La Presse Bisontine 122 - Juin 2011

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 122 - Juin 2011

48

BESANÇON

Bijouterie-horlogerie Maty est “en recrutement permanent” Oublié le cambriolage du 3 mai dernier.

Le nouveau directeur général de Maty fait le point sur les priorités du bijoutier bisontin inventeur de la vente de bijoux à distance. Parmi ses priorités, l’ouverture de nouveaux magasins.

L a Presse Bisontine : Le cambriolage dont Maty a été victime début mai n’est plus qu’un mauvais souvenir ? aurent Maucort : Nous n’aurons au final aucun préjudice financier et surtout nous n’avons eu aucun préjudice humain. L’enseignement principal de ce fait-divers, c’est qu’on ne s’attaque pas impunément au site de Maty. Nos valeurs sont en chambre forte la nuit, nous avons une équipe de surveillan- ce en interne, nous sommes équipés de télésurveillance… Si cette mésa- venture peut servir d’exemple aux can- didats potentiels, c’est très bien. L.P.B. : Revenons à l’actualité “ordinaire” de Maty. Vous êtes arrivés à la tête de l’entreprise en fin d’année.Vous qui étiez auparavant direc- teur général de Krys et plus tôt de l’enseigne “Du Pareil au Même”, quelle est votre feuille de route chez Maty ? L.M. : Mon projet est d’abord d’assurer le développement des magasins en France et en même temps de renfor- cer la vente à distance. D’où la com- pétence que cherchait le groupe Géma- fi (Gérard Mantion Finance) d’un homme qui venait du monde de la dis- tribution. Ma feuille de route s’articule autour de trois axes principaux : dou- bler le réseau de bijouteries dans les trois ou quatre prochaines années en améliorant notre couverture nationa- le. Le schéma est également d’adopter une méthode et un process encore plus performant. Le deuxième axe consis- te à travailler sur les fondamentaux de l’entreprise, à savoir la vente à dis- tance, en développant la partie web . Enfin, troisième priorité : travailler sur l’identité de la marque, son posi- tionnement, la communication et les prix. L.P.B. : Que représente aujourd’hui la vente au détail par rapport à la vente à distance ? L.M. : Le rapport est de 70-30 : 70 % ventes à distance et 30 % “retail”, la vente au détail. En développant la ven- te au détail, c’est aussi un nouvel axe stratégique que nous devons dévelop- per en faisant acquérir à nos collabo- rateurs une culture de la distribution, donc un rythme de travail différent notamment. Les deux canaux de ven- te sont vraiment différents.

L.P.B. : À l’heure d’Internet, n’est-ce pas incohérent de vouloir porter vos efforts sur la vente en magasins ? L.M. : Non, il y a une vraie complémentari- té entre les deux canaux. Si nous vou- lons pousser les feux sur nos bijouteries, c’est d’abord parce que nos actionnaires le sou- haitent (N.D.L.R. : Maty est détenu à 100 % par la famille de Gérard Mantion), mais aussi parce qu’il y a de vraies opportu- nités stratégiques. Le

“En 2011, 5 ouvertures sont prévues.”

Laurent Maucort est arrivé à la tête de Maty en octobre dernier.

marché du bijou est très éclaté. La moitié de ce marché est encore déte- nue par les bijouteries de quartiers, si bien que les quatre plus gros acteurs de ce marché représentent à peine 10 % du volume global des ventes. Entre les principaux acteurs de la gran- de distribution que sont “Le Manège à bijoux”, Marc Orian et Histoire d’Or, et les boutiques haut de gamme, il y a un vrai créneau pour Maty. Cela va nous obliger à nous adapter pour être plus proches des consommateurs du centre-ville. Les créneaux sont com- plémentaires aussi parce que notre clientèle vente à distance tradition- nelle est plus rurale. L.P.B. : Vous avez 25 magasins en France (essentiellement dans le Grand Est). Quel est l’objectif à terme ? L.M. : En 2011, 5 ouvertures sont pré- vues. L’objectif à trois ans est d’être présents dans 50 villes de plus de 100 000 habitants en rééquilibrant géographiquement notre présence. Les quatre prochaines ouvertures de l’année se feront plutôt dans la partie Ouest de la France. L’objectif de notre stra- tégie est d’équilibrer à 50-50 entre la vente à distance et les magasins. L.P.B. : Internet n’est donc pas l’ennemi des magasins ? L.M. : Pas du tout. C’est d’ailleurs là que la complémentarité est la plus for- te. Dans ce domaine, 1 + 1 est supé- rieur à 2. 70 % des Français préparent

l’horlogerie, ce sont les gènes de Maty. Nous vendons essentiellement des montres moyen de gamme en vente à distance et on distribue d’autres marques dans nos magasins. L’horlogerie représente 15 % de notre chiffre d’affaires en magasins, et 7 ou 8 % en vente à distance. On a encore de la marge. Par rapport à nos concur- rents, nous sommes les seuls à avoir un vrai service de réparation dans nos ateliers bisontins, y compris pour l’horlogerie ancienne. Nos clients nous attendent aussi sur ce point-là. Cet atout supplémentaire nous permet de nous distinguer des autres distribu- teurs. L.P.B. : Lorgnez-vous sur les marchés à l’étranger ? L.M. : L’essentiel est déjà pour nous de renforcer notre position sur le terri- toire national en développant nos maga- sins et en confirmant la pertinence de notre modèle économique. Chaque pays a ses spécificités en matière de bijoux, contrairement à d’autres marchés com- me le textile ou l’électronique par exemple. Le bijou, c’est dans l’inconscient et dans des cultures qui remontent très loin. C’est la raison pour laquelle un développement inter- national est loin d’être évident, ce n’est pas notre priorité. Propos recueillis par J.-F.H.

toire d’Or et Marc Orian, et Maty ensui- te. Un fonds de pension a racheté récem- ment Histoire d’Or et Marc Orian. Maty réalise un peu plus de 100 mil- lions d’euros de chiffre d’affaires par an. L.P.B. : Maty est une société indépendante et compte le rester ? L.M. : Il n’y aucune volonté des action- naires de perdre l’indépendance de Maty. Maty est farouchement attaché à son ancrage familial et bisontin. L.P.B. : Maty restera donc une société bison- tine ? L.M. : Tout est intégralement basé à Besançon, sauf évidemment nos maga- sins en France. Sur 750 salariés, 600 sont sur Besançon. Nous allons créer des emplois cette année encore, sur- tout dans les boutiques, et nous renou- velons beaucoup nos équipes pour com- penser les fins de carrière et apporter de la compétence supplémentaire. Nous sommes en permanence en recrute- ment. L.P.B. : Quel est le volume de bijoux expédiés chaque année de Besançon ? L.M. : Nous expédions 1 million de colis par an, soit 1,5 million de pièces. L.P.B. : Misez-vous toujours sur l’horlogerie ? L.M. : Nous n’oublions pas que

leurs achats en magasin sur Internet.

L.P.B. :Allez-vous à terme supprimer vos cata- logues papier ? L.M. : Non plus. Nous envoyons actuel- lement 2 millions de catalogues par an (un catalogue tous les six mois). Il n’est pas question de supprimer cela même si l’objectif est que le web repré- sente àmoyen terme 50%de nos ventes à distance.Tout démontre que le papier et le web sont complémentaires.À nous d’être intelligents pour trouver les points de synergie, également entre le web et les magasins. L.P.B. : L’avènement d’Internet et la multipli- cation des sites ne sont-ils pas néfastes à Maty ? L.M. : Maty est sur le web depuis 1999, bien avant les autres. Nous sommes leaders en France des ventes de bijoux par Internet. Les sites de ventes pri- vées existent mais ils ne nous font pas d’ombre. Notre site progresse tous les ans. Ce travail entre la vente à dis- tance classique, le web et les maga- sins est un travail de mécanique de précision, un travail permanent pour ajuster nos curseurs. L.P.B. : Comment se situe Maty par rapport à la concurrence ? L.M. : Il y a en premier le Manège à bijoux (enseignes Leclerc), puis His-

550 salariés travaillent sur le site historique du

boulevard Kennedy.

Objectif de la direction : doubler le nombre de points de vente en France (ici le magasin de Dijon).

Made with FlippingBook Annual report