La Presse Bisontine 55 - Mai 2005

L’ INTERVI EW DU MOIS

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Éditorial

M USIQUE

En tournée en France

En tournée dans toute la France depuis le 2 mars avec son der- nier album “Un homme sans racine”, Gérald de Palmas était à Besançon le 29 mars pour un concert à Micropolis. Chanteur et père de famille comblé, il envisage sa carrière avec philosophie. Gérald de Palmas : “J’ai toujours eu cette certitude que je serai chanteur”

Aigreur Voilà que l’heure du bilan a déjà son- né pour Jean-François Humbert, l’an- cien président du Conseil régional de Franche-Comté. Le sénateur du Doubs a convoqué la presse le 8 avril der- nier, un an après la victoire de la gauche aux élections régionales et l’acces- sion de Raymond Forni au siège que M. Humbert a occupé durant six années. Tirer le bilan d’une action à mi-mandat peut se concevoir. Après un an seulement pourrait presque pas- ser comme un acte de mauvaise foi, une sorte d’envie soudaine de reve- nir sur le devant de la scène , comme si l’année passée dans l’opposition était perçue par lui comme un purga- toire médiatique. “Un an déjà, cinq ans encore” a-t-il soupiré dans son préambule. Le ton était donné : plus que de critiquer point par point les actions menées par son successeur à la tête de la Région, voire de pro- poser une alternative de l’opposition, il a procédé par petites piques gon- flées de rancœur : on a entendu à nou- veau parler des dépenses somptuaires engagées par M. Forni pour “moder- niser les salons du Conseil régional” , ou encore de ces 16 000 euros dépen- sés dans des cartes de vœu en début d’année. Même si ces critiques de la méthode Forni paraissent recevables, il y avait sans doute matière à insis- ter sur la façon dont la politique éco- nomique régionale est menée, sur la manière dont la Région procède pour attirer les entreprises, en insistant par exemple sur l’Alsace et son taux de taxe professionnelle 60% inférieur à celui pratiqué en Franche-Comté, sur la timidité de Raymond Forni concer- nant son plan de création d’emplois et le bien-fondé de cette future agen- ce régionale de développement éco- nomique - une agence de plus…, sur la cohérence de sa politique en matiè- re d’aide à l’initiative privée, sur le manque d’audace en matière d’amé- nagement du territoire, etc. Mais dans ce bilan, la forme a trop pris le des- sus sur le fond des dossiers. Amer, désabusé voire jaloux que la gauche dispose d’une si large majorité que lui en son temps n’avait pas ? Jean-Fran- çois Humbert assure que non. Pour- tant, c’est vraiment l’impression qu’il a laissée. Dommage, car on sait que l’ancien président de Région sait être beaucoup plus constructif. ! Jean-François Hauser

L a Presse Bisontine : Votre dernier album sorti en octobre s’est déjà vendu à plus de 300 000 exem- plaires. Comment appréhendez- vous le succès ? Gérald de Palmas : Malheureu- sement, on s’y habitue très vite, trop facilement même. Ça devient une habitude, on trouve normal que tout aille bien, que le succès soit au rendez-vous. Alors que c’est tout sauf normal. Je ne me pose pas la question du suc- cès, mais je devrais. Il faut de temps en temps prendre L.P.B. : “Un homme sans racine”, c’est le titre de votre dernier album. Est-ce comme cela que vous vous définissez ? G.D.P. : Une partie de moi est déracinée, c’est certain. Je suis né à la Réunion, j’y ai grandi, ai passé toute mon enfance là-bas. Mais c’est loin, je n’y retourne que rarement et à cause de mon travail, je ne peux pas y vivre. Plus le temps passe et plus j’ai cet- te impression de perdre pied, parce que je perds mes sou- venirs d’enfance qui s’effa- cent avec les années. Je n’ai pas encore trouvé un endroit du recul pour vivre avec lucidité. Je n’ai pas peur non plus que tout s’ar- rête.

d’autre, la relation est parti- culière, cela dépend des per- sonnes. Je crois que c’est avec Johnny que le courant est passé le mieux. En fait, je compose rarement pour d’autres. Ce n’est pas une envie que j’ai particulière- ment, je préfère écrire pour moi. Mais on est venume voir, on me l’a proposé, c’était des gens prestigieux comme Céli- ne Dion, donc j’ai accepté. J’étais très fier. Mais je ne me considère pas comme un spécialiste de la discipline, je compose comme si c’était pour moi et ensuite seulement je fais quelques aménagements, en respectant le style du chan- teur. L.P.B. : Vous êtes actuellement en tournée dans toute la France. Est- ce que c’est la scène, le contact avec le public que vous préférez ? G.D.P. : Non, je ne crois pas que je préfère la scène, enco- re une fois, c’est le mélange du studio et de la scène qui m’intéresse. J’adore ça, mais j’adore aussi le studio, faire des arrangements avec mes musiciens. Mais je ne sais pas faire tout enmême temps, je ne me concentre que sur une chose à la fois. En ce moment, tout mon esprit est sur scène. Je ne pense qu’à cela, m’amuser avec mes potes devant le public. Le stress, je l’ai bien sûr, mais c’est plu-

où je puisse dire que je suis chez moi, m’y installer. Je change de lieu souvent. L.P.B. : Quand avez-vous décidé de devenir chanteur ? G.D.P. : C’est assez difficile de le dire, parce que j’ai l’im- pression que, gamin ou ado- lescent, j’ai toujours été per- suadé que je ferais ce métier. Déjà à 13 ou 14 ans, c’était une évidence. J’avais conscien- ce que ce ne serait pas gagné, mais j’étais sûr d’y arriver. Bien sûr j’ai eu des doutes, ça n’a pas toujours été rose.

Mais au plus pro- fond de moi, je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours eu cet- te certitude : “Je serai chanteur.” L.P.B. : Vous rencon- trez également du suc-

“Je suis devenu plus

fort, plus confiant.”

cès en tant que compositeur, vous avez notamment collaboré avec Johnny Hallyday pour qui vous avez écrit la chanson “Marie” sur son dernier album. Que préférez- vous, chanter ou composer? G.D.P. : C’est composer qui res- te le sentiment le plus fort. Mais en même temps, ce que j’aime dans ce métier, c’est le nombre de casquettes que je peux porter. Un jour en stu- dio, un autre sur scène, écri- re, interpréter, c’est la diver- sité que j’aime. Quand on crée une musique pour quelqu’un

“Lorsque tu es détendu sur scène, que tu t’amuses avec tes musiciens, les gens le sentent. Et tu arrives à le partager avec le public.” (photo D.E.R.)

Avec la tournée, je suis éloi- gné d’eux. Alors dès que je peux, je les rejoins, mais c’est dur pour eux et pour moi. J’étais tous les jours à la mai- son, et maintenant, je ne suis plus là qu’une fois par semai- ne. C’est la violence du chan- gement qui est difficile à sup- porter. L.P.B. : Quelle musique aimez-vous écouter en ce moment ? G.D.P. : Je n’en écoute pas beau- coup, parce qu’on en fait déjà pas mal tous les jours sur scè- ne ! Il faut se reposer un peu les oreilles. Ça peut peut-être paraître un peu vieillot mais j’écoute surtout des vieux trucs comme Robert Palmer, mon préféré, Cat Stevens, Steevie Wonder, les grands classiques quoi… En chan- son française, récemment, (il cherche un moment) j’ai bien aimé ce que fait Corneille. L.P.B. : Comment se sent-on au moment d’entrer en scène ? G.D.P. : Avant d’entrer en scè- ne, pas trop mal. La pression n’est pas encore là, c’est jus- te un quart d’heure avant qu’elle arrive. Quand onmon- te sur scène, on ne pense pas à grand-chose. Il y a beau- coup de flash, ça se bouscu- le un peu. Il y a une montée d’adrénaline et puis très vite, on se lâche et on se laisse por- ter. !

tôt la peur de décevoir, de ne pas être assez détendu et de ne pas arriver justement à m’amuser. Lorsque tu es détendu sur scène, que tu t’amuses avec tes musiciens, les gens dans la salle le sen- tent. Et tu arrives à le par- tager avec le public. L.P.B. : Votre carrière n’a pas tou- jours été aussi facile. Deux ans après avoir été consacré “meilleur espoir masculin” aux Victoires de la musique en 1995, votre album “les lois de la nature” n’a pas mar- ché. Est-ce que cela a changé votre façon d’aborder ce métier ? G.D.P. : Ça fait une expérien- ce de plus. Et je pense que c’est indispensable pour pou- voir continuer sereinement, pour évoluer dans ma car- rière. C’est sûr, cela n’a pas été facile à vivre sur le moment. Mais il faut passer par là une fois, pour voir que tu peux franchir le précipice et t’en sortir. C’est la pre- mière fois que c’est dur, après ça va, parce que tu sais que c’est faisable. Je pense que je suis devenu plus fort, plus confiant depuis. L.P.B. : C’est pour cela que vous travaillez beaucoup, que vous enchaînez les concerts ? G.D.P. : Vous trouvez que je travaille beaucoup ? En fait, pendant un an, je n’ai pas foutu grand-chose. J’étais à la maison, je m’occupais de ma famille. J’ai une femme et deux enfants, j’essaye de profiter d’eux au maximum.

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Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Avril 2005 Commission paritaire : 1102I80130

Propos recueillis par S.D.

De l’humour et un brin d’autodérision. Sur scène, De Palmas sait charmer son public. Et ça marche. À Besançon, il s’est produit devant une salle comble (photo D.E.R.).

Crédits photos : La Presse Bisontine, Chapeau de paille, D.E.R., ville de Besançon.

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