-les-Mines, sur notre site de production espa- gnol, et sur notre usine américai- ne qui fabrique les plus gros pneus de génie civil.” Une nouvelle uni- té de fabrication Michelin sera

bientôt opération- nelle au Brésil. Les produits qui en sor- tiront seront desti- nés, en priorité, au marché américain. Les pneus de génie civil des engins de terrassement qui interviennent sur le chantier de la ligne à grande vites- se proviennent sur- tout des usines européennes du fabricant qui gère “ la pénurie au quo- tidien.”

tion de tous ces paramètres, le tech- nicien établit un diagnostic, rédi- ge un rapport qu’il transmet à Michelin et au responsable dumaté- riel du chantier en question. L’ob- jectif est d’améliorer si besoin les conditions d’utilisation du pneu- matique et d’allonger ainsi sa durée de vie.” En cas de problème, on regarde d’abord dans quelle mesure le pneu peut être réparé. S’il doit être chan- gé, face à la pénurie qui sévit sur le marché, les entreprises de ter- rassement savent que le délai de livraison du pneu est de plusieurs semaines. “ C’est la raison pour laquelle le technicien a une mis- sion d’information. Il insiste vrai- ment auprès des chauffeurs sur les bonnes pratiques. Il les pousse à la vigilance” précisent les services de Michelin. Le déficit de pneus de génie civil est actuellement un goulet d’étran- glement pour l’ensemble de la filiè- re des travaux publics. La situa- tion est inconfortable pour les sociétés de terrassement de la L.G.V. qui redoutent de devoir immobiliser un engin faute de pneus. Cela fait partie des aléas qui peuvent coûter cher.

“Améliorer les conditions d’utilisation du pneuma- tique.”

Aussi, pour maintenir en état le plus longtemps possible les pneus des machines, Michelin envoie régulièrement sur le chantier L.G.V., un technicien qui vérifie qu’ils sont utilisés dans les meilleures conditions. “Il prend en compte la pression, la longueur du cycle de transport, la charge de matière véhiculée par l’engin, le nombre de millimètres de gomme consommés. Il va également étu- dier tout l’environnement dans lequel intervient le pneu, en parti- culier la nature du terrain. En fonc-

l’organisation des grosses entreprises de terras- sement. C’est finalement un échange de tech- niques et de compétences” termine Jean-Claude Heitmann, qui avec ses proches, ont fait du chan- tier un lieu de balade dominicale. Tranquille, l’homme mesure le chemin par- couru depuis qu’il a fondé sa société en 1981. À l’époque, avec son épouse ils ont vendu leur maison individuelle pour acheter leur premier engin, “un tas de ferraille.” Aujourd’hui, ils apportent leur pierre à l’édifice d’un des pro- jets les plus structurant pour l’avenir de la Franche-Comté.

“Professionnel- lement, c’est aussi très enrichissant.”

Le programme du chantier T.G.V. dans les mois à venir.

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