Journal C'est à Dire 143 - Avril 2009

L E P O R T R A I T

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Segal, l’autre goût de la peinture Être et devenir artiste-peintre dans le Haut-Doubs ne s’improvise pas. Segal, alias Dominique Creismeas, en fait l’expérience. Selon ce Breton d’origine, il existe ici un manque de créativité. Suivez le coup de pinceau… Charquemont

D ans son atelier, des pinceaux, des tableaux, des palettes.Tout ce qu’il y a de plus normal pour un peintre. À Charquemont, ominique Creismeas peint, invente, crée et transmet sa passion : la peinture. Ou plutôt l’art en général. Professeur, il avoue que les élèves transmettent parfois des choses étonnantes, des thèmes et des images qu’il n’aurait jamais imaginés. Mais ce Breton arrivé à Charquemont il y a vingt ans concède qu’il est diffi- cile de faire comprendre l’art aux per- sonnes du Haut-Doubs. “Il y a un manque de créativité chez les élèves qui restent tributaires d’une image. Ils disent je viens, c’est le bout du monde. Ici, c’est l’autre bout du monde. Il a été diffici- le d’aller vers les personnes. Mais une fois que l’on y est, c’est bon.” La preu- ve, les associations amateurs l’ont accueilli. Ainsi, du 18 au 20 septembre avec le comité des fêtes, il mettra en place la “Biennale de l’art contempo- rain”. Trois jours durant à Charque- mont, des peintres de toute la Franche- Comté, de Belgique, de Suisse… vien- dront exposer leurs œuvres. Un concours de peinture sera également organisé dans la rue. La preuve que l’art arri- ve jusqu’au plateau. Segal mettra que c’est la tradition horlogè- re, la précision, mais je ne le pense pas.” Reconnu, Segal admet qu’il n’a pas toujours été facile de s’acclimater, de s’intégrer. “Le Finistère, d’où

d’ailleurs un de ses tableaux en lot de tombola. Autre rendez-vous : du 25 avril au 3 mai, date à laquelle il orga- nise de stages pour initier les jeunes à Trévillers (de 14 heures à 18 heures à la salle polyvalente). Peu présent dans les galeries, l’artiste de Charquemont se définit comme un “figuratiste” qui peint “trop lentement pour entrer dans les galeries.” Ancien matelot, il a navigué sur toutes les mers du monde, de la Chine à la Nouvelle- Zélande. Aujourd’hui, il vogue sur d’autres mers, pas toujours si calmes que l’on peut le penser : “La crise, même nous, les artistes, nous la ressentons. Certains élèves ne viennent plus aux Le vent l’a donc poussé à Charque- mont. Pas de regrets, juste un manque : “Celui de ne plus voir la mer.” Une sour- ce d’inspiration en moins ? Pas forcé- ment car Dominique a trouvé d’autres sujets : les paysages, l’abstrait et les nus. Encore une fois, difficile de trou- ver quelqu’un qui accepte de se dévê- tir devant les yeux de l’artiste. Pour réaliser ce genre de tableau, il a dû fai- re appel à un modèle venu de Mont- béliard. Segal, peintre et formateur, n’oublie pas de dire les choses à ses élèves lors- qu’il le faut. “Des personnes viennent cours.” Et pourquoi avoir choi- si ce pseudo ? “Avec mon nom, je me suis dit que personne n’allait pouvoir le prononcer. J’ai choisi Segal, que j’ai trou- vé dans un calendrier breton.”

Pas de regrets, juste un manque : la mer.

Segal, alias Dominique Creismas, a appris les rudiments de la peinture à de nombreuses personnes du Haut-Doubs.

ce soit le bois et parfois des clave- cins, admet qu’il est plus stressant de peindre sur un clavecin. La diffi- culté de peindre sur de l’épicéa se mêle à la volonté du client. “Dans ce genre de réalisation, je m’octroie moins de libertés.”

La peinture est-elle une valeur refuge en cette période dite de crise ? “Peut- être” , admet Dominique dont le prix de ses tableaux peut varier de 150 à 2 500 euros. L’art n’a pas de prix. Surtout lorsqu’il est bien pensé. E.Ch.

peindre seulement pour le plaisir. Je le respecte. On ressent que la région est très famille car les élèves font des tableaux pour le papa, leur maman… Lorsque c’est épuisé, ils passent aux tontons, aux tatas (rires).” Lui qui tra- vaille sur de nombreux supports, que

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