Journal C'est à dire 213 - Septembre 2015

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M O N T B E N O Î T E T L E S A U G E A I S

La crise porcine n’épargne pas les éleveurs du Haut-Doubs Les I.G.P. sur le porc comtois et les saucisses de Morteau et Montbéliard ne suffisent pas à sécuriser totalement la filière porcine locale qui subit la dégringolade des prix. Maisons-du-Bois-Lièvremont

“O n est touché com- me les autres. Pour nous aussi le prix de base, c’est le cadran breton. Si l’on additionne la prime qualité et la prime régionale, cela repré- sente tout au plus entre 2 et 6 centimes de profit pour les éle- veurs en filière I.G.P. Il en manque pour combler les 25 cen- et production de lait à comté. La prime I.G.P. s’applique seu- lement à une partie de la vian- de. “Quand on a 40 % voire 50 % du volume valorisé en saucis- se de Morteau, c’est le bout du monde. Le reste part sur le mar- ché standard. On a aussi droit à un petit supplément sur la viande fraîche avec l’I.G.P. porc de Franche-Comté mais c’est assez insignifiant.” L’agriculteur indique aussi que dans le Grand Est de la France, le marché n’est pas saturé. On recherche des porcs en les payant au même prix qu’à l’Ouest. Les contraintes climatiques et times de baisse” , obser- ve Yannick Pourchet ins- tallé à Lièvremont sur une exploitation mixte associant élevage de porcs

agronomiques pèsent chez les éleveurs de montagne qui doi- vent investir dans les bâtiments adaptés et n’ont souvent pas d’autre choix que d’acheter des céréales. Les cours du soja et du colza sont assez hauts. Un détail qui a son importance quand on sait que l’alimentation représente 70 à 75 % du prix de revient. “Les seuls qui s’en sor- librer sans boucher les trous car entre-temps on nous demande aussi des mises aux normes.” Les Français sont champions d’Europe sur ce plan-là contrai- rement à leurs voisins allemands ou espagnols qui non seulement bénéficient d’une main-d’œuvre moins chère mais travaillent dans un cadre environnemental beaucoup plus souple. Une injus- tice estime d’ailleurs Philippe Monnet le président de la F.D.S.E.A. du Doubs. “Avec toutes ces contraintes, on manque de compétitivité. Cette guerre éco- nomique est aussi amplifiée par l’embargo russe qui oblige les tent sont ceux qui sont en vente directe. Nous, on courbe le dos. À 1,40 euro le kg, on par- vient tout juste à rééqui-

Allemands et Espagnols à se tour- ner vers le marché européen.” À Lièvremont, son collègue Yan- nick Pourchet n’est pas très confiant à court terme. “Je suis persuadé que les prix ne remon- teront pas avant l’an prochain. Heureusement qu’on produit aus- si du lait à comté. On a quelques jeunes qui voudraient s’installer mais faute de visibilité sur l’avenir, les banques ne suivent pas.” Pourquoi continuer dans cette logique porcine ? “C’est dif- ficile d’arrêter quand il y a des investissements en cours” justi- fie l’éleveur qui admet que la situation est pénible à vivre au quotidien. D’autant plus que sur le plan technique, les éleveurs locaux n’ont rien à envier aux autres. Quelles solutions sont envisa- geables ? Philippe Monnet qui sera à Paris pour la manifes- tation du 3 septembre souhaite que les politiques règlent la ques- tion de l’embargo russe. “Ce n’est pas aux paysans de payer les pots cassés. On va demander des dégagements de viande en dehors de l’Europe. On doit aussi accom- pagner les éleveurs dans la modernisation des bâtiments

“On courbe le dos.”

“Je suis persuadé que les prix ne remonteront pas avant l’an prochain”, déplore Yannick Pourchet, éleveur à Lièvremont.

d’élevage. C’est loin d’être négli- geable. Dans un bâtiment ancien, il faut 3 kg d’aliments pour obte- nir 1 kg de viande. On passe à

2,5 kg dans du neuf pour le même résultat. En France, il faut aussi faciliter la création de nou- velles porcheries et non pas

mettre le holà à chaque tenta- tive. Ce n’est pas interdit non plus de consommer français.” F.C.

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