un autre choix

Mais ce monde, il grince et il souffre – et il se resserre autour de chacun de nous, de plus en plus vite.

Ces ignorances, ces distances protectives, qui semblaient nous mettre à l’abri, nous épargner le pire, les calamités qui s’abattent au loin, là-bas, quelque part, mais pas ici – ces ignorances nous sont retirées, elles se dissolvent devant nous et autour de nous. Nous pensions, « oh, non ! pitié, quelle misère ! » et nous pensions aussi, en même temps, « cela n’est pas dans mon quartier, pas dans ma cour, pas dans ma cuisine, pas dans ma chambre », et puis, voilà : il est là, le désaxé, l’abîmé, le damné, il est là, avec ses yeux gelés de folie – où sont ces Bras qui peuvent tout apaiser, ce Sourire qui peut détendre et relâcher le filin de la rage et de la haine, fondre la chape de l’obsession, dissoudre la solitude mortelle, ces Bras qui peuvent nous ramener tous au Foyer ? Nous le savons maintenant, les violences de la Nature peuvent nous trouver n’importe où et nous pouvons faire l’expérience effrayante de son impitoyable inimitié où que nous soyons : il ne s’agit plus seulement de ceux qui parmi nous acceptent ou choisissent de vivre dans des contrées instables ou des climats extrêmes, il s’agit de nous tous.

Aucun lieu n’est abrité de sa colère.

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