IEV.pdf

eut d’excellentes raisons de s’intéresser à Fougères puisque Juliette Drouet — avec qui il entretint une liaison pendant un demi-siècle — était originaire de cette ville. Comme en honneur de cette idylle, se dresse la façade néo-baroque richement ornementée du théâtre Victor Hugo, édifé en 1886 et superbement restauré. Sur cette place du Théâtre perdure l’atmos- phère qui inspira le roman Quatre-vingt-treize (1879). Notons, au passage, qu’Hugo se permit de déplacer la tour Mélusine, transportée pour la circonstance à la lisière de la forêt de Fougères et rebaptisée la Tourgue, qu’il décrit comme « une haute et large tour, à six étages, percée çà et là de quelques meurtrières, ayant pour entrée et pour issue unique une porte de fer donnant sur un pont-châtelet ».

Les interminables murailles crénelées de Fougères et le château fort de Vitré entretiennent le souvenir des temps médiévaux, quand la partie orientale de l’Armorique était le bouclier opposé aux visées territoriales des rois francs. L’épisode com- mença au ix e siècle, lorsque Louis le Pieux choisit pour duc de Bretagne un certain Nominoë (800-851), seigneur de Vannes. Or celui-ci réunit autour de lui toute la noblesse bretonne pour établir, à la pointe de l’épée, une dynastie indépendante. La Marche de Bretagne — ainsi désignait-on cette contrée — devint alors, et pour plusieurs siècles, le théâtre de luttes incessantes qui ne trouvèrent leur fn qu’en 1491, avec le mariage d’Anne de Bretagne et de Charles VIII, roi de France. Cependant, si le nombre de ses fortif- cations témoigne du caractère hautement stratégique de cette frontière, des villes et bourgades comme La Guerche-de-Bretagne, Martigné, Grand-Fougeray, Redon, afchent une prospérité ancienne qui rappelle que les confns de la Bretagne et du royaume franc furent aussi le lieu d’intenses échanges commerciaux. Fougères est sans aucun doute le site le plus emblé- matique de la Marche de Bretagne, avec sa ceinture de remparts spectaculaire et ses vieux quartiers. D’au- tant que Victor Hugo et Honoré de Balzac ont ajouté une dimension littéraire à l’histoire des lieux. Hugo

Fougères, décor des Chouans pour Honoré de Balzac

Chez Balzac, Fougères est le décor d’une partie du roman qui inaugure le cycle de la Comédie humaine : Les Chouans. Il décrit les lieux avec la précision d’un guide touristique qui nous mène parmi les vieux quartiers de la ville haute et la vallée du Nançon, aux magnifques jardins. Ainsi du chapitre III : «Un

13

Made with