Journal C'est à dire 252 - Mars 2019

D O S S I E R

SIRE Sylvain MOTOCULTURE

PLUS DE 150 ESPÈCES EN RÉGRESSION “S.O.S. NATURE” DANS LE HAUT-DOUBS

NOUVELLE GÉNÉRATION D’OUTILS PORTES OUVERTES LES 5, 6 ET 7 AVRIL 2019 à découvrir à l’occasion des de 8h à 12h et de 14h à 19h

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La haute chaîne du Jura dernier refuge du Grand Tétras À l’heure où l’on s’alarme du sort du grand panda ou de l’ours blanc, le Haut-Doubs subit lui aussi une régression significative, sans doute unique dans son ampleur, dans sa diversité animale et végétale. Rares sont les espèces de fleurs, d’insectes, d’oiseaux, de mammifères qui ne soient pas menacées à plus ou moins long terme. Urbanisation, pratiques agricoles, pollution de toutes sortes, réchauffement climatique, les causes du désastre sont multiples et les solutions pour inverser la tendance sont bien compliquées à mettre en place. Oiseaux

La situation du coq de bruyère dans le Doubs continue de se dégrader avec un effet de repli sur les zones les plus élevées. Il ne resterait plus que 280 à 300 individus sur le massif. Explications.

L a survie de cette espèce emblématique du mas- sif du Jura est un sujet de préoccupation per- manent depuis des décennies. Ce qui a justifié en 1991 la créa- tion d’une entité spécifique à savoir le Groupe Tétras Jura. Basée aux Bouchoux dans le Haut-Jura, cette association emploie trois salariés et s’occupe donc du Grand Tétras et de la Gélinotte des bois. “Dans le département du Doubs, on constate que la population de Grand Tétras diminue. 90 % de la population se concentre dans les massifs du Risol et du Mont

printemps, sur les places de chant où tous les coqs se retrou- vent à la parade. Ce spectacle implique d’avoir l’autorisation des services de l’État, l’espèce bénéficiant de différentes pro- tections dont un arrêté minis- tériel de 2009 interdisant tout dérangement intentionnel. L’an dernier, 21 coqs chanteurs ont été identifiés sur les zones de chant des massifs Mont d’or - Risol. Il faut multiplier par 2 ou 3 pour avoir l’effectif global, soit une population qui varie entre 50 et 60 individus dans le Doubs. “En 2013, année record, on avait compté 31 coqs chanteurs. Ce qui signifie que l’on a perdu un tiers de l’effectif en cinq ans. Ces pertes sont seulement le fait des massifs périphériques. On le regrette pro- fondément car cela permettait des échanges entre sites.” Com- ment expliquer ce déclin qui semble inéluctable même si le sursaut démographique de la population du Mont d’or donne de l’espoir. “C’est une question multifactorielle” , souligneAnaïs Mottet. L’habitat propice au Grand Tétras avec des clairières en forêt tend à se réduire. L’oiseau est aussi très sensible au déran- gement et le slogan touristique

d’or. Assez paradoxalement, on note même un petit emballement démographique sur ce foyer, contrairement à ce qui se passe sur les massifs périphériques du Laveron, du Larmont où la situa- tion se dégrade” , explique Anaïs Mottet chargée de mission au GroupeTétras Jura. Le suivi des populations de coqs et de géli- nottes relève d’un travail par- tenarial avec l’O.N.F. et l’O.N.C.F.S. Des bénévoles passionnés d’or- nithologie apportent aussi leur concours. Le comptage des Grands Tétras s’effectue lors de la période de reproduction, au

Particulièrement bien adapté aux grands froids, le Grand Tétras subit désormais le contrecoup du réchauffement climatique.

de faire du Jura un terrain d’ex- ploration en toute liberté n’est pas toujours à son avantage. Ce gros coq est aussi une proie pour quelques prédateurs comme la martre voire le lynx. Le réchauf- fement climatique joue-t-il en défaveur de cet oiseau particu- lièrement adapté au grand

limitant le dérangement.Comme ce fut le cas en 2012 avec le tra- vail mené dans le cadre du par- cours de la Transju’ écartée des zones sensibles. Devra-t-on un jour imaginer des réintroduc- tions ? “Pour l’instant, on n’est pas du tout engagé dans cette optique. Cela sous-entendrait une autre approche. On réalise que la population baisse et qu’il faut aborder le sujet. Il y aura toujours des GrandsTétras dans 20 ou 30 ans. Si les actions menées pour sa protection s’avè- rent inefficaces, je ne suis pas sûr de tenir le même langage dans 50 ans. Chacun doit tenir son rôle.” n F.C.

pénalise les poules qui s’alimen- tent moins bien.” La chargée de mission estime que la gélinotte des bois se porte un peu mieux que le Grand Tétras. Les deux espèces constituent des bio-indi- cateurs d’une forêt riche en termes de biodiversité. À l’échelle dumassif du Jura, 79 coqs chan-

froid ? Le réchauffe- ment accélère l’expan- sion du hêtre qui bloque les déplace- ments du Tétras. “Le pic d’éclosion des

teurs ont été dénom- brés en 2018, soit un effectif global qui varie entre 280 et 300 individus. Les solu- tions pour conforter

Perdu un tiers de l’effectif en cinq ans

la présence du Grand Tétras dans le Jura passent par des actions concertées allant dans le sens de la conservation de l’es- pèce en préservant l’habitat, en

nichées se produit maintenant avec deux semaines d’avance et ne coïncide plus avec celui des insectes. La redondance des prin- temps plus humides qu’avant

Entre 20 et 30 coqs chanteurs identifiés dans le Doubs où l’espèce n’est plus présente que dans deux massifs.

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