La Presse Bisontine 122 - Juin 2011

La Presse Bisontine n° 122 - Juin 2011

7

Repères 13 loges maçonniques à Besançon Les maçons et maçonnes bisontins sot au nombre de 340 cette année. Soit 2,8 francs-maçons pour 1 000 habitants. Quelles sont les obédiences représentées ?

TROIS QUESTIONS À… Guy Arcizet “Nous faisons du lobbying éthique” Le grand Maître du Grand Orient de France sera présent à Besançon début juin pour “prêcher la bonne parole”, notamment auprès des élus locaux.

Chaque loge maçonnique bisontine se réunit dans le temple de la rue Zola, à raison de deux réunions par mois en moyenne.

Le Grand Orient de France avec 4 loges : - S.P.U.C.A.R., la plus ancienne et la plus fréquentée avec 52 frères. - Fraternité 1877 avec 48 frères. Pierre-Joseph Proudhon avec 21 frères. - Sincérité 1870, la plus récente, avec 17 frères. La Grande Loge nationale Française avec 2 loges “Claude-Nicolas Ledoux” et “Utinam” et 45 frères. La Grande Loge de France avec 2 loges et une quarantaine de frères. Le Grand Prieuré des Gaules (francs-maçons chrétiens de France) avec 1 loge “Orient de Besançon” et une quinzaine de frères. La Grande Loge Traditionnelle Symbolique Opéra avec 1 loge et une vingtaine de frères. La Grande Loge Féminine de France avec 2 loges et une trentaine de sœurs. La Fédération Française du Droit Humain obédience mixte avec 2 loges et une soixantaine de membres.

Guy Arcizet, grand maître

du Grand Orient de

France, sera accueilli par Claude Jean- nerot et Jean-Louis Fousseret.

L a Presse Bisontine : Quel message venez-vous livrer à Besançon ? Guy Arcizet : Je viens apporter à mes frères un peu de coloration de

l’évolution duGrand Orient de Fran- ce. Nous sommes dans une pério- de sociétale un peu particulière avec ses troubles à tous niveaux. Le Grand Orient est très impliqué sur le plan social et je pense qu’il est nécessaire de délivrer nos messages qui correspondent aux valeurs de la République, de solidarité, de laï- cité… Avec les luttes politiciennes actuelles sur fond de délitement du tissu social, c’est très important de réaffirmer ces valeurs. L.P.B. : Vous poursuivez donc un but poli- tique ? G.A. : Sans conteste. Je fais en ce moment le tour de France, notam- ment à la rencontre des élus locaux et nous nous manifesterons de plus en plus à l’approche de la prési- dentielle. Nous allons rencontrer tous les prétendants pour leur dire qu’il y a des valeurs avec lesquels on ne transige pas. Je fais notam- ment allusion avec la montée des thèses extrémistes. Nous faisons un vrai lobbying éthique. Les loges sont sans doute trop fermées et j’incite mes frères à faire ce travail de lobbying . C’est d’ailleurs sou- vent les élus qui nous contactent, ceux-là même qui nous attribuent ce pouvoir “illusoire”. Par notre tra- vail, on peut bien sûr continuer à influer sur eux. L.P.B. : Comment se porte la franc-maçon- nerie ? G.A. : Nos effectifs augmentent régu- lièrement. Le Grand Orient de Fran- ce dépasse les 50 000 adhérents. Avec les frères et les sœurs des autres obédiences, il y a 120 000 à 130 000maçons en France. Le chiffre progresse de 2 à 3 % tous les ans.

maçonnerie fait avancer les lois, mais jamais de façon directe” répond Jean- Claude Fontaine. Si elle se veut plus ouverte et plus trans- parente, la franc-maçonnerie bisonti- ne continue cependant à se plier à des règles strictes. Et même si récemment le Grand Orient de France a laissé entendre que les femmes n’étaient plus indésirables dans les loges, elles res- tent très minoritaires sur Besançon où seules deux des 13 loges sont mixtes et une seule 100 % féminine. Chez S.P.U.C.A.R., l’initiation d’une femme ne semble pas pour demain. “Le convent de 2010 a constaté que nulle part dans le règlement du Grand Orient de Fran- ce il était écrit que les femmes sont inter- dites. Mais comme il n’y a pas encore de “décret d’application”, on est encore dans un non-dit. Les loges font ce qu’elles veulent et chez nous, on reste stricte- ment masculin” indique Jean-Claude Fontaine. Pour les “frères” de S.P.U.C.A.R., l’entrée des femmes serait “contre la sérénité des discussions” ajou- te un autre frère. Moins machistes, d’autres loges bison- tines appartenant au Grand Orient de France ont entrouvert leurs portes aux femmes. C’est le cas de la loge “Pierre- Joseph Proudhon” qui a récemment affi- lié deux “sœurs” appartenant déjà à la grande loge féminine de Besançon. La loge “Fraternité 1877”, elle, “accepte les femmes en visiteurs.” Une autre loge, plus récemment créée à Besançon, n’accepterait aucunement les femmes “à cause du rite templier qu’elle pra- tique.” Bref, si le secret tombe peu à peu sur l’activité des francs-maçons, le res- pect des rites et de la tradition ne sont pas prêts à se fissurer. La franc-maçon- nerie conservera la plupart de ses mys- tères. Tout simplement parce que c’est son fonds de commerce et sa raison d’être. J.-F.H.

HISTOIRE

Choderlos de Laclos

Besançon, vieille ville franc-maçonne La plus ancienne loge bisontine remonte à 1764, ce qui fait d’elle une des plus vieilles de France. La maçonnerie bisontine, de Lacoré à Henri Huot.

L a toute première loge bisonti- ne, baptisée “La Sincérité” a été créée au plus tard en 1764, date des premiers textes officiels qui attes- tent de son existence. Restée vivan- te sans interruption jusqu’à nos jours, elle est par conséquent une des plus anciennes loges de France, aujour- d’hui connue à Besançon sous le nom de S.P.U.C.A.R. (Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié réunies) après sa fusion avec d’autres loges au cours de l’histoire. “La loge “La Parfaite Union” a sans doute été créée en 1772, elle a fusionné avec “La Sin- cérité” en 1785 pour donner naissance à la loge “Sincérité et Parfaite Union”. Puis c’est en 1845 que la loge “Constan- te Amitié”, installée en 1819, a fusion- né avec la loge précédente pour don- ner naissance à la loge “Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié réunies” détaille un historien local de la franc-maçonnerie. Parmi les membres éminents de la loge au milieu du XIX ème siècle, l’utopiste Pierre-Joseph Proudhon. Avant lui, l’intendant de Franche- Comté Charles-André de Lacoré (qui a sa rue vers le théâtre) a été le

l’armée. Plus près de nous, l’ancien adjoint au maire Henri Huot, à l’origine de la création du C.C.A.S. sur Besançon et instigateur sur le plan national du R.M.I. a été un des fondateurs de la loge “Pierre-Joseph Proudhon”. J.-F.H.

grand maître de la première loge bisontine. Un autre maçon célèbre avait été missionné en Franche-Com- té par le Grand Orient de France pour installer une autre loge : Cho- derlos de Laclos, l’auteur des Liai- sons Dangereuses, alors en poste à Besançon comme capitaine de

1764, année officielle de la création de la première loge bisontine.

Propos recueillis par J.-F.H.

Made with FlippingBook Annual report