La Presse Bisontine 78 - Juin 2007

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n°78 - Juin 2007

6

Lemarchéde l’immobilier est-il assezgrand POUR TOUTES LES AGENCES ?

Les agences immobilières occupent le paysage commercial. Avec l’essor du marché de l’immobilier, les villes ont vu s’implanter de nouvelles enseignes. Besançon n’a pas échappé à cette règle puisqu’au- jourd’hui, le nombre d’agents autorisés à exercer la profession par la préfecture qui délivre les autorisa- tions, atteint des records sur la place : elles sont plus de cent. Mais alors que le marché semble marquer le pas pour la première fois depuis plu- sieurs années, des organismes professionnels com- me la F.NA.I.M. s’interrogent sur la capacité de cha- cune de ces enseignes à résister si la conjoncture se durcit. Le risque est que pour tirer leur épingle du jeu, les agences se livrent à une concurrence féroce, sans respecter une certaine éthique.

IMMOBILIER Un marché en tension Seules les meilleures agences résisteront !

Les agences immobilières auraient-elles mangé leur pain blanc ? Le ralentissement observé sur le marché de l’immobilier le laisse penser.À l’euphorie d’hier succède une certaine moro- sité. Les affaires risquent de se durcir pour la profession.

et 62 dans le Doubs. Dans ce contexte, rien d’éton- nant donc que l’antenne régio- nale de la F.N.A.I.M. (fédéra- tion nationale des agents immobiliers) ait vu le nombre de ses adhérents en Franche- Comté faire un bon en avant entre janvier 2006 et mai 2007 puisqu’il est passé de 84 à 94. “Depuis 2000, on ne peut que constater la forte progression. Nous pouvons à mon sens le regretter car quand le marché se porte bien chacun voit en lui la poule aux œufs d’or” remarqueAlainMénétré, pré- sident de la F.N.A.I.M. régio- nale. Résultat, selon cet organis- me, la concurrence qui s’in- tensifie dans ce secteur s’ac- compagne parfois de dérives. “Certaines enseignes ont enga- gé des agents sans formation qui sont des dangers pour la profession. Ils sont incapables d’estimer un produit immo- bilier. Pour décrocher unman- dat, ils font miroiter au client qu’il peut tirer le prix qu’il veut de son bien. Des agences qui se sont installées man- quent de professionnalisme dans ce domaine” déplore-t- il. La transaction immobiliè- re est un métier et considérer le client comme un bon pigeon ne va qu’un temps. Certes. Cependant, un responsable d’agence bisontine nuance la position de la F.N.A.I.M. “qui cherche à durcir la régle- mentation pour que moins de monde s’engage dans la pro- fession. Objectivement, je ne suis pas sûr que le nombre d’agences ait modifié le mar- ché. Je pense néanmoins que si l’on veut travailler correc- tement aujourd’hui, nous avons un devoir d’expliquer les choses

au client pour ramener les biens à des prix cohérents. Le problème est que les nou- veaux entrants dans la profes- sion doivent prendre des mandats et se livrent à un jeu de surenchère des prix. Résul- tat, ils traînent des dizaines de biens qu’ils ne

y a quelques mois encore. Il est probable que les acteurs de l’immobilier aient mangé leur pain blanc. Seuls “les vrais professionnels” parviendront à tirer leur épingle du jeu à l’avenir. “Il faut que les agents aient un parler vrai. On ne peut pas mentir à l’acquéreur qui n’est pas prêt à acheter n’importe quoi à n’importe quel prix. Demain, le non-profes- sionnel aura des difficultés” estime Alain Ménétré. Les affaires se durcissent donc, le gâteau est moins moelleux et ne nourrira pas tout ce mon- de. “Compte tenu de la situa- tion, je pense que demain des agences ne feront pas d’af- faires. Sans trésorerie, on ne résiste pas longtemps car il faut payer les charges fixes.” Le responsable d’agence abon- de dans ce sens en indiquant “qu’il est clair que celui qui veut faire du volume et de l’abattage aura des problèmes à l’avenir.” C’est la raison pour laquelle certaines enseignes diversi- fient déjà leur activité en inté- grant dans leur service la pro- motion immobilière ou la gestion de biens, en plus des transactions classiques. Car désormais, elles doivent faire face à l’entrée des banques sur le marché de la transaction immobilière, comme le Crédit Agricole qui deviennent des marchands de biens. Ces orga- nismes bancaires qui s’ins- crivent dans une logique de filière ont des atouts pour frap- per fort car ils maîtrisent la commercialisation du bien, son financement et son assu- rance. Cette fois-ci, la concur- rence est sérieuse.

L’ essor du marché de l’immobilier ces der- nières années a géné- ré une augmentation du nombre d’agents sur la place qui ont vu l’opportunité d’es- sayer de croquer dans ce fruit juteux. À Besançon, il n’a

jamais été aussi élevé. La pré- fecture qui est chargée de déli- vrer les cartes professionnelles obligatoires pour exercer ce type d’activité, recense en date du 14 mai 2007, 88 agents immobiliers spécialisés dans la transaction. Il y en a 151

dans le Doubs. 4 agréments ont été donnés pour de la ges- tion de biens dans la capitale régionale et 50 dans le dépar- tement. Enfin, les succursales des agences sont également soumises à autorisation. 16 ont été attribuées à Besançon

“Sans trésorerie, on ne r ésiste pas longtemps.”

vendent jamais.” Forcément,

malgré l’honnêteté du com- mercial, le vendeur ira au plus offrant. Il arrive que d’une agence à l’autre, les prix des biens varient “de 15 %” esti- me ce professionnel. Les associations de défense des consommateurs comme U.F.C.-Que Choisir regrettent justement que “pour conser- ver un client, les agences ne lui disent pas que les préten- tions qu’il a pour son bien sont exorbitantes et que ce n’est pas raisonnable.” La rigueur de la législation (loi Hoguet du 2 janvier 1970) qui réglemente la profession et demande à tout celui qui prétend devenir marchand de biens d’attester d’un certain nombre de qualifications, ne contribue pas à rendre la concurrence plus loyale. Cependant, pour le représen- tant de la F.N.A.I.M., la pro- fession devrait retrouver un peu de sérénité au fur et à mesure que le marché de l’im- mobilier ralentit. Tous les biens ne se vendent plus et ne s’achè- tent plus aussi facilement qu’il

La F.N.A.I.M. a constaté une augmentation de son nombre d’adhérents.

T.C.

Made with FlippingBook - Online magazine maker