1900 Le pays du cognac by L Ravaz

LE PAYS DU COGNAC 2 49 fâcheuse concurrence. Tant il est vrai que toujours les mên1es causesan1ènent les mêmes effets. De là est née l'industrie de la fabrication des eaux-de-vie connues plus tard sous le nom d'eaux-de-vie de lllontpellier, n1ais qui n'ont jamais acquis la juste renommée des eaux-de-vie charentaises et ne sont jamaisdevenuesl'objet d'un co1nn1erce d 'exportation. Toutau plus s'écoulaient– elles en France mên1e, lorsqu'on Youlait des alcools à bon 1narché. Enfin les eaux-de-Yie d 'Espagne et de Catalogne cherchèrent à s'introduire à la suite ·des produits charentais dans les ports de la Picardie et dans le Nord. Des spéculateurs peu scrupuleux tentèrent n1ên1e d 'en faire venïr dans les Charentes pour les couper aYec des eaux-de-vie du pays. Mais ce mélange dénaturait tellement le bouquet supérieur de nos eaux-de-vie et l'arôme particulier et spécial qu·elles tenaient de la nature du sol, du climat, des cépages cultivés, que les représentants les plus autorisés du con11nerce charentais d'::dors n'hésitèrent pas à signaler un pareil abus et à le réprouver dans le document que voici : « LES NÉGOCIANTS SOUSSIGNÉS, faisant le con1merce des « eaux-de-vie de Cognac provenant des crûs des ci-deyant prO\'inces de « Saintonge et d'Angoun1ois, considérant que la réputation dont cette < eau-de-vie jouit est dùe non seulen1ent à sa qualité supérieure, 1nais à la « confiance fondée sur l'opinion qu'il n 'y entre point de n1élange d'eau-de-vie « étrangère. « Que tout ce qui peut altérer cette confiance doit diminuer la « demande de nos eaux-de vie, en faire baisser les prix, et par là nuire au seul « genre de culture dont la plus grande partie de nos terres soient susceptibles. « Pénétrés de ces principes, nous n'avons pu voir sans indignation «l'introduction au centre du pays d'une partie d 'eaux-de-vie d 'Espagne, qui, « de quelque manière qu'elle soit employée, ne peut que nuire à l'intérêt cc général et à la réputation de notre con1merce. « C'est pour écarter loin de nous tout soupçon d'avoir participé « à cette introduction, ou d'être portés à l'imiter, que nous croyons devoir « donner la plus grande publicité à nos senti1nentssur une opération que n0us ,, regardons con11ne une spéculation projetée par la plus odieuse cupidité et « contraire à tous les intérêts de l'honneur et du patriotis1ne sacrifiés au « nlisérable gain du mon1ent. « Par une suite de nos principes, nous avons arrêté et nous nous « sommes engagés, sur notre honneur et conscience, de n 'acheter ni

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