La Presse Pontissalienne 116 - Juin 2009

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 116 - Juin 2009

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SITUATION La ligne T.E.R. Pontarlier en plein boom Le paradoxe ferroviaire Alors que les grandes lignes connaissent des difficultés, les lignes régionales prennent de l’ampleur, notamment dans le Haut-Doubs. À la Région de payer.

Frasne va bénéficier en 2010 de nou- veaux horaires pour rejoindre

A vec une fréquentation en hausse, la ligne T.E.R. Pontarlier-Dole a été obligée de revoir ses grilles. Quatre liaisons sup- plémentaires en train et trois en bus ont être proposées sur cet axe lors du dernier comité de concertation de ligne orga- nisé par la Région Franche- Comté en partenariat avec la S.N.C.F. L’augmentation de fré- quentation est de 7 % et la ponc- tualité s’établit à 92,05 % en 2008 (contre 95,25 % en 2006

et 95,05 % en 2007). De nombreux Pontissaliens ont participé à cette réunion, mon- trant tout l’intérêt qu’ils por- tent à ces lignes régionales qui permettent de rejoindre Besan- çon, Dole, Dijon, Morteau ou la Suisse. À partir de décembre 2009, une recompo- sition de l’axe Pontarlier-Dole va être opérée avec un passa- ge de 5 à 6 T.E.R. dans les deux sens. Des renforcements de liai- sons seront engagés notam- ment entre Frasne-Pontarlier

avec une augmentation du nombre de T.E.R. avec 14 liai- sons dont 8 assurées en cars. C’est sept de plus au total. Malgré tout, une incertitude pèse sur le T.E.R. matinal Pon- tarlier 5 h 02 - Dole 6 h 06 puisque ce dernier ne serait “pas rentable.” Un argument contesté par les maires de Pon- tarlier ou Frasne. Ce T.E.R. per- met une arrivée à Paris à 8 h 37. Pour le Haut-Doubs, ce T.E.R. est considéré comme “très important car il conduit une

Pontarlier. Les lignes

régionales se portent bien.

réalisé. À l’étude, de nouveaux T.E.R. pourraient être mis sur rail avec une liaison Pontarlier 16 h 40 / Frasne 16 h 56, Fras- ne 17 h 15 / Pontarlier 17 h 30, Frasne 8 h 16 / Pontarlier 8 h 31.À la Région et la S.N.C.F. de décider ou non d’engager ces

nouveaux horaires. Tous ont bien compris que l’attente de la population désireuse de béné- ficier d’horaires mieux adap- tés est forte. Les lignes régio- nales se portent bien… aux dépens des grandes lignes. C’est tout le paradoxe.

clientèle d’affaires et permet de désenclaver le territoire” pré- cisait Philippe Alpy, maire de Frasne. Et d’ajouter : “Il faut conserver cette liaison si l’on veut attirer des chefs d’entreprise.” Ce dernier remet en cause le comptage qui a été

CONFESSIONS Le président du C.O.D.A.R.F. “Un grand sentiment de frustration” Le maire de Pontarlier est le président du Collectif pour le développement des axes routiers et ferroviaires (C.O.D.A.R.F.). Il commente l’évolution des dossiers d’infrastructure, entre indignation et résignation.

Patrick Genre se dit “abasourdi” de la décision prise par la société Lyria de supprimer la ligne Paris-Berne.

L a Presse Pontissalienne :Suppression du Paris-Berne, enlisement du dossier R.N. 57… À quoi sert le C.O.D.A.R.F. ? Patrick Genre : Le collectif a été créé au début des années 2000 pour être une structure de lobbying qui rassemble tous les décideurs, qu’ils soient dans les sphères politiques, économiques ou associatives. Il n’a pas d’autre pouvoir. Néanmoins, quand on s’implique dans des dossiers, on souhaite qu’ils avan- cent. Je reconnais que sur ces points, j’ai un grand sentiment de frustration. Oui, je suis frustré que ces dossiers n’avancent pas dans le bon sens. L.P.P. : Les opérations “coups de poing” orga- nisées avec blocage de la R.N. 57 n’ont rien donné ? P.G. : Pourtant ce n’est pas de gaieté de cœur que l’on bloque une route. Mais si les choses ne s’arrangent pas, nous pourrions envisager d’autres actions de ce type, blocage de route ou de voie fer- rée. S’il faut encore en arriver là… L.P.P. : Envie de baisser les bras ? P.G. : Certainement pas. Je reste opti- miste, tout en étant réaliste. C’était déjà difficile il y a cinq ou six, ça l’est encore plus aujourd’hui quand on sait que, suite au Grenelle de l’environnement, les crédits routiers

ont été divisés par deux. 400 ou 500mil- lions d’euros vont être distribués au niveau national, ce ne sera pas simple d’avoir une petite part de ce gâteau. L.P.P. :Vos voyages à Paris avec le député Biné- truy dans les ministères n’ont donc pas plus porté leurs fruits ? P.G. : Nous avons rencontré deuxministres et trois conseillers. Tout ce que nous avons obtenu, ce sont des engagements écrits. Mais tant que nous n’avons pas connaissance du P.D.M.I. (programme de modernisation des itinéraires), le volet routier du contrat de plan, nous ne serons pas rassurés. Nous sommes totalement dans l’expectative car cela fait bientôt trois ans qu’on attend ce P.D.M.I…Tous les six mois, c’est repor- té de six mois… Cette fois, on nous l’annonce pour ce mois de juin. La seu- le chose qui puisse me rassurer, c’est que le préfet a retenu, parmi la dizai- ne de points qu’il a fait remonter au ministère,les demandes duC.O.D.A.R.F. L.P.P. : Quelles sont-elles précisément ? P.G. : Il y en a quatre : des crédits d’études pour le contournement de Pontarlier et de La Cluse, des crédits pour les tra- vaux demise à 2 X 2 voies entre laMain et la Vrine, des crédits pour la dévia- tion des Tavins et, hors P.D.M.I., des

vice de la branche Est du T.G.V. Rhin- Rhône qui permettra un accès en Suis- se par Bâle. On se disait qu’on avait encore deux ou trois ans pour discuter de l’avenir du Paris-Berne. On avait fixé un rendez-vous avec M. Rossi, le directeur de Lyria, qui a annulé ce ren- dez-vous pour le reporter enmai. Entre- temps, il annonçait la fermeture de la ligne ! Et dans le même temps, les par- tenaires (État,Conseil régiondeFranche- Comté, Confédération suisse) annon- çaient qu’ils débloquaient 40 millions d’euros pourmoderniser la section entre Dole et Frasne. C’est vraiment un manque de considération intolérable et les arguments avancés par Lyria sont grotesques, ils ne reposent même pas sur des chiffres précis. Quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage… L.P.P. : Quelle conséquence peut avoir pour le Haut-Doubs la suppression de cette ligne ? P.G. : Non seulement ça met en péril la gare de Pontarlier, mais aussi celle de Frasne. Car ce qui justifie la gare de Frasne, c’est l’éclatement des lignes à Frasne, entre les T.G.V. qui partent sur Lausanne viaVallorbe et ceux qui par- tent sur Berne via Pontarlier. Si le Paris- Berne est supprimé, l’arrêt à Frasne du Paris-Lausanne ne se justifiera plus. Cette annonce met donc en péril les deux gares et le T.G.V. complet. L.P.P. : D’ici décembre et l’application de cette décision de suppression,il y a encore un espoir de sauver la ligne ? P.G. : Notre angle d’attaque désormais, ce n’est plus Lyria, une société privée à capitaux publics, mais directement

les actionnaires de Lyria, c’est-à-dire la S.N.C.F. à 70 % et les C.F.F. suisses à 30 %. Une rencontre avec Guillaume Pépy, le P.D.G. de la S.N.C.F., a été sol- licitée. Il y a encore une petite chance, mais là aussi, tout se jouera en juin. Il faut y croire. Ce qu’on craint, c’est que les R.F.F. et la S.N.C.F. ne veuillent plus que deux points d’entrée en Suisse, Genève et Bâle. L.P.P. : Sur tous ces dossiers capitaux pour l’avenir du Haut-Doubs, ne pensez-vous pas que vous gagneriez à avoir un mandat natio- nal pour mieux peser sur ce genre de déci- sions ? P.G. : Je n’ai pas de réponse toute faite à cette question. D’autres dossiers, com- me l’hôpital, ont été menés de front par moi-même en tant que président du conseil d’administration de l’hôpital, et par le député Binétruy. Et on a obtenu gain de cause. La facilité serait de dire que oui,ça faciliterait les choses si j’avais un mandat national. Mais je n’en suis pas persuadé. Certes cela ouvre des portes, mais les portes, on peut aussi se les faire ouvrir ou les ouvrir à plu- sieurs. L.P.P. : Donc toujours pas de volonté de briguer un mandat national ou de vous impliquer plus politiquement au sein d’un parti ? P.G. : En ce qui concerne les partis poli- tiques, je ne changerai pas. Je souhai- te garder ma liberté de penser et d’agir. C’est un choix personnel et ce choix, je le réaffirme. Je n’ai aucun regret et aucune autre prétention.

crédits pour la sécurisation de la tra- versée de La Cluse. L.P.P. :Que comptez-vous obtenir sur ces quatre points ? P.G. : : Si on en obtenait deux sur les quatre, ce serait déjà positif. Pour la déviation de Pontarlier, l’élément indis- pensable si on veut aboutir un jour, c’est d’engager rapidement les études. Pour ce qui est susceptible de démarrer rapi- dement, il y a la section laMain-laVri- ne. Je pense que cettemise à 2 X 2 voies peut être faite dans les trois ou quatre ans qui viennent. Les Tavins, c’est du moyen terme, la déviation de Pontar- lier, du long terme. L.P.P. : Vous ne serez certainement plus maire de Pontarlier quand la déviation de la ville sera réalisée… P.G. : Certainement. Il faut 15 ans entre le lancement des études et les premiers coups de pioche. Actuellement, nous travaillons pour une vision de l’avenir de ce territoire. L.P.P. :Deuxième motif de déception,l’annonce de la suppression de la paire de T.G.V. Paris- Berne, via Pontarlier. P.G. : Là, ça a été le coup de bambou sur la tête. Élus suisses et français, nous sommes abasourdis par l’attitude de la société Lyria qui a fait preuve dans cet- te affaire d’un manque total de consi- dération envers les représentants des territoires concernés. L.P.P. :Cette annonce a été une surprise totale ? P.G. : Personne ne s’y attendait. On avait bien à l’esprit 2012 avec la mise en ser-

Selon le maire de Pontarlier, la mise à 2 X 2 voies de la portion la Main- la Vrine pourrait être réalisée d’ici trois ans.

Propos recueillis par J.-F.H.

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