La Presse Bisontine 125 - Octobre 2011

ÉCONOMIE

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La Presse Bisontine n° 125 - Octobre 2011

POPULATION Rues Battant et de la Madeleine La grande histoire de l’immigration italienne Depuis le milieu du XIX ème siècle, les Italiens ont fortement migré vers le Doubs. La population immigrée diffère de celle du reste de la France par son importance et ses caractéristiques.

L es Italiens ont dès le XIX ème siècle migré vers le Doubs et ils restent la figure typique de l’étranger dans notre département. Parlant une autre langue et se distinguant par leur apparence physique, leur venue est restée dans les mémoires. Elle l’est restée beaucoup plus, par exemple, que celle de leurs homologues suisses, pour- tant beaucoup plus nombreux à avoir passé la frontière. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui représentent le groupe d’étrangers le plus important jusqu’en 1931. Les Italiens prennent alors leur

place, alors qu’ils l’occupent déjà depuis 1901 sur l’ensemble de la France. “Dans le Doubs, les migrants transal- pins se sont surtout installés dans le Nord du département, dans les envi- rons de Montbéliard. Le facteur éco- nomique était évidemment à l’origine de ce regroupement. Avec les usines Peugeot et la proximité avec Belfort et Alstom, le bassin industriel offrait nombre de postes aux ouvriers trans- alpins” précise Frédéric Spagnoli, Maître de conférences en italien à l’université de Franche-Comté. Besan-

çon aussi a attiré aussi de nombreux migrants. À Besançon, les quartiers de la Madeleine et de Battant ont

ment, comme le montre dans son mémoire de maîtrise Nicolas Abra- ham, actuellement professeur d’histoire-géographie au collège Aigre- mont de Roulans. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette migration vers les hauteurs du département. Tout d’abord, les migrants sont arrivés par le Sud du département, plus proche de leur terre natale. Cela explique la forte concentration d’Italiens dans les environs de Pontarlier. De plus, on estime que dans l’entre-deux-guerres, 5 à 10 % des migrants italiens seraient venus par la Suisse. Comme sur le plan national, les par- tants étaient principalement origi- naires de la moitié Nord de l’Italie, d’abord la Lombardie ou le Piémont, puis l’Émilie-Romagne ou les Marches.

Souvent exilés pour des raisons éco- nomiques, les immigrés choisissaient un lieu attractif en termes d’emploi mais aussi un secteur où vivent des connaissances. “Leur venue s’organisait alors en filière, familiale ou villageoi- se. Par exemple celle des Locatelli, for- tement représentée dans la région a été active depuis la fin du XIX ème siècle jusqu’aux années 1960” explique M. Spagnoli. La provenance déterminait alors souvent le métier des entrants. Par exemple, les migrants venus de la province de Bergame étaient plu- tôt des bûcherons. “Mais ce sont bien les maçons qui étaient les plus nom- breux. D’ailleurs, beaucoup des entre- prises de bâtiment ont encore un nom italien” illustre le Maître de confé- rences.

d’ailleurs accueilli jus- qu’à près de 400 Italiens. Le Haut-Doubs, quant à lui, a accueilli beau- coup de bûcherons ita- liens dans ses forêts, mais aussi des maçons. En effet, en 1851, on dénombrait déjà 80 Ita- liens dans les cantons de l’arrondissement de Pontarlier. Ils représen- taient alors 13,4 % du nombre total d’étrangers alors que cette moyen- ne est de 5,6 % sur l’ensemble du départe-

Les Italiens de Battant à Besançon.

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