La Presse Pontissalienne 134 - Décembre 2010

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 134 - Décembre 2010

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Gloriole Les hommes politiques nʼaiment pas les médias. Sauf si ces derniers se posent en porte-voix de la parole officielle. Le sujet cristallise lʼactualité nationale sur- tout depuis que Nicolas Sarkozy est au pouvoir, on lʼa vu récemment avec les soupçons de saisies dʼordinateurs dans lʼaffaire Bettencourt ou encore avec la sortie peu raffinée du président en mar- ge du sommet de Lisbonne. À lʼéchelle locale, il yacemêmemélangededépen- dance et de répulsion quʼéprouvent les élus à lʼégard des journaux. Voilà que le députéduHaut-Doubs Jean-MarieBiné- truy a dégainé sa plus belle plume pour écrire à desmaires de sa circonscription, leur enjoignant à demi-mots de ne plus répondre aux sollicitations de La Presse Pontissalienne,entoutcasdesʼenméfier… Il avait déjà fait le coup il y a quelques années en faisant signer aux maires de la communauté de communes duVal de Morteau quʼil préside, un engagement formel de boycotter les journalistes du groupe Publipresse, un appel ridicule quʼaucun dʼeux, bien entendu, nʼa eu la pleutrerie de suivre. Aujourdʼhui, cʼest parce que dans leurs différentes éditions - Presse Pontissalienne ou journal Cʼest à dire - les journalistes du groupe Publi- presse ont osé évoquer les visites fré- quentesdeministresdans leHaut-Doubs, la fiscalitédes communes (sans dʼailleurs jeter lʼopprobre sur aucune dʼelles) ou encore le régime de retraite des dépu- tés (dans lequel est expliqué clairement le système) que le député Binétruy ten- te demettre sous lʼétouffoir la parole des maires par une sorte de prise en otage indirecte de leur liberté de pensée. Pour appuyer son insidieuse démarche, M. Binétruy pousse le ridicule jusquʼà reproduire in extenso le contenu dumes- sage que lui a laissé le ministre Pierre Lellouche sur son portable, dans lequel ce dernier espère que sa virée dans le Haut-Doubs “aura été utile” au député. Serait-ce donc la réponse à la question de nos journalistes qui se demandaient quelles étaient les retombées de ces visites ministérielles à répétition ? Cʼest donc avant tout pour la gloriole du dépu- té local que se déplacent les ministres, pour leur assurer un peu de place dans les projecteurs ? Projecteurs dʼailleurs braqués par les médias. M. Binétruy, soyez sérieux : vous savez que les colonnes de nos journaux ne vous seront jamais fermées, mais ne tentez plus dʼorienter ainsi la pensée desmaires du Haut-Doubs, bien assez pertinents pour séparer le bon grain de lʼivraie. J ean-François Hauser Éditorial

SANTÉ

70 millions d’euros d’investissement Dominique Bardou : “On a fait notre maximum”

La Presse Pontissalienne : Que ferez-vous en Bretagne ? Dominique Bardou : Je vais prendre la direction d’une clinique mutualiste spécialisée dans la rééduca- tion. Cet établissement est situé à Kerpape dans le Morbihan. Il bénéficie d’une notoriété nationale dans son domaine de compétence. C’est moi qui ai sollicité ce détachement qui sera effectif au 1 er janvier prochain. L.P.P. :Vous conserverez un bon souvenir de cette tranche de vie pontissalienne ? D.B. : Oui, c’était une aventure très riche dans tous les domaines. J’ai eu la chance de tomber dans une période très intéressante qui m’a permis de déve- lopper un projet d’établissement, ce qui ne m’était pas encore arrivé dans ma carrière. L.P.P. : Dans quel état était l’hôpital en 2005 ? D.B. : On venait de démolir l’ancienne maternité. Il n’y avait donc pas de pôle mère-enfant. Beaucoup de projets ont ensuite été menés à bien, comme la modernisation des locaux administratifs, le regrou- pement des consultations, le bureau des entrées, l’extension de l’hôpital psychiatrique… En 5 ans, on a réalisé pour 70millions d’euros d’investissement. L.P.P. : Un bilan finalement très constructif ? D.B. : On peut le dire. Parallèlement aux travaux, on a procédé à une vaste réorganisation interne avec par exemple l’accueil de l’activité chirurgica- le de la clinique, la création du service de néona- talité, de l’hospitalisation de courte durée aux urgences, la mise en place de la démarche qualité. Le troisième volet est consacré à la politique de ter- ritoire qui se traduit par la signature des conven- tions avec les hôpitaux locaux de Mouthe, Nozeroy et Levier. On peut ajouter les consultations avan- cées en chirurgie et soins palliatifs avec Morteau. En dernier lieu, j’évoquerais le renforcement des complémentarités avec le C.H.U., notamment en neurologie avec l’accueil du professeur Moulin avec les consultations à distance pour les A.V.C. qui per- mettent une meilleure prise en charge. Arrivé à la direction de l’hôpital en 2005, Dominique Bardou quitte les sapins pour la Bretagne. Retour sur une expérience riche en réalisations.

Dominique Bardou s’en va le cœur léger avec l’assurance d’avoir participé à la pérennisation de l’hôpital de Pontarlier. Sous son “quinquennat”, 70 millions d’euros ont été investis dans la moderni- sation de l’établissement. Un record probablement.

Régionale de Santé. Le directeur adjoint Jean-Noël Gras assurera l’intérim jusqu’en mai 2011. L.P.P. : Vous avez digéré l’épisode du mauvais classement de l’établissement ? D.B. : Ce n’est pas monmeilleur souvenir. On a essayé de limiter les dégâts. Je reste néanmoins très cir- conspect sur les classements des magazines, en bien comme en mal. L.P.P. : Que pensez-vous justement de cette pression média- tique assez nouvelle autour des hôpitaux ? D.B. : La communication, c’est plutôt une bonne cho- se. Je suis favorable à la transparence. On a beau- coup travaillé là-dessus avec les associations d’usagers. Il faut savoir reconnaître ses erreurs. On essaie de tout mettre en place pour les éviter avec la forma- tion, les procédures, la gestion des risques, de la qualité… Cette démarche d’ouverture, c’est une petite révolution. À Pontarlier, on a fait le maxi- mum. On a même ouvert les portes, les fenêtres, les lucarnes. Le dernier exemple en date est lié à l’installation du Centre Médico-Sportif dans les locaux de l’hôpital. On a encore besoin de commu- niquer, de développer des complémentarités avec les professionnels libéraux. Pas seulement les géné- ralistes mais aussi les pharmaciens, les infirmières, les kinés. L.P.P. : Avez-vous prévu de revenir séjourner dans le Haut- Doubs ? D.B. : Oui. Ici, on a développé beaucoup d’attaches en profitant notamment des charmes de la moyen- ne montagne. C’est sûr, on reviendra. Propos recueillis par F.C.

médecine, la pharmacie, la réhabilitation de l’ancien hôpital. Sur le plan de la production de soin, l’enjeu sera de renforcer certaines disciplines de médeci- ne. En pneumologie, gastro-entérologie notamment. On vient juste de recruter une jeune endocrino- logue. Il faudra aussi conforter l’organisation, la loi “hôpital-santé-territoire”. L.P.P. : Qu’est-ce qui vous a beaucoup plu dans cet hôpital ? D.B. : La cohérence entre les différents acteurs du C.M.E. (commission médicale d’établissement), conseil de surveillance, direction, chefs de pôles. Il n’y a pas de dissension sur la politique générale. L.P.P. : On peut considérer que vous êtes de loin le plus gros employeur du Haut-Doubs ? D.B. : Probablement puisque l’effectif avoisine 1 200 personnes. On doit en ajouter 200 si l’on compte les hôpitaux de Mouthe, Nozeroy et Levier. On a réduit de façon importante la durée de mise en stage qui s’applique au remplacement des postes vacants. Le délai varie maintenant entre deux et trois ans. L.P.P. : Que va-t-il advenir du vieil hôpital ? D.B. : L’espace aujourd’hui inoccupé représente les 2/3 de la surface. L’idée, c’est de concéder ces locaux à un promoteur qui les viabilisera en logements dans le respect du cahier des charges établi avec l’hôpital. Cela va permettre de générer une source d’autofinancement. On n’a pas les moyens de la réhabilitation et on n’a pas non plus besoin de ces surfaces. L.P.P. : Connaissez-vous votre successeur ? D.B. : Non. Il sera nommé fin janvier par l’Agence

L.P.P. : Et vos rapports avec le personnel ?

D.B. : L’hôpital dispose d’un corps médical de qualité où l’on retrou- ve les qualités des montagnards. Des gens dynamiques, rigoureux. L.P.P. : Pas trop de souci de recrutement ? D.B. : On ne subit pas forcément une fuite de personnel vers la Suisse comparativement à ce qui se pas- se àAnnecy ouThonon par exemple. On fonctionne même plutôt en bon- ne intelligence avec nos voisins. On pourrait même espérer plus de coopération, en essayant de voir ce que l’on pourrait faire ensemble dans la production de soin ou en terme de formation. C’est peut-être un objectif à intégrer dans le pro- chain projet d’établissement 2011- 2015. Par rapport aux médecins, on a des soucis de recrutement en pédiatrie, gynécologie, psychiatrie Mais jamais au point de menacer l’avenir d’un service. L.P.P. : Quelles seront les grandes orien- tations du prochain projet d’établissement ? D.B. : La feuille de route compren- dra la poursuite du plan directeur. Il est prévu d’investir encore 20 mil- lions d’euros. En particulier dans l’amélioration de l’hôtellerie en

“On a même ouvert les portes, les fenêtres, les lucarnes.”

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