La Presse Pontissalienne 149 - Mars 2012

RETOUR SUR INFO

La Presse Pontissalienne n° 149 - Mars 2012

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L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Pontissalienne revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité du Haut-Doubs. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Trains : après la colère, toujours des craintes

Le maire de Métabief riposte à Jean-Louis Rapy

Parrains Christian Granié, le maire des Alliés, s’en mord encore les doigts d’avoir vu son nom cité parmi les 500 élus français à avoir sou- tenu il y a dix ans de cela le candidat Bru- no Mégret, ancien bras droit de Jean-Marie Le Pen, à l’élection présidentielle. Bien évi- demment on ne peut pas taxer le paisible maire des Alliés de dérive fascisante. Il avait songé que c’était au nom du pluralisme démocratique qu’il était de son devoir de donner son parrainage à un “petit” candi- dat. Erreur, car il aura traîné comme un boulet ce geste anodin qui a entaché son image. Ce seul exemple que l’on pourrait reproduire des centaines d’autres fois en France montre bien les limites d’un systè- me que le législateur a instauré en 1976 dans le but d’éviter la multiplication des candidatures fantaisistes, mais qui est aujourd’hui à bout de souffle. D’abord par- ce qu’il n’évite pas l’écueil des candidatures multiples - il y a eu jusqu’à 16 candidats en 2002 -, ensuite parce que la règle de transparence est d’une part sans le moindre intérêt etd’autre part totalement inéqui- table puisque seuls 500 noms de parrains tirés au sort sont rendus publics quand un candidat dépasse les 500 signataires. On aboutit aussi à des situations ubuesques au terme desquelles une Éva Joly, crédi- tée d’à peine plus d’1%dans les sondages aura ses 500 parrains tandis que de l’autre côté de l’échiquier Marine Le Pen que les sondeurs annoncent à près de 20% risque de ne pas les avoir. Si sur le plan déonto- logique cette différence de traitement peut se comprendre, il reste une grande injus- tice sur le plan de l’équité démocratique. Pour la candidate d’extrême droite néan- moins, cet état de fait est quelque part ras- surant et prouve a contrario que les inten- tions massives de vote en sa faveur sont plus des inclinations par défaut et par rejet du système en place qu’un vote d’adhésion à des thèses dont chacun peut mesurer facilement la vacuité. Sans doute alors devrait-on améliorer ce système des par- rainages en instaurant simplement l’anonymat des signataires comme le vote par suffrage universel se déroule dans l’anonymat de l’isoloir. Cette simple règle éviterait d’abord aux petits maires de se faire harceler à longueur de journées par les équipes des candidats ou de subir d’intolérables pressions des grands partis, voire des représailles ensuite, sans même parler du jugement moral tronqué de leurs administrés. Un changement des règles éviterait enfin l’éternel psychodrame sur- joué à chaque scrutin présidentiel par des candidats qui ne représentent rien de plus qu’eux-mêmes ou s’auto-persuadent de faire avancer la démocratie. Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Les Éditions de la Presse Pontissalienne”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com Directeur de la publication : Thomas COMTE Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Agence publicitaire : S.A.R.L. BMD - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Mars 2012 Commission paritaire : 1102I80130

faut voir en face avec des investissements de plus de 12millions d’euros, qui misent à la fois sur l’or blanc et sur l’or vert, en fait le tourisme quatre saisons. L’ex-directeur m’accuse d’être “sensible au vent”. Je le confesse, mais contrairement à lui, je suis sensible, non pas au vent personnel, mais aux vents économiques, qui confortent Métabief dans son rôle de station majeure pour le Franche-Comté et l’entraînent vers un avenir serein et prometteur pour les acteurs locaux et notamment nos artisans, commerçants, restaurateurs, prestataires de services. Contrairement à lui, je ne m’inscris pas dans un “management directif” et j’essaie de rassembler tous les acteurs locaux au profit des habitants, des résidents, des touristes et de toutes les forces vives de la station. Il ne saurait être question, contrai- rement à ce que propose l’ex- directeur en conclusion de ses propos, pour partie frap- pé d’amnésie, de confier l’avenir de la station à un “élu leader”, pourquoi pas conseillé par un éminent gourou. L’avenir de la station de Méta- bief repose, à la fois sur la modestie personnelle de cha- cun des acteurs et sur la cohé- sion entre tous les élus, car nous avons un mandat qui nous a été confié par des élec- teurs auxquels nous devons rendre compte. En ce qui concerne la commune de Métabief, nous ne rentrerons pas dans le jeu d’un aigri nar- cissique qui, à défaut d’une approche objective et prag- matique, se complaît dans le “sur moi” et la division. Nous avons décidé de définitive- ment tourner la page d’un beau parleur pontifiant et de faire, pour l’avenir de la sta- tion, confiance à une nouvel- le organisation, synonyme d’unité et de respect de l’ensemble des acteurs.” Voilà qui est dit…

G érard Dèque, maire de Métabief, a peu goûté les termes en lesquels l’ancien directeur de la station deMétabief Jean-Louis Rapy, l’a qualifié. Il s’estime “grave- ment mis en cause ès quali- tés de maire de Métabief” et tient donc à répondre à ces accusations. “Je me garde- rai bien de tomber au niveau souhaité par l’ex-directeur pour tenter d’élever le débat, tant les enjeux sont impor- tants pour la station de Méta- bief, et tant la solidarité entre les acteurs, notamment élus, s’avère indispensable. Grâce à l’engagement significatif du Conseil général du Doubs en la personne du président Clau- de Jeannerot, et du Syndicat Mixte présidé par Christian Bouday, à celui des acteurs locaux, élus et milieux socio- professionnels, la station de Métabief peut enfin envisager son avenir avec sérénité. Il est vrai que la cohésion dans l’action semble avoir beau- coup déplu à l’ex-directeur, apôtre du “diviser pour régner”. On voit bien, en filigrane de ses propos, son subjectif clas- sement entre les “bons” élus et les autres, maladroite dis- tinction qui ne résiste pas une seconde à l’observation de la réalité quotidienne sur le ter- rain. Ainsi donc l’ex-directeur aurait tout perçu, tout inven- té, tout proposé, et les élus locaux, à quelques exceptions marginales, n’auraient rien entendu ni compris.” Selon Gérard Dèque, “la réa- lité est toute autre et celles et ceux qui participent ou s’intéressent de près à ce dos- sier connaissent bien les avan- cées significatives, élaborées au cours des derniers mois par des professionnels, sous l’impulsion des élus, et qui vont aboutir à faire de Méta- bief une “station en or”, com- me le titrait “Vu du Doubs”, la revue du Conseil général. Au-delà des allégations d’une personnemanifestement aigrie et dépassée par l’ampleur de la tâche, c’est la réalité qu’il

L a présidente Marie-Guite Dufay nʼa pas caché sa colère contre la S.N.C.F. à qui elle reproche de ne pas assurer le service demandé alors que la Région Franche-Comté a mis 6 millions dʼeuros supplémentaires cette année pour davan- tage dʼoffre en matière de T.E.R. Depuis le passage au cadencement, la ponctualité nʼest plus que de 73 % alors quʼelle était de 92 % auparavant. La Région menace de ne plus payer les 90 millions dʼeuros à la S.N.C.F. si des améliorations nʼinterviennent pas dʼici mars. Les trains patinent. Du coup, la présidente de Région est inondée de courriers dʼusagers mécontents. Idem pour la F.N.A.U.T. (fédé- ration nationale des usagers des transports). Représentant de la fédération à Pontarlier, Dominique Melet évoque les points dʼachoppement pour le Haut-Doubs. Dʼabord pour la ligne Dole-Pontarlier dont les horaires sont mal adaptés. “ En les revoyant de quelques minutes, nous pourrions éviter des corres- pondances à Frasne trop longues qui nʼincitent pas les pendulaires à lʼutiliser” dit-il. La F.N.A.U.T. nʼa pas digéré la volonté de la S.N.C.F. de supprimer des trains lors du grand froid pour raison de viabilité : “Avec une pri- S auf miracle, la fin du projet approche. “Fin 2011, on a lancé un appel de cotisations auprès des professionnels en se fixant com- me objectif dʼen réunir une centaine. Cela per- mettait de compenser le désengagement logique du commissariat au Massif dont lʼapport corres- pondait à 20 % du fonctionnement de lʼEspace bois Jura-Doubs. On a reçu seulement 10 coti- sations à mi-février. On ne va pas mener les chiens à la chasse” , observe Claude Dussouillez. Le pré- sident de la C.F.D. veut encore y croire et tente un ultime appel à mobilisation. “On a envoyé un courrier à toutes les entreprises en annonçant que sʼils étaient moins dʼune quarantaine à adhé- rer fin mars, on en tirerait les conclusions.” Faute de participants, lʼespace bois Doubs Jura nʼa plus de raison dʼexister. Conséquence : le pos- te de lʼanimatrice chargée dʼanimer le dispositif ne sera pas prolongé. Sur ce coup, on ne pour- ra pas reprocher aux élus leur manque de réac- tivité quand ils ont répondu en 2009 à la deman- de de lʼassociation “O quartier bois” qui réunit des professionnels du bois. “En constatant lʼabsence dʼéchange entre les entreprises, il nous semblait intéressant de faire le lien mais cette affaire nʼa pas été comprise” , déplore à son tour Claude Muyard, élu jurassien qui préside la communau- té de communes du plateau de Nozeroy. Dominique Melet (F.N.A.U.T., à droite) a remonté le problème des usagers à la présidente de Région.

se de maintenance simple, nous aurions évi- té des suppressions.” Derrière ces ajustements de façade demeu- re une vraie crainte : celle de voir dʼici 2014 les T.G.V. Lyria disparaître. La solution : main- tenir lʼoffre de transport. “ La Région a mis de lʼargent dans la réfection de cette ligne. Il serait idiot de tout laisser tomber car le coût de lʼinfrastructure est aujourdʼhui payé par Lyria, la Région, la S.N.C.F., le Fret, le train de nuit” dit la F.N.A.U.T. qui regrette que Lyria concurrence le T.E.R. en proposant un prix de billet Dole-Pontarlier moins coûteux. “ Le citoyen paye deux fois son billet dont une par- tie en impôt” dit la fédération qui appelle tous les usagers à formuler leur besoin en trans- port en adressant un courriel à lʼadresse sui- vante : tgv.ter.bus.pontarlier@gmail.com

Espace bois Jura-Doubs : les élus abattus

La réponse des collectivités à la demande dʼaccompagnement de lʼassociation a pris la for- me de lʼEspace bois Jura-Doubs qui fédérait ini- tialement quatre communautés de communes entre le Doubs et le Jura. Depuis, Champagno- le sʼest retiré de la course. Une chargée de mis- sion a ensuite été recrutée. À elle dʼétablir un diagnostic et dʼélaborer le plan dʼactions adé- quat. Le soufflé sʼest dégonflé à partir de la troisième année. Peu de professionnels ont pris part aux groupes de travail proposés à lʼissue du colloque de Censeau. Les causes de cette démobilisation générale sont probablement multiples : mésen- tente entre professionnels, rivalités, absence de coopération historique, incompréhensions sur le rôle des uns et des autres… “On nous a repro- ché de ne pas avoir réuni les professionnels sur le projet Jura 7S” , note Claude Dussouillez. “Beau- coup pensaient quʼon allait jouer les intermé- diaires entre lʼO.N.F. et les scieurs. Mais ce tra- vail relève des compétences des associations de communes forestières du Doubs et du Jura. La démarche portée par lʼEspace Bois Jura-Doubs arrive peut-être trop tôt” , conclut Jean-Pierre Gurt- ner, le président de la C.C.A. 800. Espérons que personne ne soit en retard quand il sʼagira de prendre le bon train.

“On ne va pas faire du développement économique sans les professionnels”, poursuit Claude Dussouillez (photo archive L.P.P.).

Crédits photos : La Presse Pontissalienne, Amis du musée, Eloaprod, Rémy Barat.

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