La Presse Bisontine 106 - Janvier 2010

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 106 - Janvier 2010 2

Spiritualité 2009, annus horribilis ? Pour ceux qui ont subi de plein fouet la crise éco- nomique, perdu leur emploi, ou res- tent encore cernés dʼincertitudes quant à leur avenir professionnel, lʼannée 2009 restera en effet comme une année noire. 2010 ne sʼannonce pas vrai- ment sous les meilleurs auspices dʼailleurs. Et si cette crise, avant dʼêtre économique, était dʼabord sociale, voi- re sociétale ? Plutôt quʼau bout dʼun système économique, nʼarrive-t-on pas au bout dʼun modèle de civilisa- tion ? Le moment nʼest-il pas venu, à lʼapproche des fêtes de fin dʼannée, de se recentrer sur quelques valeurs essentielles totalement noyées par les dérives du système actuel où le vir- tuel a remplacé le réel, où Facebook est en train de supplanter le café du commerce ? Plus convivial Facebook ? Certainement pas. Ce qui est censé être un vaste “réseau social” nʼest fina- lement quʼun conglomérat de solitudes. À lʼheure de la mondialisation et de la globalisation des échanges et de la communication, lʼhomme nʼa jamais été aussi isolé… Paradoxe de ce mon- de en quête de lui-même à qui il manque, cruellement, ce petit sup- plément dʼâme. Où le trouver juste- ment ? Dans un regain de spiritualité peut-être. Si elle nʼest pas religieuse, elle peut-être philosophique, faite de méditation, dʼengagement vers les autres ou simplement de poésie ou de contemplation. En ces temps de crise, nʼest-ce pas aussi lʼoccasion de changer un peu son mode de vie en consommant mieux ? Dʼune part par- ce quʼil peut y avoir une jouissance à moins consommer, ensuite et surtout parce que ce contrôle donne plus de valeur aux “achats plaisir”. Cette hié- rarchie plus claire des besoins peut aussi tendre à faire positiver. Se poser, échanger, discuter… Les fêtes don- nent lʼoccasion de quitter la virtualité dʼun monde que lʼon croit avoir tout entier pour soi devant son écran dʼordinateur. Mais cette fenêtre sur le monde sʼapparente peut-être en réa- lité aux grilles dʼune prison pour tous ceux qui croient y trouver lʼeldorado. Ouvrez-vous, ouvrons-nous, consom- mons mieux, moins peut-être mais mieux et bon…Voilà un début de recet- te pour entrevoir différemment 2010. En attendant, excellentes fêtes de fin dʼannée à tous. Jean-François Hauser Éditorial

CINÉMA

Damien Jouillerot

Gérard Jugnot lui a mis le pied à l’étrier dans “Monsieur Batignole”. Son talent a fait le reste. Originaire du Haut-Doubs, Damien Jouillerot poursuit sa carrière d’acteur. On l’a vu au théâtre aux côtés de Jean Piat et Maria Pacôme dans “La maison du lac”, et au cinéma dans le dernier film de Jugnot. à Gérard Jugnot” “Je dois tout

L a Presse Bisontine : La tournée se termine, la pièce “La maison du lac” a été un succès. Pour le jeune acteur que vous êtes, c’est flatteur de se retrouver sur scène avec Jean Piat et Maria Pacôme ? Damien Jouillerot : J’ai eu beaucoup de chance. Entre

D.J. : J’ai toujours aimé le théâtre. Je n’ai fait que deux pièces dans ma car- rière, dont une qui a très bien mar- ché. C’est vrai que j’aimerais qu’il y ait d’autres choses qui se présentent, mais c’est toujours compliqué de mon- ter une pièce de théâtre. L.P.B. :Télévision, théâtre, cinéma, vous navi- guez entre tous ces univers artistiques. Cet- te polyvalence est importante pour vous ? D.J. : Mon métier consiste à jouer. J’ai joué au théâtre pendant un an, entre- temps j’ai fait des téléfilms. Pour le coup, j’ai fait moins de cinéma et plus de téléfilms parce que ce qu’on me

la pièce et la tournée, humainement, ça a été une belle aventure et une belle leçon de vie. L.P.B. : Qu’avez-vous appris au contact de ces deux grands acteurs ? D.J. : Ce qui est drôle, c’est que l’un et l’autre ont chacun une façon de travailler très différente.Maria Pacô- me est plus dans l’exubérance.Alors que Jean Piat, comme dans la vie, est plutôt en retenue. Jeanm’a appris une manière de jouer très calculée où la vanne tombe au bon moment. Maria Pacôme m’a plus appris à jouer sur scène, à prendre du plai- sir, à m’amuser. L.P.B. : Cette participation à la pièce est une belle carte de visite. Vous êtes en attente d’autres projets ?

“Les places sont trop chères dans ce métier.”

Damien Jouillerot court de la télé au cinéma en passant par le théâtre.

propose en télé correspond mieux à mon âge. Le problème, c’est qu’au cinéma on me cantonne à des rôles d’adolescent alors que je vais sur mes 25 ans. L.P.B. : L’image du jeune garçon qui vous colle à la peau vous dérange-t-elle ? D.J. : Là, j’ai commencé à m’en débarrasser. J’ai pris un bon coup de vieux. Je commence à faire pas mal de rôles de mecs de mon âge et même un peu plus vieux. C’est une transition à passer tout en sachant

que moi, j’ai commencé ce métier très jeune. Il était évident que mon image allait changer. J’ai joué autant de mauvais garçons que des garçons un peu simplets. Ce qui m’intéresse, c’est le rôle. Il n’y a pas de règle. À 23 ans, je jouais au théâtre un mec de 14 ans. L.P.B. : Le dernier film de Gérard Jugnot “Rose et Noir” a été un échec, comment l’expliquez-vous ? D.J. : Le problème est qu’on ne peut pas savoir. Qu’est-ce qui fait que “Bienvenue chez les Ch’tis” fait 20 millions d’entrées, alors qu’il y a des comédies beaucoup plus drôles que ce film-là qui est bien par ailleurs. Des productions qui méri- teraient de réussir se terminent par un flop. Dans “Rose et Noir”, la magie n’a pas fonctionné.

L.P.B. : Vous êtes toujours proche de Gérard Jugnot ? D.J. : Déjà son fils Arthur est un de mes potes. Je croise souvent Gérard Jugnot qui reste mon sau- veur. Je le dis, il m’a sauvé la vie. Je serai toujours là pour lui, jusqu’à mon dernier souffle. Je lui dois tout. L.P.B. : Il arrive de revenir parfois dans le Haut-Doubs, votre région d’origine ? D.J. : J’essaie le plus possible de revenir. Ça a été un petit peu difficile car j’ai eu un petit garçon qui a vingt mois. Je l’emmène dans le Haut-Doubs car je veux aussi qu’il connaisse la Franche-Comté. J’aime bien rentrer. Le problème de ce métier est que dès que vous êtes prêt à partir, un rendez-vous s’intercale. Comme les places sont trop chères dans ce métier, il faut être là. En général, j’ai toujours un casting qui tombe. Mais je n’ai pas à me plaindre, je tourne avec des réalisateurs avec lesquels j’ai déjà travaillé. Je suis perçu comme un comédien. L.P.B. : Outre la télévision, on vous verra au cinéma en 2010 ? D.J. : Je prépare un film avec un réalisateur qui va réaliser son premier long-métrage. Ce sera un très bon film sur l’amitié. J’ai aussi en projet de mon- ter sur scène tout seul. C’est un ami qui a écrit un joli spectacle ponctué d’humour noir. Il m’a propo- sé de l’interpréter. L.P.B. : Vous verra-t-on sur scène à Besançon ? D.J. : Je voudrais bien venir jouer à Besançon. Pour la tournée de “La maison du lac”, j’avais proposé que l’on vienne jouer en Franche-Comté. Mais ça n’a pas pu se faire parce que les décors prenaient beaucoup de place. J’ai commencé le théâtre en Franche-Comté, j’avais envie de me présenter à ce public. Si jamais j’arrive à tourner avec mon one- man-show , j’essaierai de faire étape à Besançon.

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Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Décembre 2009 Commission paritaire : 1102I80130

Propos recueillis par T.C.

Crédits photos : La Presse Bisontine, Catherine Agthe, I.N.R.A.P., Slah, Éric Chatelain -Ville de Besançon.

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