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L A C Ô T E D ’ É M E R A U D E

fortune de Saint-Malo vint de ses corsaires, aux xvii e et xviii e siècles notamment. À la vérité, c’est surtout le négoce qui apporta aux Malouins des revenus assez élevés pour devenir à plusieurs reprises créanciers du roi Louis XIV. Toutes choses qui ne s’ébruitaient guère, puisqu’il s’agissait d’un commerce de contrebande pratiqué avec les colonies espagnoles d’Amérique du Sud. Bravant le monopole de la couronne d’Espagne, les marchandises européennes y étaient échangées contre de l’argent en lingots. Mieux, certains navires malouins ne revenaient pas directement en France, mais traversaient le Pacifque pour négocier le pré- cieux métal en Chine ou dans les îles. Après avoir rempli leurs cales d’épices, de soieries, d’ivoire, de porcelaine, les hardis navigateurs poursuivaient leur navigation à travers l’océan Indien, accomplissant de la sorte un tour du monde. Sous Louis XIV, le port de Saint-Malo, qui s’étendait entre l’île et la cité d’Aleth, fut le premier port marchand de France.

prix, et qui, par esprit d’indépendance, refusa le grade d’amiral que lui proposait Napoléon. Le quatrième grand Malouin à saluer lors de cette promenade est un homme de lettres : François-René de Chateaubriand, qui fut inhumé sur l’îlot du Grand-Bé, devant la plage de Bon-Secours. Si c’est marée basse, le visiteur devra faire le détour, car sa sépulture ofre le plus beau des panoramas sur la rade et les remparts de Saint-Malo. Et justement, si l’on s’extasie devant son parfait état de conservation, il faut savoir qu’au mois d’août 1944, la vieille ville fut détruite à 80 % par les obus de l’ar- mée américaine. Mais les Malouins résolus refusèrent toute compromission et choisirent de rebâtir leur cité à l’identique, tout en la modernisant. Soixante-dix ans plus tard, la patine du temps a fait son œuvre, de

Saint-Malo, ville de navigateurs et de littérateurs

Sous Louis XIV, le port de Saint-Malo, qui s’étendait entre l’île et la cité d’Aleth, fut le premier port marchand de France.

Faire le tour des remparts s’impose. Vous y saluerez les statues des plus fameux navigateurs malouins. Jacques Cartier, l’explorateur, que Fran- çois 1 er chargea de trouver une route maritime vers la Chine en passant par le nord de l’Amérique. Et qui remonta ainsi le feuve Saint-Laurent jusqu’au site de Montréal. Duguay-Trouin, le corsaire, à qui ses exploits — le pillage de Rio de Janeiro, notamment — valurent d’être nommé chef d’escadre par Louis XIV. Robert Surcouf, autre corsaire dont les Anglais mirent la tête à

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