Journal C'est à dire 205 - Décembre 2014

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Santé Allergies : le remède est dans la ferme

Les premiers résultats de l’étude européenne “Pasture” menée depuis douze ans auprès de 1 000 enfants dont 200 petits Francs-Comtois confir- ment que la consommation de lait cru et le voisinage d’animaux de ferme réduisent les risques allergiques.

magne, Autriche, Finlande, Suis- se et France. La moitié sont nés et vivent dans une ferme, les autres sont dans les mêmes vil- lages mais sans lien avec l’ambiance agricole. La Franche- Comté et ses verts pâturages avaient été retenus pour repré- senter la France. Les chercheurs ont bénéficié du soutien actif de la M.S.A. sur ce projet ambi- tieux et assez contraignant pour les familles. “Cette étude a sui- vi les enfants avant leur nais- sance. On a fait beaucoup de prélèvements de sang, d’environnement de logement, d’étable. À cela s’ajoute une mul- titude de questionnaires dans le but au final de trouver une explication immunologique à cet effet protecteur.” Les résultats confirment les

bienfaits de la vie à la ferme et du lait cru dans la prévention des allergies. D’autres effets sont mis en évidence. La consommation de lait cru par la maman au stade de la gros- sesse conforte la protection de l’enfant. Plus il est au contact avec des animaux différents, mieux il résiste. Ce n’est pas

biberon oui, mais aussi du mont d’or, du morbier, du bleu de Gex. Restons comtois. Dominique-Angèle Vuitton s’étonne encore de l’implication des Comtois. Douze ans après le lancement du programme, il reste encore 170 familles qui jouent le jeu. Que faut-il rete- nir au final ? C’est plus la diver-

A u-delà du joli coup de pub, cette étude Pas- ture (qui signifie Pro- tection against allergy : study in rural environments) confortera aussi les producteurs de fromages au lait cru du sen- timent d’être assez utiles à la société. De là à dire qu’ils vont contribuer à boucher le trou de la Sécu,on endoute quand on connaît la puissance du lobbying agro-ali- mentaire qui n’en finit plus de nous vendre les bienfaits d’une

nourriture aussi standardisée qu’insipide. Pendant longtemps, on expli- quait la croissance des patho- logies allergiques par la pollu- tion urbaine. “Fin des années quatre-vingt-dix, des études menées en Suisse et enAllemagne ont démontré que ce n’était pas la pollution des villes qui était la cause des allergies mais davantage l’absence de facteurs protecteurs qu’on retrouvait dans les fermes. Les facteurs en ques-

tion étaient déjà bien identifiés. Il s’agit de la consommation de lait cru et du contact avec les animaux de la ferme. Mais beau- coup de scientifiques n’y croyaient pas. D’où la mise en place du programme Pasture au début des années 2000” , indique Domi- nique-Angèle Vuitton. Cette immunologiste à l’Université de Franche-Com- té intervient dans le cadre de ce programme qui suit 1 000 enfants dans cinq pays : Alle-

tant la quantité mais la diversité des microbes qui édu- quent le système immunitaire. “Dans le même ordre d’idée,

sité qu’un élément par- ticulier qui permet de se prémunir des aller- gies. On a pu isoler chaque facteur de risque mais il est cer-

La consommation de lait cru.

tain que tout cela se combine. Les résultats valorisent un sty- le de vie un peu moins asepti- sé dans les pratiques alimen- taires. La promesse de faire for- tune pour celui qui mettra au point le comprimé de ferme.

l’étude démontre l’intérêt de diversifier aussi l’alimentation au cours des 12 premiers mois. Les enfants qui ont consommé différents fromages au lait cru plutôt qu’un seul sont aussi mieux protégés.” Du comté au

Urbanisation

Tenter d’enrayer l’étalement urbain Le 5 novembre, lors d’un colloque sur la politique foncière, l’État et le Conseil régional ont acté le prin- cipe de la création d’un observatoire du foncier, une ressource à préserver.

et sont donc soumises au régi- me du Règlement national d’urbanisme. L’absence d’un cadre précis favorise une urba- nisation mal contrôlée. Le diagnostic de la situation posé, les intervenants du col- loque ont envisagé la création d’un outil pour mesurer l’étalement urbain. Il s’agit d’un observatoire régional du fon- cier qui compléterait le cadre réglementaire qui existe déjà, d’avoir une meilleure connais- sance du foncier et de mieux maîtriser le développement du territoire. Pour cela, il faudra mettre en commun les infor- mations de tous les acteurs en lien avec la gestion du foncier pour connaître avec précision la consommation de foncier, le foncier disponible, son coût, les espaces protégés” indiquent les services de la Région. Le 5 novembre, le préfet Stéphane Fratacci a acté le principe de la création de l’observatoire du foncier de Franche-Comté, un chantier qui sera engagé dans les tout prochains mois. et qui s’est renforcé ces dernières années (Loi Solidarité Renouvelle- ment Urbain (S.R.U.), Grenelle I et II, loi Alur). “L’objectif est de votre commune S ur son site Internet, la D.R.E.A.L. de Franche-Com- té a développé un outil péda- gogique qui permet à chacun de voir comment a évolué lʼurbanisation dans sa commune. Les cartes sont interactives. Les bâtiments sont colorés en fonc- tion de leur année de construc- tion (situation du bâti par tranche de 10 ans depuis 1900) sur tou- te la région. Il est même possible dʼéditer les cartes. Visualisez le développement

E n trente ans, en Fran- ce, 2 millions d’hectares de terres agricoles ont été perdus, soit l’équivalent de la Picardie. Chaque année dans le Doubs, ce sont entre 500 et 600 hectares de terres agricoles qui disparaissent au profit de l’étalement urbain. “L’augmentation des terres arti- ficialisées durant ces trente der- nières années (65%) n’est pas justifiée par la hausse de la population (17%)” analysent les services de l’État. En résumé, la consommation de foncier est

disproportionnée par rapport à nos besoins. C’est le cas aussi en Franche-Comté où entre 2000 et 2006 elle progresse plus vite que le nombre d’habitants. Dans notre région, le tissu

urbain (bâtiments et voirie) représente même 83% de l’espace artificialisé contre 76% en France métropoli- taine.

Avoir une meilleure connaissance du foncier.

La proche couronne de Besan- çon et le Haut-Doubs en par- ticulier sont symptomatiques de cette évolution. Dans ces sec- teurs, la multiplication des lotis- sements dédiés majoritairement à la maison individuelle engendre l’étalement urbain. Le paradoxe est que la vacan- ce des logements dans les centres-bourgs a elle aussi ten- dance à progresser. Face à cet- te situation, la Direction régio- nale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Franche-Comté (D.R.E.A.L.) a décidé de réagir en partena- riat avec le Conseil régional. Le 5 novembre, la question de la politique foncière en Franche- Comté a fait l’objet d’un col- loque organisé à la Chambre de commerce et de l’industrie du Doubs auquel participaient des maires. “Ils sont en première ligne des problématiques fon- cières. Lorsqu’un particulier veut construire, il va voir le maire. Or ces élus ne sont pas des archi- tectes, ni des urbanistes” remarque Stéphane Faucogney du C.E.S.E.R. (Conseil écono- mique, social et environne- mental régionale). Or, toutes les communes ne disposent pas encore der tous les outils néces- saires à la maîtrise de leur déve- loppement. En Franche-Com- té, 40% d’entre elles n’ont pas encore de document d’urbanisme (P.L.U. ou SCoT)

En vivant au contact des animaux de la ferme, les enfants d’agriculteurs sont moins sujets aux allergies.

http://www.franche-comte.developpement- durable.gouv.fr

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