La Presse Bisontine 122 - Juin 2011

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 122 - Juin 2011

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Les 4 et 5 juin, le grand maître du Grand Orient de France, la principale obédience française, sera présent à Besançon. La loge bisontine “Sincérité, parfaite union et constante amitié réunies”, plus connue sous son acronyme S.P.U.C.A.R., organise dans la capitale comtoise le 122 ème congrès des loges de l’Est et de la Suisse. Volonté d’ouverture ou tentative de faire taire tous les bruits erronés qui courent encore sur la franc-maçonnerie, la loge bisontine accueille même la presse à l’occasion de la venue du grand maître Guy Arcizet. Les francs-maçons bisontins lèvent le voile sur une partie de leur organisation. Qui sont les “frères” bisontins, comment se structure la franc-maçonnerie depuis son apparition dans la capitale comtoise dès le milieu du XVIII ème siècle, la maçonnerie est- elle toujours un réseau d’influence ? La Presse Bisontine a tenté de percer le mystère. BESANÇON, CAPITALE DE LA FRANC-MAÇONNERIE

SOCIÉTÉ

13 loges à Besançon Les francs-maçons lèvent une partie du voile

Le secret a toujours été une des raisons d’être de la franc-maçonnerie. Trop ? Sans doute, car du secret sont nées d’innombrables questions, sinon suspicions, autour de l’activité des “frères” et des “sœurs”. Qu’en est-il à Besançon ?

Le congrès de Besançon B esançon appartient à la 6 ème des 17 régions du Grand Orient de France, une des plus importante qui sʼétend de Montélimar à Langres, en passant par Besançon, Belfort et la Suisse voisine. Cette 6 ème région comprend 102 loges et 4 200 membres. La loge S.P.U.C.A.R. de Besançon qui organise ce congrès compte à ce jour 52 “frères” maçons. Durant ce congrès bisontin, le grand maître du Grand Orient de France, Guy Arcizet, un médecin généraliste élu en septembre dernier au sommet de la maçonnerie française, sera présent. Guy Arcizet et les membres du congrès recevront un accueil “républicain” du mai- re de Besançon et du président du Conseil général du Doubs. Ni Marie-Guite Dufay, présidente de Région ni Christian Decharrière, préfet du Doubs, ne seront pré- sents. À la mairie de Besançon, on justifie sans complexe cet accueil : “Cʼest la même chose quand François Hollande vient à Besançon. Le maire se doit dʼêtre à lʼécoute de la vie de la société et comme la franc-maçonnerie se veut un labo- ratoire dʼidées, un élu municipal ne peut pas être fermé à des mouvements qui font partie de la vie” dit-on dans lʼentourage de Jean-Louis Fousseret.

I ls sont 340 “frères” ou “sœurs” bison- tins à appartenir à une des 13 loges de la ville (voir ci-contre). Leur Q.G. : les 3 et 5 de la rue Émile- Zola, en face du collègeVictor-Hugo au centre-ville de Besançon. Derrière la façade de calcaire de l’ancienne chapelle des Antonins qui se situe à l’angle des rues Zola et du Lycée, les travaux se ter- minent. À l’étroit dans leurs murs, les francs- maçons bisontins ont procédé à de vastes travaux de réhabilitation, aménageant un second temple, une vraie salle de res- taurant et de convivialité, dite salle “humide” de 80 couverts, ainsi qu’une bibliothèque destinée à toutes les loges bisontines. 350 000 euros ont été inves- tis par le “Cercle patrimonial S.P.U.C.A.R.”, l’association qui gère l’immobilier de la rue Zola. Les travaux ont été financés par un emprunt, une subvention de 120 000 euros du Grand Orient de France et la cotisation des “frères” de la loge S.P.U.C.A.R. (Sincé- rité, parfaite union et constante amitié réunies). Toutes les loges bisontines se réunis- sent ici, dans ces locaux appartenant au cercle patrimonial, l’association que financent chacune à sa hauteur les 13 loges bisontines. Accusée de tous les maux, soupçonnée de tous les vices, pointée du doigt pour ses dérives supposées ou ses connivences avec le pouvoir, la franc-maçonnerie ten- te de se racheter une virginité.À Besan- çon clairement, on souhaite plus de trans- parence. “C’est une nécessité pour la franc-maçonnerie de communiquer. On fonctionnait de manière discrète, voire

“En ce moment, nous avons beaucoup d’initiations” note Jean-Claude Fontai- ne, un des piliers de la loge S.P.U.C.A.R. La mission officielle des francs-maçons bisontins est de “former les individus, leur faire profiter de nos échanges et des progrès qu’on est capables d’apporter sur différents thèmes.” Parmi les tra- vaux discutés actuellement par les francs- maçons bisontins, plusieurs questions d’actualité : “La mondialisation et la solidarité sont-elles compatibles ou anti- nomiques ?” Ou encore “L’intégrisme ne commence pas quand la bombe explose mais quand la pensée se fige.” Ou bien “Comment et sur quels critères doivent être traités les étrangers en situation irrégulière ?” Question plus politique : “La décroissance, régression ou prise de conscience ?” De vraies questions pour le bac de philo ! On dit de la franc-maçon- nerie actuelle qu’elle n’aurait plus autant d’influence qu’avant dans les progrès de la législation française. “La franc-

secrète selon certains. Notre objectif est bien de dire ce que l’on est, on ne peut pas continuer à fonctionner en vase clos” affirme Jean-Jacques Werthe, franc- maçon bisontin et président du Congrès qui se tiendra à Besançon les 4 et 5 juin, une assemblée qui réunit 102 loges pour 4 200 “frères” au total. Se défendant de faire du prosélytisme, les francs-maçons bisontins s’estiment

“ouverts à toutes les per- sonnes qui seraient inté- ressées par notre démarche” ajoute M. Werthe. La franc-maçon- nerie bisontine connaî- trait-elle une crise des “vocations” ? Si la plu- part des loges ont res- senti une certaine éro- sion de leur effectif, de nouvelles se sont créées récemment et d’autres recrutent à nouveau.

“En ce moment, nous avons beaucoup d’initiations.”

Les francs-maçons de Besançon vont entrouvrir leur porte début juin. Une volonté du Grand Maître du Grand Orient de France.

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