La Presse Bisontine 125 - Octobre 2011

ÉCONOMIE

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La Presse Bisontine n° 125 - Octobre 2011

SUISSE

602 personnes 2,7 % des travailleurs frontaliers francs-comtois vivent à Besançon Ils sont en nombre moins important que dans le Haut-Doubs. Mais ils sont tout de même plus de 600 à avoir un emploi en Suisse tout en vivant à Besançon.

I l y a des Bisontins qui ne rechignent pas à faire des kilomètres pour aller tra- vailler en Suisse. Selon l’O.S.T.A.J. (l’Observatoire Sta- tistiqueTransfrontalier de l’Arc Jurassien) 2,7%des travailleurs frontaliers, soit 602 personnes,

métrique n’est pas un frein” pré- cise l’O.S.T.A.J. L’emploi qui cor- respond à leur niveau de quali- fication, et un salaire plus avantageux qu’en France du fait du taux de change, sont les deux raisons qui expliquent que des actifs acceptent de faire plus d’une heure de route parfois pour

sont domiciliés dans la capitale régionale ou dans les communes environnantes. Ils sont princi- palement salariés dans des entre- prises du canton de Neuchâtel (Le Locle et La Chaux-de-Fonds) et du canton de Vaud (Vallée de Joux, Lausanne). “Le facteur kilo-

600 frontaliers résident dans le Grand Besançon et passent tous les jours la frontière.

Mais on ne ressent pas franche- ment le phénomène frontalier” explique-t-on dans les établis- sements Bourgeois. “Dans les métiers de la mécanique et des opérateurs sur presse, c’est moins marqué que dans l’horlogerie” poursuit l’industriel. L’agence intérim Randstad à Besançon abonde dans ce sens. Selon elle, le phénomène frontalier “est à la marge. C’est anecdotique. On constate que des gens vont en Suisse tenter leur chance et ensui- te ils reviennent notamment à cause de la distance.” En revanche, il arrive à l’agence Randstad de Besançon d’envoyer des intérimaires enmission dans des entreprises sur le Haut- Doubs,parce que lamain-d’œuvre manque sur la bande frontaliè- re.

ne se posait qu’aux sociétés du Haut-Doubs, elle perce mainte- nant dans des entreprises du Grand Besançon. “À une époque nous n’étions pas touchés, mais depuis deux ou trois ans, on sent cette pression” confie la direction d’une P.M.E. industrielle de Mamirolle. Elle a vu au prin- temps partir un de ses salariés qualifiés qui a quitté la boutique pour aller en Suisse après plus de dix ans de bons et loyaux ser- vices. “Il y a deux ans, deux tech- niciens sont déjà partis” ajoute encore l’entreprise qui recherche aujourd’hui un électromécani- cien. La frontière semble perdre presque toute son attractivité dans les entreprises de Besan- çon. “Deux ou trois jeunes outilleurs sont partis en Suisse.

aller travailler en Suisse. Mais tous les frontaliers ne passent pas la frontière. C’est le cas de commerciaux qui vivent dans la capitale régionale mais qui sont détachés sur le marché français par une entreprise suisse. Néanmoins, compte tenu de la distance, le phénomène fronta- lier est moins marqué à Besan- çon qu’à Pontarlier ou à Mor- teau. Ces villes situées à deux pas de la frontière logent 27,1 % de travailleurs frontaliers pour la première et 34,1 % pour la seconde. Une réalité qui est d’ailleurs à l’origine de particu- larités dans leHaut-Doubs telles que les prix de l’immobilier les plus élevés du département. Beaucoup de secteurs profitent du pouvoir d’achat des fronta- liers à commencer par le com- merce. Par ailleurs, on voit reve- nir en ce moment dans les magasins duHaut-Doubs la clien- tèle suisse armée d’un franc fort qui a tout intérêt à venir consom- mer en France. Les perdants sont les entreprises françaises qui peinent à garder leurs salariés. Pour eux, la ten- tation est forte de chercher un emploi en Suisse, et les sociétés françaises sont démunies d’arguments pour les dissuader de faire ce choix. Comment rete- nir un collaborateur qui en pas- sant la frontière peut dans cer- tains cas doubler son salaire ? Si jusqu’à présent cette question

Autorisations frontalières de commune franc-comtoise de résidence à commune suisse de travail.

Vesoul 33, soit 0,1 % des frontaliers Lure-Luxeuil 64, soit 0,3 % des frontaliers Gray 20, soit 0,1 % des frontaliers Dole 39, soit 0,2 % des frontaliers Besançon 602, soit 2,7 % des frontaliers Lons-le-Saunier 94, soit 0,4 % des frontaliers Champagnole 422, soit 1,9 % des frontaliers Morteau 7 664, soit 34,1 % des frontaliers Pontarlier 6 117, soit 27,1 % des frontaliers La majorité des frontaliers réside à moins de 14 kilomètres de la frontière

STATISTIQUES 36 150 frontaliers 10 % de frontaliers en plus en un an Les cantons de l’Arc Jurassien (Jura, Vaud et Neuchâtel) enregistrent une nette augmenta- tion de la main-d’œuvre frontalière entre 2010 et 2011. La Suisse recrute alors que la situation

de sa monnaie devrait défavoriser son économie tournée vers l’export.

E ssentiellement tournée vers l’export, l’économie suisse devrait pâtir de l’appréciation de sa monnaie par rap- port à l’euro. Or, dans le canton de Neu- châtel par exemple, tous les indicateurs sont au vert tant pour l’industrie horlogère que pour l’industrie bio-médicale. Ce sont deux secteurs qui recrutent. La bonne santé de l’économie helvétique se lit dans l’augmentation du nombre de fronta- liers. Selon l’Observatoire Statistique Trans- frontalier de l’Arc Jurassien (O.S.T.A.J.), il a

REPÈRES

2 - Les frontaliers travaillent très majoritairement dans l’industrie En 2007, 62 % des actifs des cinq zones d’emploi frontalières travaillant en Suis- se occupent un emploi dans l’industrie contre 29 % de ceux qui travaillent en Franche-Comté. Les activités industrielles employant des frontaliers en Suisse tour- nent principalement autour de l’horlogerie, de la bijouterie-joaillerie et des micro- techniques (matériel médico-chirurgical). À elles seules, ces trois activités indus- trielles représentent 38 %de l’emploi contre 2 % en Franche-Comté. L’horlogerie suis- se emploie 6 100 frontaliers comtois. Les zones d’emploi frontalières françaises n’en emploient qu’un peu moins de 1 300. Dans ces dernières, l’industrie horlogère a per- du de l’importance au fil des années mais la main-d’œuvre correspondante n’a pas disparu. 23 % des frontaliers travaillent dans les activités tertiaires marchandes (commerce, transports et services divers) contre 35 % pour ceux qui restent en Franche-Comté.

3- Les frontaliers occupent plus fréquemment un emploi d’ouvrier Les actifs résidant dans les cinq zones d’emploi frontalières et travaillant en Suis- se sont beaucoup plus souvent ouvriers que ceux travaillant en Franche-Comté (62 % contre 32 %). La proportion de cadres et de professions intermédiaires travaillant de part et d’autre de la frontière sont proches. En corollaire, les employés sont nettement moins présents parmi les per- sonnes travaillant en Suisse (11 %) que parmi celles travaillant en France (26 %). La gamme d’emplois existants pour ces qualifications en France est relativement large, aussi bien dans les activités mar- chandes que non marchandes. Parmi les postes de cadres, les métiers d’ingénieurs et de cadres techniques d’entreprise pré- dominent chez les frontaliers. Ils repré- sentent 71 % des cadres et professions intellectuelles supérieures frontaliers, contre 38 % pour les cadres travaillant en Franche-Comté. Source O.S.T.A.J.

1 - Des frontaliers souvent jeunes

Les actifs travaillant en Suisse sont sou- vent plus jeunes que ceux travaillant en Franche-Comté. Ils sont plus nombreux entre 25 et 44 ans alors que la majorité des actifs travaillant en Franche-Comté sont âgés de 35 à 54 ans en moyenne. Les 25 à 44 ans représentent 65 % des actifs travaillant en Suisse contre 51 % de ceux travaillant en France. De plus, le nombre d’actifs de plus de 44 ans décroît plus rapi- dement parmi ceux travaillant en Suisse que pour ceux travaillant en Franche- Comté. Les femmes travaillant en Suisse sont plus jeunes que les hommes : 29 % ont moins de 25 ans contre 26 % pour leurs collègues masculins, les 30-39 ans repré- sentant 33 % des effectifs dans chaque catégorie.

Principalement le secteur tertiaire.

progressé de 10 % entre juin 2010 et juin 2011 sur les cantons du Jura, de Neuchâtel et de Vaud. “Au deuxième trimestre 2011, 36 150 frontaliers occupent un emploi dans les cantons de l’Arc Jurassien suisse. Soit une progression trimestrielle de 3 % : + 1 025 frontaliers entre mars et juin 2011” indique l’O.S.T.A.J. L’Observatoire Statistique précise encore que la hausse du nombre de travailleurs frontaliers est d’au moins 8 % dans chaque canton de l’Arc jurassien. “Le nombre de frontaliers progresse plus fortement dans le secteur tertiaire (+11 % par rapport à la même période l’année dernière), particulièrement dans les ser- vices économiques (+ 26 %) et dans la santé et les activités sociales (+ 10 %).”

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