un autre choix

La première et redoutable contradiction que nous rencontrons dans le corps est celle du vieillissement cellulaire : une loi rigide et absolue qui s’applique immanquablement à des niveaux de conscience auxquels nous n’avons pas encore accès, sinon par observation, hypothèse et déduction, par expérimentation instrumentale, par recoupements et, parfois, par intuition.

Le corps humain, tel qu’il est encore régi et conditionné, ne dispose que de quelques années de sa vie pour réaliser une ascension, une harmonie et un développement progressifs.

L’élan soutenu et orienté vers un perfectionnement et une intégralité de manifestation ne sont possibles que durant ces quelques années, de l’adolescence à la quarantaine environ et, déjà, dés l’entrée dans l’âge adulte, certaines capacités de renouvellement et de croissance périclitent. La joie du progrès, du dépassement, de l’exploration de nouvelles possibilités, du raffinement des facultés, de l’exactitude dans l’expression, cette joie incomparable bientôt doit se replier sur des acquis plus ou moins fiables pour les cultiver malgré les faiblesses cumulatives, ou développer d’autres options selon d’incertains compromis avec la dégénérescence. Il y a pourtant dans le corps cette aspiration commune, il y a cette reconnaissance, il y a cette confiance innée, innocente, candide et claire - ce « oui » pour le progrès de la conscience, pour la présence de la Vérité : c’est là, dans cette Présence, que le corps connait le bonheur et la sécurité. Oui, il y a pourtant dans le corps – est-ce son intimité mystérieuse avec l’être intérieur – le sens d’une autre croissance physique, corporelle, qui devrait prendre place au lieu de cette dégradation qui s’impose : une croissance profondément évidente, celle dans laquelle notre expérience de soi aspire à s’embarquer précisément lorsque ce corps hérité atteint une certaine maturité. Car c’est alors que, dans notre expérience présente de la vie et du monde et des autres et de l’histoire et de l’appréhension de l‘avenir, c’est alors que nous souhaitons avancer dans l’inconnu, avec ce que nous avons saisi et compris et assimilé, pour devenir à chaque pas une expression et une manifestation nouvelle de soi, meilleure et plus consciente et plus réceptive. C’est alors que notre corps même se sent prêt à rechercher et développer de nouvelles figures d’expression et d’action, à appliquer dans le détail la perfection et la joie qu’il pressent mieux et plus concrètement.

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