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CITY BREAK LES SABLES D’OLONNE

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du xv e siècle. « Mais là-bas vivaient les bourgeois, alors qu’ici c’étaient les labo- rieux. » L’antagonisme ne fera que croître. Lors des guerres de Religion, La Chaume est protestant, Les Sables est catholique. Deux communes dis- tinctes coexistent jusqu’en 1754, année où elles ne forment plus qu’une seule entité. « Mais il existe encore une mairie-annexe! », sourit Hervé Retu- reau. Et même une Association de la commune libre de La Chaume… La morue périclitant, la sardine prend le relais. Cette période hante la mémoire d’Hervé Retureau qui l’a vécue. « Il y a plus de trente ans, les marins déchar- geaient encore leur cargaison ici. Elle prenait le chemin des conserveries du quartier et les pêcheurs faisaient les comptes dans les bars. » Il y a eu jusqu’à

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Hervé Retureau revient souvent dans le quartier qui l’a vu grandir. Ci-dessus, place Sainte-Anne, devant la fresque en trompe-l’œil (120 m 2 ) qui raconte un temps révolu.

« Chacun avait un surnom. Mon propre grand-père s’appelait la Rotule. Moi, gamin, c’était Ouiouite. »

douze conserveries… L’historien nous mène place Saint-Anne, où une fresque représente une scène villageoise: « La buvette évoque le café Chez Marie-Ange, où officiait une serveuse gouailleuse, appelée La Crabotte. Elle est toujours en vie. Et les autres personnages peints sont des marins qui ont vraiment existé. Ce café était une cellule sociale où l’on pouvait croiser les garçonnes, qui ramen- daient les filets. » Hervé Retureau se

Tuul et Bruno Morandi / Détours en France x 4

« SANG CHAUD, TÊTE DURE » La rudesse de la vie n’empêchait pas la légèreté. « Chacun avait un surnom. Mon grand-père s’appelait la Rotule. Moi, gamin, c’était Ouiouite. » Ce papy disparu, il se souvient qu’il allait le voir à la balustrade, depuis les quais du chenal. « Il pêchait l’anguille dans un canot. De la main, il me faisait comprendre com- bien il en avait et quelle était leur taille. » Chaque usine avait sa propre sirène pour appeler ses ouvriers au travail. « Il y avait encore des charpentiers de marine. Tout le quartier vivait au rythme de la pêche. » Un événement a marqué l’enfance d’Hervé Retureau: la des- truction, en 1978, du pont qui reliait La Chaume au port, C’était le lien vers la ville et la gare, d’où étaient expédiées les conserves de sardines. « Il y a eu un tollé. Les Chaumois ont le sang chaud et la tête dure, comme le rocher originel. Ici, on dit que la tête des gens d’en face n’est faite que de sable », moque-t-il gentiment.

rappelle aussi les dames âgées en noir, assises devant leur porte : les veuves de marins. Le quartier a payé un lourd tribut à l’Océan, comme en témoigne une stèle près du prieuré Saint-Nicolas. Elle porte les noms des marins noyés, dont les corps n’ont pas été retrouvés.

Palmiers, terrasses et touristes en vadrouille. En période estivale, le secteur piétonnier n’échappe pas à l’ambiance « carte postale ».

206 / Mars 2018 / www.detoursenfrance.fr

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