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L A B A I E D U M O N T - S A I N T - M I C H E L

prolonger par des polders. Pour imaginer le carac- tère titanesque de l’entreprise, il faut savoir que la digue extérieure fle droit vers le Mont-Saint-Michel sur une distance de 12 kilomètres. La création du polder eut pour conséquence naturelle un envase- ment de cette partie de la baie, de telle sorte que peu à peu, la terre gagna sur la mer. Une végétation se développa sur les sédiments ainsi accumulés, constituant des pâtures — les herbus. Les herbus s’étendent jusqu’à plusieurs kilomètres dans la baie et se trouvent régulièrement submergés par les grandes marées. Leur végétation se gorge alors de sel, et c’est pourquoi l’on y fait paître des moutons, friands de cette herbe à la saveur puissante. De ce terroir unique provient le fameux agneau dit

Michel, les éleveurs de moules ont mis au point un moyen de locomotion original que les uns qualifent de « bateau à roues » et les autres de « camion fot- tant ». Au Vivier a donc été construit un port doté de larges plans inclinés où, selon la hauteur de la mer, les véhicules amphibies des mytiliculteurs accèdent en roulant ou en fottant. Avec ses hangars et ses bateaux-camions colorés, ce port ne manque pas de charme, d’autant plus qu’il abrite le centre d’accueil de la Maison de la Baie. À marée basse, l’association propose une visite des bouchots sur une remorque spécialement aménagée, des traversées à pied vers le Mont-Saint-Michel, des balades à la rencontre des phoques qui peuplent la baie. Parcourir l’immensité nue des vasières découvertes par la marée est une expérience fascinante, mais il n’est pas question de la tenter sans le concours d’un guide qualifé. Ce serait courir le risque de se faire piéger par les sables mouvants qui ne sont pas une légende, ou encore de se laisser surprendre par les bouchons de brume épaisse qui peuvent survenir tout soudain, limitant la vue à quelques mètres et vous ôtant le sens de l’orientation. Passé Le Vivier-sur-Mer, à l’approche du Mont-Saint- Michel, commence un territoire diférent, plus étrange encore que celui des vasières : les herbus. Il débute après Cherrueix, là où la côte présente de grands espaces de tangue dure, domaine de prédilection des chars à voile qui signent des allers-retours colo- rés d’un bout à l’autre de l’horizon. C’est à partir d’ici, et plus précisément de la chapelle Sainte-Anne ( xi e siècle), qu’au Moyen Âge les seigneurs bretons commencèrent à dresser des levées de terre destinées d’abord à protéger le marais de Dol, et ensuite à le

Parcourir l’immensité nue des vasières découvertes par la marée est une expérience fascinante, à ne pas tenter sans l’aide d’un guide qualifé.

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