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La Côte d’Émeraude mérite bien son nom. Car la fatteuse appellation décrit ce petit miracle auquel on assiste régulièrement sur ses plages, lorsque la lumière céleste illumine les fonds marins à travers des eaux toujours cristallines. Lorsque le sable jaune et chargé de paillettes de mica réféchit l’éclairage, même par temps nuageux. Alors la mer prend des teintes d’émeraude dont les nuances varient selon la profondeur de la mer, la hauteur des vagues, la force du courant, l’orientation du soleil ou quelque autre paramètre encore. Tant et si bien que le pay- sage ne paraît jamais le même. Toujours sublime, il évolue en continu, et si rapidement qu’au lieu de panoramas, c’est plutôt des spectacles somptueux oferts par la Côte d’Émeraude qu’on devrait parler. Pas de doute, les premiers Anglais qui s’établirent à Dinard dans les années 1840 furent sensibles à ses lumières magiques, eux qui avaient choisi de ne plus subir en hiver les brumes du Nord mais de profter de cieux plus cléments. Il suft de se promener un jour de février sur la promenade du Clair de Lune, quand un vent de nord lisse un ciel bleu profond où le jaune vif des mimosas explose littéralement ; en déambu- lant sous les palmiers au pied des villas anciennes, on se croirait sur la Côte d’Azur d’autrefois, avant le bétonnage. Ces Britanniques tombés amoureux de la

Bretagne frent de Dinard, puis de Saint-Énogat, de Saint-Lunaire, de Saint-Briac, une sorte d’Angleterre idéale avec des villas à bow-windows entourées de gazons soignés comme des tapis. On leur doit aussi la création du second golf en France, et aujourd’hui encore, avec ses perspectives sur la pointe de la Haye et le grand large, le dix-huit trous de Saint-Briac fgure parmi les parcours «qu’il faut avoir faits ».

Des têtes couronnées de la vieille Europe à Buffalo Bill

Avec la Belle Époque, la plaisante villégiature créée par des Anglais quelque peu excentriques se transforma en un rendez-vous obligé des célébrités internationales. Des têtes couronnées de la vieille Europe à Bufalo Bill en passant par les hommes poli- tiques de la III e République, tout le monde est venu à Dinard ! La chronique mondaine n’a pas oublié Wins- ton Churchill, qui transformait sa chambre du Crystal Hotel en atelier d’artiste où, inlassablement, il sai - sissait à l’aquarelle les variations de la lumière sur la plage. Signac et Picasso aussi furent sensibles aux lumières de la Côte d’Émeraude; les frères Lumière y frent des essais de photo en couleur; Debussy y

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