La Presse Pontissalienne 116 - Juin 2009

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 116 - Juin 2009

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NODS

Sport nature

Bien dans sa tête, bien dans son trail À 35 ans, Arnaud Perrignon s’impose progressivement dans le gotha des meilleurs coureurs pied français. Ce sportif plutôt doué a trouvé matière à s’accomplir dans cette discipline très en vogue, qui le lui rend bien.

A près sa démonstration au der- nier Trail des Forts à Besançon, plus personne ne peut contes- ter la suprématie d’Arnaud Per- rignon au niveau régional. Le maître- nageur deValdahon amis tout son petit monde d’accord en 2 h 54 min 27 secondes. Avec la manière en plus. À croire qu’il rentrait d’un petit footing , en le voyant franchir la ligne d’arrivée frais comme un gardon en tenant par la main sa petite Naia. Il venait pour- tant d’achever l’un des trails comtois les plus durs qui soient. Non pas tant par sa longueur de 35 km. Mais du fait de son profil en dents de scie qui ne laisse guère de répit à la récupération.

Arnaud Perrignon cultive à travers le trail son goût de la victoire et le plaisir de courir en pleine nature.

qu’exigeant.” Comme jadis le ski de fond, le trail connaît depuis quelques années un engouement populaire ful- gurant. Cette discipline initialement montagnarde se décline aujourd’hui en plaine, dans les grandes métropoles urbaines. Elle rassemble nombre de sportifs à la recherche de sensations plus en phase avec la nature et la convi- vialité, au détriment du bitume et du chrono. Originaire de la région parisienne, Arnaud Perrignon a débuté par la cour- se d’orientation puis s’est tourné vers l’athlétisme et plus spécialement le demi-fond. Il a réalisé 1’ 52” aux 800 m et 9’ 26” au 3 000 m steeple. Le lévrier des pistes s’est ensuite essayé au tri- athlon. Il a gagné en 2001 le titre de champion de France par équipe en longue distance. “Tourner autour d’une piste, ce n’est pas mon truc. Tout com- me l’ambiance qui règne au triathlon avec l’élite qui ne se mélange pas au reste des participants.” Arnaud ne cache pas néanmoins son tempérament de compétiteur. Mais ce qui lui plaît en trail par exemple, c’est aussi ce sentiment de faire partie d’une grande famille où chacun se respecte et se côtoie quel que soit son niveau. “C’est super-sympa de pouvoir parta- ger le repas d’après course avec les autres coureurs. J’incite d’ailleurs les organi- sateurs de trails à ne pas laisser tom- ber ces moments d’échanges privilégiés

sous prétexte de réaliser quelques éco- nomies.” Le champion observe non sans inquiétude comment la fédération fran- çaise d’athlétisme tente de récupérer cette discipline à son profit en mettant en place le “Trail tour national”. “Je ne crois pas qu’il soit pertinent de vouloir imposer une structuration fédérale au trail. Si le ménage doit se faire dans la profusion actuelle des courses, il se fera naturellement.” Structurer, c’est impo- ser des règles. C’est ouvrir la porte à la professionnalisation, à l’argent. Bref, c’est aller selon lui à l’encontre de l’esprit trail. “Aujourd’hui, aucun athlète ne vit du trail. J’espère que ça va rester un sport amateur.” C’est bien pour ces raisons qu’il a d’ailleurs abandonné le triathlon en venant s’installer dans la région en 2002. “Mon épouse est originaire de Franche-Comté. Comme on était fati- gué de la vie parisienne, on souhaitait se mettre au vert. J’ai décroché un pos- te à la piscine municipale de Valda- hon.” Après la naissance de Naia en 2006, la famille Perrignon a eu la joie de s’agrandir en février avec l’arrivée du petit Timéo. Même s’il s’entraîne six fois par semai- ne, Arnaud garde les pieds sur terre. “Priorité d’abord à la vie de famille, au travail. Le trail reste le moyen d’évacuation, d’évasion.” Arnaud ne refuse pas quelques aides dans l’exercice de son sport favori. Il bénéficie d’un

contrat d’équipement avec Salomon et la marque de lunettes Julbo. “Je suis aussi soutenu par la scierie Bertin à Nods et le magasin Sports et neige à Pontarlier.” Pas question pour autant donc de tout sacrifier, y compris la santé. Le sportif estime dangereux cette tendance à vou- loir organiser ces épreuves “terribles” que sont les ultra-trails. “J’ai partici- pé une fois à la course Courmayeur- Champeix-Chamonix. C’est la version light de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Il s’agit d’effectuer 98 km en montagne avec plus de 5 000 mètres de dénivelé. Après cette expérience, j’ai dit plus jamais ça. Le traumatisme moral et muscu- laire est difficilement supportable au- delà de 75 kmdans ce type d’effort.Tout du moins pour qui veut durer le plus longtemps possible, ce qui est mon cas” , indique celui qui compte bien encore courir avec son fils ou sa fille quand ils

seront en âge de galoper. “Si telle est leur envie” , précise-t-il. Plus qu’une fin en soi, la compétition constitue plutôt pour le maître-nageur de Valdahon le prétexte à gambader dans la nature qui l’environne. Autour de Nods où il vit désormais ou dans la vallée de la Loue toute proche. “Je me sens pleinement dansmon élément quand je crapahute entre la roche de Haute- pierre-le-Châtelet et le belvédère duMoi- ne.” À chacun son footing dominical. Celui d’Arnaud mesure environ 26 km avec 1 600 m de dénivelé. Une sortie effec- tuée le plus souvent en solitaire. Le seul à vouloir l’accompagner, c’est son chien. “J’ai beau dire à mes copains que j’irai doucement, ils refusent l’invitation” , sourit Arnaud. On veut bien le croire. Reste juste à trouver la paire de jambes adéquates. F.C.

L’exercice consiste à enchaîner les collines de Rosemont, Arguel, Pla- noise, Chapelle-des-Buis et la montée de Mont- faucon au final. Le trail des Forts méri- te bien son nom. Quand beaucoup étaient déjà ravis d’arriver au bout, le vainqueur se projetait déjà vers ses prochains objectifs. “D’abord, la Transju’Trail début juin puis le marathon du Mont-Blanc en juillet. Tous les cadors rêvent de s’illustrer sur ce par- cours aussi prestigieux

Chacun se respecte et se côtoie.

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