La Presse Pontissalienne 116 - Juin 2009

LE DOSSIER

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La Presse Pontissalienne n° 116 - Juin 2009

RAIL, ROUTE… PONTARLIER RISQUE LE HORS-JEU

L’annonce récente de la suppression de la ligne ferroviaire Paris-Berne, qui dessert Pontarlier, est le coup d’assommoir pour la capitale du Haut-Doubs. Déjà bien malmenée par les len- teurs des projets routiers - notamment l’amélioration de la R.N. 57 et l’hypothétique contournement de la ville -, Pontarlier accuse le coup. Juin sera un mois capital pour le désen- clavement futur du Haut-Doubs. C’est là que peut se jouer la dernière carte pour sauver le Paris-Berne. C’est aussi ce mois-ci que devrait être, enfin, dévoilé le “plan de modernisation des itinéraires” attendu depuis des années. L’avenir de Pontarlier et du Haut-Doubs se joue en partie sur ces gros dossiers d’infrastructure. Le dossier “chaud” du mois.

LIAISONS T.G.V.

Un courrier au patron de la S.N.C.F. L’union sacrée autour de la défense du Paris-Berne

L’annonce de la suppression prochaine d’une des deux relations quotidiennes Paris-Berne via Neuchâtel provoque la colère des collectivités locales et territoriales concernées. Fronde qui associe aussi les cheminots et les usagers. Tous crient au scandale et exigent le maintien de ces liaisons T.G.V.

O pérateurs privés dans une logique de rentabilité écono- mique contre défenseurs de la notion de service public. Qui sortira vainqueur de ce bras de fer ? L’issue tourne souvent à l’avantage des premiers. Et c’est bien ce que crai- gnent les seconds qui ont choisi de se mobiliser ensemble dans ce combat. “Il nous semble important de réagir collectivement face à cette suppression peut-être anodine mais qui peut mettre en péril l’avenir de la ligne Paris-Ber- ne” , explique Pascal Vuilleumier, chef de l’office des transports au canton de

Lyria a décidé de supprimer à partir du 13 décembre les T.G.V. partant

Neuchâtel. Cette ligne est soumise à rude concur- rence depuis l’ouverture de la liaison à grande vitesse entre Bâle et Paris. Lyria évoque une baisse globale du taux de fréquentation de 20 % sur la relation menacée de disparition. Cet- te baisse oscillerait même entre 28 et 32 % pour la clientèle internationale, celle qui passe la frontière dans un sens comme dans l’autre. Christian Rossi, le directeur général de Lyria, parle d’un déficit de plusieurs cen- taines de milliers d’euros. Il n’a rien divulgué de plus sur cette logique de

rentabilité commerciale aux repré- sentants de la fédération du Transju- ralpin qu’il a reçus à Paris pour leur annoncer la mauvaise nouvelle. Au grand regret de Patrick Genre, peu convaincu par l’ampleur du déficit. Le président du Collectif pour le Déve- loppement des Axes Routiers et Fer- roviaires (C.O.D.A.R.F.) s’interroge aussi sur la logique financière des actionnaires. “Lyria est une société pri- vée sauf qu’elle est composée à 70 % de capitaux S.N.C.F. et 30 % C.F.F.” Les collectivités territoriales montent aus- si au créneau. Marie-Guite Dufay, la

à 17h23 de Berne et à

7h58 de Paris gare de Lyon.

présidente de la Région Franche-Com- té, ne mâche pas ses mots. “C’est scan- daleux d’apprendre ça sans aucune concertation préalable. Au moment même où tout le monde investit dans l’amélioration de cette ligne straté- gique.” Elle refuse toute solution alter- native. “Cette desserte ne doit pas dis- paraître. Hors de question d’admettre cet oukase. Les choses ne sont pas irré- versibles. La détermination de la Région sera sans faille.” Christian Bouday, le conseiller général local, est sur lamême longueur d’onde. “Une telle mesure amplifierait encore le problème de l’enclavement routier et ferroviaire du Haut-Doubs qui ne date pas d’aujourd’hui.” Sans liaisons T.G.V., la gare de Pon- tarlier n’aurait guère d’avenir. Pas plus que Frasne d’ailleurs. “Si Pontarlier est menacé de fermeture, Frasne n’est pas plus avantagé car l’un dépend de l’autre” , observe Jacky Desarménien, le premier adjoint de Frasne. Philip- pe Alpy, le maire de la localité, ne peut se résoudre à accepter cette suppres- sion unilatérale proposée par Lyria.

“Ce genre de gouvernance m’interpelle. Les administrateurs S.N.C.F. de Lyria devaient prendre garde à ce type de positionnement. Même si on conserve toujours le Paris-Lausanne sur Fras- ne, on peut très bien imaginer qu’on supprime un jour cet arrêt” , indique l’élu en précisant que cela ne remet pas en cause le projet de relance du fret réactivé depuis quelques mois.

Élus des collectivités locales et territoriales françaises et suisses et usagers des transports se mobilisent à l’unisson dans la défense des deux relations

Comment va s’organiser la riposte ? “On a trans- mis un courrier à Guillaume Pépy. Le patron de la S.N.C.F. ne peut pas refuser de nous recevoir. Si l’on ne reçoit pas de réponse dans la quinzaine, on réfléchira alors à d’autres moyens d’action” , déclare Patrick Genre qui, même s’il pri- vilégie la concertation, n’écarte pas l’idée d’organiser une mani- festation plus démons- trative. J.-F.H.

Hors de question

d’admettre cet oukase

Paris-Berne existantes.

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