La Presse Bisontine 76 - Avril 2007

BESANÇON

La Presse Bisontine n°76 - Avril 2007

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ARGENT

Économie parallèle La fièvre du jeu dans la ville

Sur Internet, les sites hébergés à l’étranger font beaucoup d’adeptes et d’argent. À tel point que le site Bwin sponsori- se même le Milan A.C.

Depuis quelques mois déjà, une sorte de folie s’est emparée de la ville. Le responsable porte un nom : le Texas Hold’em. Cette variante du poker enthousiasme tous les publics et commence déjà à brasser pas mal d’argent.

jeux d’argents autorisés sont ceux de la Française des Jeux, ou ceux acceptés dans les casinos. Mais on compte tout de même, dans la ville, une dizaine de lieux où ce jeu se pratique. “Disons qu’il exis- te une certaine forme de toléran- ce, lorsqu’il n’y a pas d’exposition d’argent. C’est une question d’in- terprétation. Tant que lesmises ne sont que des jetons… s’amuseÉric. Les gens se retrouvent là-bas, ils se connaissent, font une petite par- tie entre amis, pour s’amuser. Les sommes misées ne sont d’ailleurs pas extraordinaires. L’enjeu de départ se situe entre 5 et 10 euros.” Il existe pourtant un endroit où des milliers de joueurs se retrou- vent et où les sommes sont beau- coup plus importantes : le Net.

“Sur Internet, c’est pratique, ça va vite, on est chez soi, on joue com- me on veut, quand on veut et les sommes qu’on veut.” Et question légalité, ces sites de jeu sont héber- gés par des pays étrangers, bras- sant énormément d’argent. Selon Patrick, “lorsque je gagne 2 000 euros, le site, lui, récupère un peu plus de 4 000 euros pour lui.” Et qu’il s’agisse de salles de bar ou de salles virtuelles, une chose est sûre, l’État ne touche pas un sou sur les sommes gagnées. Une situation, qui d’après Éric, risque fort de changer. “Je spécule peut- être, mais je pense que d’ici peu, l’État trouvera un moyen de tou- cher ses petits 15 ou 20 %.” Car finalement, les seuls endroits

où le TexasHold’empourrait être pratiqué avec la bénédiction de l’État, n’ont pas encore l’autori- sationdemettre enplacedes tables de jeu. “Le principe reste que tous les jeux qui ne sont pas autorisés sont interdits explique Christian Godet, directeur du Casino Bar- rière. Il faut donc un décret pour que le Texas Hold’em soit mis en place.” Et pour l’instant, person- ne ne sait quand cette fameuse autorisation tombera. Pour l’ins- tant, seuls quelques grands casi-

nos de France sont en train de le tester. “En tout cas, ils font des pieds et desmains pour l’avoir pré- cise Éric. Car c’est cela qui les fera rebondir.” Il poursuit : “De toute manière, pour l’instant, nous ne sommes qu’aux prémices duTexas Hold’em. Les enjeux vont monter petit à petit. Et ce phénomène va entraîner des drames, car pour quelques gagnants, il y a beau- coup de perdants.” J.C.

L es gens du milieu sont unanimes. LeTexasHol- d’em, une variante du poker classique, est deve- nu LE jeu à la mode. “Tout lemonde y joue, c’est la fièvre actuelle” explique Patrick, joueur professionnel (voir portrait ci-des- sous). Et cet engouement s’explique par plusieurs facteurs. “D’abord, ce style de poker est ouvert à tous, alors que la version classique est difficilement accessible raconte Éric, connaisseur du milieu (N.D.L.R. : dans un souci d’ano- nymat, le prénom a été modifié). Et puis c’est convivial.” Ceci étant dit, des jeux attrayants et faciles à apprendre, il en exis- te bien d’autres. Éric précise : “Le facteur le plus important reste bien sûr la médiatisation. Ce qui a eu comme effet de changer les men- talités. Avant, quand on se pré- tendait joueur, on était catalogué comme voleur ou comme truand. Aujourd’hui, jouern’est plus tabou.”

“Il y a même un petit côté snob à dire que l’on joue au Texas Hol- d’em” renchérit Patrick. “Quand on voit quelqu’un comme Patrick Bruel, qui a tout demême une cer- taine image, clamer haut et fort qu’il joue et qu’il y prend du plai- sir, forcément, cela donne bonne conscience et cela donne envie” ajoute Éric. Car entre les D.V.D. de l’acteur- chanteur, la diffusion de tournois sur de grandes chaînes comme Canal Plus ou Paris Première, la promotion du Texas Hold’em demeure assuré pour un bon petit bout de temps. Résultat, tout le monde s’y met. “Il n’y a aucune tranche d’âge, ni aucune classe sociale en particu- lier qui est concernée. La plupart ont un autremétier et jouent pour le plaisir. Cela devient réellement universel” souligne Éric. Une question toutefois se pose. Où jouent-ils donc tous ? Pour répondre, il faut avant tout savoir, que très officiellement, les seuls

PORTRAIT

Joueur professionnel

Métier : joueur de Texas Hold’em À 42 ans, Patrick a laissé tomber temporairement son métier de fonctionnaire pour se consacrer à un autre travail : le Texas Hold’em. Un jeu de cartes lui permettant de bien gagner sa vie, à condition toutefois d’avoir une attitude de professionnel.

J oueur professionnel. À ce drô- le de métier, l’imagination associe vite l’image d’un hom- me seul, dévoré par la pas- sion du gain. Un profil à l’op- posé de celui de Patrick, un Bisontin de 44 ans (N.D.L.R. : afin de préser- ver l’anonymat, ce prénom a été volon- tairement modifié). “Cela fait deux ans que je joue réelle- ment comme professionnel raconte Patrick. Mais j’ai commencé il y a déjà 25 ans.” Aficionado du Texas Hold’em, une variante du Poker, l’homme est à l’origine fonctionnaire de l’Éducation Nationale. “J’étais instituteur. Et puis il y a quelque temps, j’ai ressenti une certaine lassi- tude. Alors je me suis mis en disponi- bilité.” Et depuis, Patrick joue. “En fait, je suis tombé dans le jeu très vite. J’ai appris la bataille à 2 ans, et la belote à 4.” Il rit. “J’exagère un peu. Mais il y a de cela tout de même.” Il ajoute : “Le truc, c’est que je me suis aperçu que j’avais certaines disposi- tions pour le Texas Hold’em.” Alors les journées et les soirées du joueur se déroulent souvent sur son écran d’ordinateur. Car Patrick ne brasse ni jetons ni véritables cartes. Il joue en ligne. “Il m’arrive de jouer sur quatre tables virtuelles en même temps. C’est incroyable le potentiel de gain à ce jeu-là. Aujourd’hui, je gagne mieux ma vie. Entre 2 000 et 3 000 euros par mois… Nets d’impôts.”

Très vite, Patrick s’explique : “Bien sûr, sur 12 mois, il y’en a peut-être 2 où je suis perdant. C’est normal. Au Texas Hold’em, pour un très bon joueur, il y a peut-être 80% de science et 20% de chance. En tout cas, on ne peut pas toujours tout maîtriser. Le truc est donc d’éviter les bons joueurs. Car sur les sites, il y a environ 90% de perdants et seulement 10% de gagnants.” Et pour faire partie de cette catégorie très enviable, il faut tout de même quelques qualités. “Lorsque l’on veut être professionnel, il faut absolument ôter la notion de plaisir souligne Patrick. Et c’est cela qui est dur. Un joueur pro- fessionnel est obligatoirement un anti- flambeur. Car cela nécessite de la rigueur et de la discipline. Et puis éga- lement de la patience, de l’intuition, des nerfs, un solide sens du jeu et sur- tout beaucoup d’humilité. Car dès qu’on commence à fanfaronner, le jeu se char- ge de vous rappeler à l’ordre.” Malgré cela, Patrick reste conscient de la particularité de son travail. “À la case “métier du père”, ma fille conti- nue d’inscrire régulièrement “institu- teur” sur ses fiches de rentrées évoque- t-il dans un sourire. Je sais que ce n’est pas un travail sous-entendu honorable. Mais je garde une vie de famille. Beau- coup de joueurs professionnels sont en couple, avec des enfants. À l’exception peut-être des meilleurs. Et puis, petit à petit, ce jeu se démocratise.” J.C.

CHAMPIONNAT DE FRANCE

NATIONALE 1 MASCULIN

GYMNASE DES MONTBOUCONS

ESBM - MONTPELIER Dimanche 25 mars 2007 à 16h aux PALAIS des SPORTS

Avec le soutien de :

ESBM - ST GRATIEN Samedi 14 Avril à 20h15 aux Gymnase des Montboucons

À 44 ans, Patrick est joueur pro- fessionnel. Un métier pas toujours bien compris qui l’oblige à garder l’anonymat.

ESBM - BOURGOIN JAILLEU Samedi 28 Avril à 20h15 aux Gymnase des Montboucons

Avec le soutien de :

YOUNG’SCUP les 13,14 et 15 Avril 2007

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