La Presse Bisontine 49 - Novembre 2004

L’ INTERVI EW DU MOIS

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Éditorial

L IVRE “Les hommes à terre”

Bernard Giraudeau : “J’aime les gens qui rêvent”

Tabou Parler de la mort est encore indé- cent. Que dire quand on évoque le marché de la mort ? Scandaleux diront les bien-pensants, et pour- tant. La mort est devenue au fil des ans l’affaire de professionnels, à tel point qu’elle aurait parfois presque tendance à sortir du giron familial. Efficacité, discrétion, anonymat. Le constat est particulièrement valable dans les grandes villes, peut-être pas encore à Besançon, mais douce- ment, les “rites funéraires” tellement utiles au lien social, disparaissent au profit d’une organisation tellement huilée qu’elle en perd beaucoup de son humanité. Les cortèges pom- peux qui parcouraient les villes autre- fois, à grand renfort de cérémonial, s’ils paraissent désuets aujourd’hui, avaient une signification certaine. Le défunt était accompagné, “porté” par tout un “groupe”. Aujourd’hui, la discrétion est devenue le gage de qualité d’obsèques “dignes”. Or, la mort ne doit pas être rangée en mar- ge de la vie en société, elle en fait partie intégrante et pour le compte, doit se montrer, sous toutes ses facettes y compris économiques. Les sociétés de pompes funèbres elles-mêmes prônent la transparen- ce. Épinglées dans le passé à maintes reprises par le conseil de la concur- rence, les opérateurs funéraires doi- vent aujourd’hui accepter de recon- naître qu’ils sont les acteurs d’un véritable marché, avec les lois qui vont avec : guerre des prix, straté- gies commerciales. Si elles ont du mal à l’admettre, c’est qu’elles sou- haitent maintenir la mort dans le tabou. Il est nécessaire de désacraliser ce thème pour mieux en parler et l’ap- préhender. Sur le plan économique, la loi de 1993 devait contribuer à aller dans le sens d’une plus grande trans- parence. Sur le plan philosophique, outre cet anonymat croissant, le déve- loppement régulier de la crémation en France en général, et à Besançon en particulier, est révélateur aussi de l’idée que les morts ne doivent plus “encombrer” le monde des vivants. Il est parfois utile de se remémorer la manière dont on respectait les défunts et la mort dans d’autres civi- lisations. C’est en même temps une façon de respecter la vie et ceux qui restent. !

Acteur, documentariste, réalisateur, interprète, écrivain… Bernard Giraudeau multiplie les rôles. Après un livre de contes pour enfant “les Contes d’Humahuaca” et un livre “Le Marin à l’ancre”, il publie “Les hommes à terre”, un roman qu’il présentait à la librairie Camponovo à Besançon le 8 octobre dernier. Rencontre.

L a Presse Bisontine : Com- ment se passe votre jour- née bisontine ? Bernard Giraudeau : J’ai ren- contré des élèves de l’école pri- maire Bourgogne à Planoise. Ils avaient étudié mon livre “les contes d’Humahuaca” et nous en avons discuté. J’ai ensuite dédicacémon nouveau livre “Les Hommes à terre” et

pris surtout beaucoup de notes de voyage. L’écriture a tou- jours été présente dans ma vie. Avec plus ou moins d’in- tensité, mais toujours pré- sente. L.P.B. : Étant jeune, vous étiez marin. Est-ce le sujet principal de votre dernier livre “les hommes à terre” ?

L.P.B. : Vous-même, vous rêvez ? B.G. : Il faut savoir rêver et savoir explorer lemonde, tout en ayant un regard lucide sur la réalité des choses. On peut rêver à de belles choses. Les rêves sont des fragments d’autres vies. L.P.B. : Vous parlez d’un domaine que vous connaissez bien dans votre livre. Quelle est la part d’imagi- naire et la part autobiographique ? B.G. : On se base toujours sur des choses connues. C’est dif- ficile de faire autrement. Pour beaucoup, c’est inventé, c’est imaginaire. Les lieux, les per- sonnages, les histoires… Mais je n’imagine jamais sans réfé- rences et certaines de ces réfé- rences font évidemment par- tie demon passé. Ça peut être inspiré demon passé, mais en aucun cas autobiographique. L.P.B. : Vous vous êtes essayés à différentes formes d’art. Y en a t- il encore que vous n’avez pas explo-

B.G. : Non, je ne racon- te pas des histoires de marin. Ces his- toires (5 nouvelles) partent souvent d’un port, mais c’est une image complètement symbolique. Dans un port, on voit des hommes qui échouent, des

une soirée rencontre- lecture était organi- sée ce soir, pour un moment plus convi- vial et détendu. L.P.B. : Vous écriviez étant jeune et à nouveaumain- tenant. L’écriture vous a- t-elle manqué entre ces deux périodes ?

Bernard Giraudeau, derrière l’acteur, l’écrivain.

“Les rêves sont des fragments d’autres vies.”

L.P.B. : Avez-vous d’autres projets d’écriture ? B.G. : Sûrement. J’ai beaucoup d’autres histoires en tête. Elles finiront sûrement par abou- tir sur le papier. Et puis je vieillis, ma mémoire est défaillante, alors il faudra bien finir par les noter si je ne veux pas les perdre défi- nitivement… ! Propos recueillis par G.C.

ré et qui vous attirent ? B.G. : Actuellement, l’écriture me satisfait relativement. Je prends beaucoup de plaisir à écrire et aussi à entendre les gens dirent le bonheur qu’ils ont eu à me lire. Les ren- contres avec les lecteurs sont très importantes pour cela, pour savoir comment ils ont ressenti les choses. Les gens m’ont toujours demandé de leur raconter des histoires. Alors je filme, j’écris, je raconte.

hommes qui tombent, des hommes qui rêvent. Ce sont les histoires de ces hommes, pas de marins. Le port n’est qu’un prétexte à l’évasion et au rêve. J’aime les gens qui rêvent.

B.G. : J’étais préoccupé par d’autres choses. Je me suis intéressé au cinéma, à la comé- die, à la réalisation… Mais je n’ai jamais cessé d’écrire. J’ai continué à prendre des notes et j’ai écrit des scénarios. J’ai

Courrier des lecteurs

Fac de médecine

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suffisant, classe moins surchar- gée), alors pourquoi la médecine fait-elle autant exception ? À choisir, je préfère que mes futurs médecins soient bien formés, plu- tôt que les futurs sociologues ou historiens (je n’ai rien contre eux… mais la médecine c’est quand même très important). Enfin, il ne faut pas prendre aux uns pour enlever aux autres. Je ne suis pas en train de dire qu’il faut prendre les financements de la fac de lettres pour les donner à celle de médecine. Il faudrait juste que toutes les facs soient dotées de budgets corrects qui permettent un minimum de bonnes condi- tions pour étudier. ! histoires culinaires médicinales, ornementales, pratiques que nous racontent les plantes. Oublier la botanique des facultés, est nous couper d’un lien essentiel avec la terre et de ce qu’elle nous offre, et c’est enterrer une part entière de notre culture et compromettre notre bien-être. ! Lorenzo - Besançon Patrick - Besançon

A ujourd’hui, il faut vraiment être très motivé pour choi- sir une orientation vers la médecine. Des amis qui sont en première année, se sont réunis en un petit groupe de 3 personnes. À tour de rôle, ils doivent être présents à 6 heures du matin à l’amphi pour pouvoir réserver des places dans les premiers rangs. S’ils sont au fond ou au milieu, ils ne peuvent pas suivre à cause des redoublants qui font unmaximumde bruit pour les empêcher de suivre (bellemen- talité). Il y a un tel esprit de concur- rence et de rivalité que si vous êtes absent oumalade un jour, il ne faut C onsidérer ce jardin bota- nique comme seul élément de potentialité en recherche est tout de même une limite à la destinée d’un jardin comme tel. Un jardin botanique fait partie d’un patrimoine culturel en tant que

pas compter sur qui que ce soit pour vous refiler le cours (ou si ! certains vous refilent un cours, mais complètement bidonné pour vous induire en erreur…). Comme on dit vulgairement, c’est “chacun sa m…” à la fac de médecine. Le plus navrant, c’est de savoir que l’on manque de médecin. Il y a des spécialités qui font cruelle- ment défaut à Besançon comme ailleurs. Essayez donc de prendre un rendez-vous chez un ophtal- mo en moins de 3 mois ! À côté de ça, vous avez des facs où tout se passe bien, dans de bonnes conditions (bâtiments fonc- tionnels, professeurs en nombre

Jean-François Hauser

Jardin botanique

est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine”- 5 bis, Grande Rue - BP 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81

B of ! Le jardin botanique est archi moche. Rien ne pousse à aller le visi- ter. Même pas en tant qu’amateur. J’ignore qui gère ça mais franchement ! Appe- ler ça un jardin botanique est un bien grand mot ! Quelques serres et quelques herbes ! Le tout dans un bazar indes- criptible. Je passe tous les jours à côté de ce jardin et j’ai toujours pensé que c’était

un débarras du bâtiment uni- versitaire de la place Leclerc jusqu’au jour où un ami m’a expliqué que c’était un jar- din botanique ! Personnel- lement, je suis pour le raser complètement et y faire hummm... un manège pour enfants, en tout cas un truc joli ! Franchement, y’en a marre de cette horreur ! !

E-mail : publipresse@wanadoo.fr Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Thomas Comte, Gilliane Courtois,

Jardin botanique (bis)

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conservatoire et rassemble en un seul lieu de multiples espèces éti- quetées. Il est en ce sens un espa- ce unique d’apprentissage. Pour- quoi ne pas développer l’accueil du public, la formation “amateur” de la population bisontine liée aux

Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Octobre 2004 Commission paritaire : 1102I80130

Crédits photos : La Presse Bisontine, A.R.T.I., Bibliothèque de Chaucenne, Fédération handisport, Lao-Tseu.

Sébastien - Besançon

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