Journal C'est à Dire 130 - Février 2008

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Que reste-t-il de l’héritage français et qu’est-ce qui fait aujourd’hui l’identité de cette commune de la vallée de la Brévine devenue suisse il y a deux siècles ? Éléments de réponse. Suisse voisine Petit détour au Cerneux-Péquignot

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P our qui vient du Val de Morteau où les lotissements poussent comme des cham- pignons depuis quelques années, changement d’ambiance radical en franchissant le poste-fron- tière du Gardot. Comme une impression d’effectuer un saut dans le passé en découvrant la vallée de la Brévine qui dévoile aux regards un paysage har- monieux de forêts et de pâturages où s’immiscent encore de beaux exemplaires de fermes neuchâ- teloises. ment rural. Premier signe tan- gible d’une longue appartenan- ce à la France, on distingue au loin le clocher pointu de l’église romane classée monument his- torique. Un édifice consacré en 1690 et financé grâce aux coti- sations des habitants du villa- ge qui souhaitaient alors se sépa- rer de la paroisse de Morteau et avoir ainsi leur propre lieu cultuel. Placé sous la suzeraineté du roi Louis XIV depuis 1678, Le Cer- neux-Péquignot est cédé à la Principauté de Neuchâtel par le premier traité de Paris en 1814. Mais la pose des bornes frontières n’intervient qu’en 1819. Sur le plan religieux, le village d’obédience entièrement catholique incorpore ensuite le diocèse de Lausanne. “C’est l’une des deux communes catho- liques du canton de Neuchâ- tel. La paroisse du Cerneux est rattachée à celle du Locle” , pré- cise Jean-Pierre Pochon qui assu- re depuis 6 ans la présidence du conseil communal. À l’écart des grands axes rou- tiers et ferroviaires, desservie uniquement par quelques cars postaux, cette commune de 330 habitants ne comprend aucune entreprise industrielle. Elle abri- te trois menuiseries, une scie- rie, deux restaurants, un com- merce de négoce en vins et une distillerie artisanale de gentia- ne. Ici, l’activité économique repose avant tout sur l’agriculture. “On a encore une vingtaine d’exploitations dont la surface varie de 25 à 150 hec- tares. Toutes livrent leur lait à la fromagerie qui produit du gruyère A.O.C.” , évoque cet ancien agriculteur. Un gros projet alimente d’ailleurs l’actualité locale. Il Le Cerneux-Péquignot qui s’étire au pied d’un versant boisé s’inscrit sans fausse note dans ce tableau éminem-

pourrait même dire elles se comptent car il s’agit plutôt de femmes et célibataires de sur- croît. “Les garçons se naturali- saient plus facilement pour évi- ter d’avoir à effectuer leur ser- vice militaire en France. Les filles gardaient plus volontiers leur nationalité car elles espéraient faire l’économie des frais de natu- ralisation en épousant un Suis- se.” L’héritage français se perpétue également dans les propriétaires fonciers. Certaines terres sont toujours restées aux mains des familles nobles qui les possé- daient avant 1815. C’est notam- ment le cas des Du Fou au hameau de Bétod et des De Bel- lefond au village même du Cer- neux. “Ces domaines sont de plus en plus divisés au fil des géné- rations. Les héritiers finissent par vendre leurs parcelles aux fermiers en place.” F.C.

concerne les six fromageries de la vallée de la Brévine qui envi- sagent d’investir dans la construction d’une vaste cave d’affinage. “Construite à proxi- mité du lac des Taillères, cette cave collective sera enterrée. Avec une capacité de stockage de 30 000 pièces, elle est conçue pour abriter la production des six fro- mageries qui transforment annuellement 13 millions de litres de lait. Pour l’instant, on n’en est encore qu’au stade de motivent une telle opération dont le montant est évalué à près de 8 millions de francs suisses. Les ateliers existants disposent de capacités de stoc- kage relativement limitées. Plu- tôt que d’investir dans des exten- sions séparées, les sociétés pro- priétaires des murs en accord avec les fromagers acheteurs de lait ont opté pour un seul et même bâtiment neuf. “Il nous permettra de maîtriser le pro- cessus d’affinage jusqu’à son ter- me et de justifier l’acquisition d’un robot de traite.” Cet outil d’envergure s’inscrit dans la perspective d’obtenir l’appellation A.O.C. gruyère Vallée de la Bré- vine. La vie au Cerneux ne se réduit aux potentialités du terroir agri- cole. Équivalent d’un comité des fêtes, l’association de dévelop- pement de Cerneux-Péquignot ou A.D.C.P. organise plusieurs fêtes annuelles. Le tissu asso- ciatif comprend des sociétés de tir, de gymnastique, de Sama- ritains, une chorale et même un ciné-club. Baptisée CinéVal- lée, cette structure propose une projection mensuelle à la popu- lation. Comme d’autres petites com- munes isolées, Le Cerneux a vu disparaître en quelques années son bureau de poste et son agen- ce bancaire “On est un peu les oubliés du canton de Neuchâtel, regrette Jean-Pierre Pochon. On fonctionne de plus en plus sou- vent en collaboration avec les communes voisines que ce soit au niveau associatif, scolaire, gestion de l’eau, pompiers… ” Le Cerneux dispose d’une école com- munale où sont scolarisés une trentaine d’enfants en mater- nelle et en primaire. La com- mune tente d’encourager le l’avant-projet. On espè- re qu’il se concrétise d’ici 2010” , précise Oli- vier Baudois, le fro- mager du Cerneux. Plusieurs raisons

renouvellement de la popula- tion en développant des “zones à construire”. Deux lotissements de 8 parcelles, l’un déjà réalisé, l’autre en cours illustrent cette volonté qui se heurte au poids d’une régle- mentation particulièrement contraignante. “On peut consi- dérer que le village s’agrandit d’une construction par an.” À titre indicatif, le prix du m 2 loti avoisine 80 francs suisses. Un niveau acceptable mais vite contrarié par des règles et des coûts de construction d’une tout autre valeur. “Une villa moyen- ne atteint très facilement 500 000 à 600 000 francs suisses.” Aussi surprenant soit-il, cer- taines familles, Balanche, Mar- guet, Bruchon n’ont jamais pu se résoudre à abandonner la nationalité française. Plusieurs “Cerneux”, nom des habitants du village, votent encore à Mont- lebon. Ils se comptent désormais sur les doigts d’une main. On

Plusieurs “Cerneux”

votent encore à Montlebon.

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“On est un peu les oubliés du canton”, regrette Jean-Pierre Pochon, le président du conseil communal.

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