Journal C'est à dire 205 - Décembre 2014

P O L I T I Q U E

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Réforme “Cette fusion des régions

n’est pas une vague idée d’utopiste” L’ancien conseiller régional Jean-Claude Duverget a co-piloté le Comité des sages mis en place par Marie-Guite Dufay pour réfléchir à la fusion de la Bourgogne et de la Franche-Comté. L’ancien élu U.M.P. sort de sa réserve et livre son point de vue sur l’union prochaine de ces deux territoires.

C’ est à dire : Vous êtes à l’U.M.P. Pourquoi avoir accepté de co- piloter le Comité des sages mis en place par Marie-Guite Dufay pour réfléchir au pro- jet de fusion des régions Bour- gogne-Franche-Comté ? Jean-Claude Duverget : Si j’ai accepté de co-piloter ce comité en tant que membre de l’U.M.P., c’est parce que j’ai senti que nous n’étions pas dans un raisonne- ment traditionnel de clivage. Chacun d’entre nous avait une expertise que nous avons mise volontiers au service de cette réflexion de fusion. Dans ce grou- pe, il y avait des tendances diverses. Certains n’étaient pas favorables à la fusion, d’autres préféraient le rapprochement avec l’Alsace, et d’autres enco- re avec la Bourgogne. Nous étions tous des gens libres, il n’y avait d’enjeu pour aucun des 18 membres du conseil qui ont tra- vaillé sur ce projet ces derniers mois. Nous avons eu du mal à nous quitter. Càd : Vous avez participé aux quatre réunions publiques en Franche-Comté qui avaient pour thème la fusion.

N’avez-vous pas eu le senti- ment que ce sujet paraissait aussi confus qu’injustifié pour beaucoup de personnes ? J.-C.D. : Il y a, c’est vrai, un manque de clarté dans l’esprit du public pour savoir qui fait quoi entre la Région, le Dépar- tement et la Ville. J’observe une méconnaissance des compétences de chacune de ces collectivités et de l’histoire de nos territoires. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de préciser lors des réunions publiques dans lesquelles je suis intervenu, que l’idée d’un regrou- pement de la Bourgogne et de la Franche-Comté est très ancienne. Cela fait 160 ans qu’on

Comté, c’est une surprise car ce territoire, contrairement aux autres, compte moins d’1 million d’habitants. Sans la volonté de cet homme politique, il n’y aurait peut-être jamais eu de région Franche-Comté séparée de la Bourgogne. Càd : Une des questions récurrentes à laquelle les élus régionaux n’apportent pas de réponse est de savoir si la fusion va générer des écono- mies. Qu’en dit le Conseil des sages ? J.-C.D. : Ce que nous pensons, c’est que les économies ne sont pas inenvisageables. Il y a des

Il ne fait aucun doute pour Jean-Claude Duverget que la Bourgogne et la Franche-Comté ont intérêt à fusionner et réparer peut-être ainsi une sorte d’anomalie de l’histoire.

des doublons existent. Ce qui importe, c’est de mettre en pla- ce sur ce nouveau territoire un dispositif capable d’apporter une réponse rapide aux entreprises afin de favoriser l’implantation de sociétés et le développement industriel. Càd : Qui de Dijon ou de Besançon sera la future capi- tale régionale. Au regard du rapport de force entre les deux villes, il ne fait aucun doute pour beaucoup de mon- de que ce sera Dijon. Qu’en pensez-vous ? J.-C.D. : Il faut résoudre en effet ce problème de la capitale régio- nale. Les Bisontins ne peuvent pas accepter que Dijon soit la

seule capitale affichée. Mais Dijon seule n’a pas suffisam- ment de poids pour peser face à Lyon et Strasbourg. Par consé- quent, Dijon et Besançon peu- vent être gagnantes si ces deux agglomérations se répartissent les tâches de commandement, les tâches politiques et admi- nistratives de Bourgogne- Franche-Comté. Cela signifie au préalable que les présidents des deux régions se mettent autour d’une table avec les maires des deux villes et les préfets, pour analyser lucidement la réparti- tion, sur le terrain, des pouvoirs politiques des régions, des pou- voirs décentralisés de l’État. La répartition des pouvoirs nous permettra de partir d’un bon

pied dans cette fusion.

Càd : Quelle tournure vont prendre les relations tissées entre la Franche-Comté et la Suisse dans le cadre de la fusion ? J.-C.D. : La Suisse est une chan- ce offerte à la Bourgogne. L’idée commence à mûrir. La Franche- Comté a beaucoup d’avance dans la coopération transfrontalière. Cette frontière politique est en train d’être supplantée par les territoires de projets communs. Grâce à cette fusion, je pense que l’on peut entrer dans une nouvelle époque en ce qui concer- ne les relations transfronta- lières. Propos recueillis par T.C.

en parle ! Ce n’est donc pas une découverte. Tous ceux qui depuis, en France, ont imagi- né des regroupements ont, dans leur majo- rité, proposé la fusion

doublons entre les deux régions. Ils doivent être analysés pour être ensuite supprimés. Il n’y aura par exemple plus qu’une seule pré- fecture, qu’un Conseil

“Il y a des doublons entre les deux régions.”

de la Bourgogne et de la Franche-Comté, avec en marge, la Nièvre et le Territoire-de-Bel- fort. Je précise d’ailleurs, qu’en 1955, lorsqu’Edgar Faure (il est alors président du Conseil des ministres) qui porte l’idée régio- nale (elle va donner naissance aux 22 régions) fait la Franche-

régional, et les services du rec- torat se regrouperont. Quelle différence y a-t-il entre la ges- tion des lycées opérée par la Bourgogne ou par la Franche- Comté ? Je n’en vois aucune. C’est la même chose pour les agences de développement éco- nomique, un secteur dans lequel

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