Journal C'est à Dire 130 - Février 2008

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VOS LUNETTES de A à Z • Contrôle de votre vue

Renforcé par l’achat de l’entreprise Cheval en 1994, le groupe IMI, groupe indépendant et familial présidé par Jean Pierre Gérard, a ajouté aux savoir-faire traditionnels de Cheval Frères - l’horlogerie et les microtechniques -, un nouveau volet : le biomédical. L’ensemble emploie aujourd’hui 450 personnes dans sept entreprises. L’essentiel se fait - encore - en Franche-Comté. Une des unités du groupe, BH, est située à Charquemont. Microtechniques Le groupe IMI poursuit sa diversification

C adrans de montres et articles de luxe, composants pour l’horlogerie, la bijouterie et la micromécanique, laser et céra- miques : les activités du grou- pe IMI (Industries micromécaniques inter- nationales) dont le siège est situé sur la zone de Témis, sont réparties dans sept unités de production. À l’origine du grou- pe IMI, on retrouve le savoir-faire tech- nique d’une entreprise qui s’apprête à fêter ses 160 ans, la société Cheval Frères, grou- pe familial fondé en 1848 (voir encadré plus bas). 165 salariés chez Cheval Frères à École- Valentin, une quarantaine chez Laser Che- val à Pirey, 70 chez BH à Charquemont et ché mondial de plus en plus concurrentiel, Jean-Pierre Gérard a pris le parti de conser- ver la grande majorité de ses compétences sur place. Sur les 450 salariés du grou- pe, 300 travaillent dans les unités de pro- duction locales. “Nous avons créé un ate- lier de fabrication de pierres d’horlogerie au Portugal et un autre à l’île Maurice, spé- cialisé dans la pose de pierres synthétiques et d’appliques pour les cadrans de montres. Pour le reste, ce qui demande une haute technicité, tout se fait ici” détaille Didier Cheval, le directeur général délégué de Cheval Frères et directeur commercial du groupe IMI. Sous l’impulsion de Jean-Pierre Gérard, le groupe IMI a su prendre à temps un “Privilégier la création et l’avance technologique.” 27 chez Hardex à Marnay, l’essentiel du personnel employé par le grou- pe IMI travaille loca- lement. Malgré les exigences d’un mar-

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Miser sur la formation “Oublions la frontière,

devançons l’appel des Suisses” Le directeur général délégué du groupe IMI tente de trouver une réponse au phénomène d’aspiration de la main-d’œuvre chez nos voisins suisses, qui touche également les salariés bisontins. C’ estàdire:LaproximitédelaSuisseestégalementunemena- ce pour les entreprises basées dans leGrandBesançon ? Didier Cheval : Une menace ? Non car nous sommes complé- mentaires. Nous ne réagirons jamais de cette façon contre nos amis suisses car ce sont eux qui, en grande partie, nous font vivre. Les Suisses n’ont pas à payer nos déficiences en matière de légis- lation du travail et de charges. Il faut que nos responsables se posent la question de savoir pourquoi, à 80 km de distance avec un niveau de vie comparable, d’un côté on construit des usines ultra-modernes et de l’autre, en France, c’est l’inverse qui se passe. La problématique est simple : faisons en sorte que les entreprises de nos régions redeviennent compétitives par rap- port à la Suisse. Que fait-on ici pour garder nos entreprises ? Avec 411 000 euros de taxe professionnelle et un total de 2,240mil- lions d’euros en charges, taxes et impôts divers payés en 2007, je me le demande.Le paradoxe est qu’aujourd’hui nous per- dons notre main-d’œuvre alors que la demande de produits est supérieure à l’offre dans le haut de gamme et le luxe. Les Suisses viennent puiser dans nos ressources en main-d’œuvre car ils ont, eux, d’énormes besoins en ce moment. C.à.d. : La Suisse est devenue plus compétitive que la Fran- ce ? D.C. : Oui et ce, malgré un salaire minimal beaucoup plus élevé. En Suisse, le salaire de base est d’environ 3 000 francs suisses, soit 2 000 euros. Mais sur un salaire de 2 000 euros, l’entreprise suisse paiera 2 200 avec les charges et le salarié percevra 1 580 euros nets alors qu’en France, le salarié percevra 1 380 euros nets et l’entreprise paiera près de 3 000 euros. Ramené aux horaires de travail - 42 heures par semaine en Suisse, 35 heures en France -, on arrive aujourd’hui à un coût horaire de travail salarial de 14 euros en Suisse contre 19 en France. Et là-bas, lors- qu’ une entreprise gagne de l’argent, ses investissements sont déductibles des impôts. C.à.d. : Concernant la fuite de la main-d’œuvre, y a-t-il un moyen de lutter ? D.C. : Au lieu de subir, nous venons de prendre une décision impor- tante au sein du groupe IMI : créer un organisme de formation au sein même de nos usines. Le principe est que les jeunes qui intègrent l’entreprise signent un contrat au départ. Pour celui qui envisage de partir en Suisse, on ne s’y oppose pas, mais les choses sont claires au départ. On signe un accord avec un partenaire suisse fabricant de machines, et si le jeune part de chez nous, ce partenaire nous “indemnise”. 12 jeunes sont actuellement en formation chez Cheval, ils ne seront véritablement opérationnels qu’après 15mois de formation. Cela coûte très cher et nous sommes donc en train de mettre en place une équipe d’encadrement en interne pour réaliser ces formations. Si la Franche-Comté a un rôle à jouer par rapport à la Suisse,

virage à 180°, passant fin des années quatre-vingt-dix du moyen de gamme au haut, voire très de gamme, en moins de dix ans. “Nous avons la particularité d’exporter 95 % de notre production. Sur- tout vers la Suisse, mais aussi vers l’Asie. Il y a encore dix ans, nos coûts de production étaient inférieurs à ceux de nos concurrents

suisses. Si on ramène au coût horaire, nous sommes aujourd’hui plus chers. Pour conti- nuer à nous développer, nous misons sur la qualité de notre main-d’œuvre qu’il faut sans cesse continuer à former. Pour pal- lier lemanque demain-d’œuvre, nous sommes en train de monter un centre de formation en interne, en collaboration avec l’A.F.P.I. et en partenariat avec un fabricant de machines suisse. Le but est vraiment de former et de garder des compétences” mar- tèle Didier Cheval. IMI est toujours contraint de poursuivre l’innovation. Les exemples les plus récents : les céramiques de décor haut de gamme et les implants dentaires - via les socié- tés Hardex et Paris Implants basées àMar- nay - donnent d’excellentes perspectives de développement au groupe bisontin. La diversification est un leitmotiv de l’esprit maison depuis 160 ans. C’est elle qui per- met à Cheval puis à IMI de conserver une longueur d’avance, désormais quasi exclu- sivement dans le haut de gamme. Cer- tainement le seul salut pour les industries adossées à la frontière suisse. La straté- gie d’IMI est résumée par son directeur commercial : “Il faut toujours privilégier la création et l’avance technologique sur la concurrence. Ce sont les meilleurs atouts pour continuer d’avancer.” La preuve : Chaque année, IMI consacre entre 7 et 10 % de son chiffre d’affaires en investis- sements. J.-F.H.

L’histoire d’un groupe Cheval : 160 ans de diversification

L a société Cheval est née en 1848 aux Fontenelles. Le premier représentant des six générations qui suivront fabrique alors des pièces déta- chées pour l’industrie horlogère suisse. Depuis, la diversifica- tion est le maître mot de l’entreprise familiale : fabrication de tiges de remontoirs demontres dès 1924, puis couronnes de remontoirs dès 1935. En 1942, Cheval se lance, le premier en France, dans la fabrication de pierres d’horlogerie puis le revê- tement des couronnes. Dès le début des années soixante-dix, Cheval est une des premières

entreprises àparier sur l’utilisation du laser comme machine-outil dans lamicrotechnique.En 1947, faute de main-d’œuvre locale, Cheval Frères migre des Fonte-

I.B.M.dontCheval assure la fabri- cation des têtes de lecture. “On a envoyé 25 personnes en formation chez I.B.M. àMontpellier, ça nous apermis de tenir le coup.” En1990,

société bisontine continue de déve- lopper son savoir-faire. Aujour- d’hui, pour sa partie composants pour l’horlogerie,Cheval travaille à destination des plus grands noms de l’horlogerie mondiale, donc pour les plus grandes marques suisses. La fabrication d’implants den- taires en céramique fabriqués par la filialeHardex dirigée parAntoi- ne Gérard (fils de Jean-Pierre et contrôleur de gestion du groupe) ouvre de nouvelles et promet- teuses perspectives de dévelop- pement et de diversification à ce groupe familial.

nelles à Besançon rue de laMouillère, puis en 1972 à École-Valentin. La crise du quartz touche de plein fouet l’horlogerie française en 1982. “La chute des com- mandes a été de 50 %

le département laser devient la deuxième activité principale de la société Cheval. Ensuite, le redémar- rage de l’horlogerie, mais avec le bon choix du marché “haut de

À destination des plus grands noms de l’horlogerie suisse.

c’est bien dans la formation. Quand les entreprises suisses ne trouve- ront plus de main-d’œuvre en Suis- se, elles finiront par investir en Fran- ce. Alors, oublions la frontière, devan- çons l’appel et formons nos salariés pour répondre aux futures exigences suisses en matière de qualité. Propos recueillis par J.-F.H. “Pour poursuivre notre dévelop- pement, il faut des compétences” précise Didier Cheval.

en moins de six mois” rappelle Didier Cheval. Cheval met alors en place,grâce au savoir-faire que l’entreprise avait commencé à développer, un partenariat avec

gamme”, sonne le renouveau de ce secteur d’activité pour Cheval. Après le travail du laiton, puis de l’acier inox, du titane, de l’or, du platine puis de la céramique, la

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