Savitri - Book Two - Canto 6

A Chance that chose a strange arithmetic But could not bind with it the forms it made, A multitude that could not guard its sum Which less than zero grew and more than one. Arriving at a large and shadowy sense That cared not to define its fleeting drift, Life laboured in a strange and mythic air Denuded of her sweet magnificent suns. In worlds imagined, never yet made true, A lingering glimmer on creation's verge, The marvels of a twilight wonderland Full of a beauty strangely, vainly made, A surge of fanciful realities, Dim tokens of a Splendour sealed above, Awoke the passion of the eyes' desire, Compelled belief on the enamoured thought And drew the heart but led it to no goal. A magic flowed as if of moving scenes That kept awhile their fugitive delicacy Of sparing lines limned by an abstract art In a rare scanted light with faint dream-brush On a silver background of incertitude. An infant glow of heavens near to morn, A fire intense conceived but never lit, Caressed the air with ardent hints of day. The perfect longing for imperfection's charm, The illumined caught by the snare of Ignorance, Ethereal creatures drawn by body's lure To that region of promise, beating invisible wings, Came hungry for the joy of finite life One strayed and dreamed and never stopped to achieve: To achieve would have destroyed that magic Space.

Un Hasard qui usait d’une étrange arithmétique Mais ne pouvait en lier les formes qu’il créait, Une multitude qui perdait bientôt sa somme Devenue moins que zéro et plus qu’un – étaient là. Atteignant une largeur de sens imprécise Qui ne se souciait pas de définir sa dérive, La vie besognait dans un air mythique insolite, Dénudée de ses astres doux et magnifiques. En des mondes imaginés, jamais rendus vrais, Telle une lueur s’attardant au bord du créé, L’on errait et rêvait sans jamais accomplir : Accomplir aurait détruit cet Espace magique. Les merveilles d’un pays crépusculaire Plein d’une beauté curieusement formée, Une houle de réalités fantasques, marques Obscures d’une Splendeur scellée au-dessus, Et attiraient le cœur, sans le mener nulle part. Coulait une magie comme de scènes mouvantes Qui pour un moment gardaient leur délicatesse De lignes austères qu’ombrait un art abstrait Dans une clarté rare avec un pinceau de rêve Sur un fond argenté d’incertitude. Une lueur infante des cieux, presque un matin, Un feu intense, conçu mais jamais embrasé, Caressait l’air, ardent, évoquant le jour. Le parfait désir du charme de l’imperfection, L’illuminé saisi au piège de l’Ignorance, Des créatures célestes, séduites par le corps A cette région de promesse, battant leurs ailes Venaient, affamées de la joie de la finitude, Eveillaient le désir passionné du regard, Obligeaient à croire la pensée énamourée

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