La Presse Pontissalienne 234 - Avril 2019

PONTARLIER ET ENVIRONS

La Presse Pontissalienne n°234 - Avril 2019

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SUISSE VOISINE En dehors de l’Union européenne Le canton de Neuchâtel attire toujours plus d’entreprises françaises En quatre ans, 47 sociétés se sont implantées de l’autre côté

Jean-Nathanaël Karakash, ici aux côtés de Marie-Guite Dufay et Liliane Lucchesi (chargée de la coopération franco-suisse), dresse un bilan 2018 positif pour son canton (photo archive L.P.P.).

de la frontière, dont 7 françaises rien que l’an dernier. Explications d’un phénomène qui semble s’accélérer.

A près le départ de lamain- d’œuvre, aux capitaux de franchir la frontière. Le canton de Neuchâtel annonce un bilan économique Exemple de nouvelles implantations en 2018 Le Canton n’a pas souhaité indi- quer l’identité des 7 entreprises tricolores arrivées en 2018 en Suisse. On peut toutefois citer la start-up française Colnec Health qui développe des solu- tions de e-santé. Parmi les autres sociétés étrangères, le groupe chinois d’affrètement maritime Cosco ou encore la société amé- ricaine WatchBox spécialisée dans l’horlogerie. n

“positif” en 2018 avec l’implan- tation de seize sociétés ciblées étrangères. “En 2018, 7 des 16 entreprises implantées étaient françaises et, parmi elles, 6 sont actives dans le domaine des tech- nologies de l’information et de la communication, notamment dans le secteur de la blockchain (technologie de stockage). Elles se sont majoritairement installées dans le littoral neuchâtelois” présente Jean-Nathanaël Kara- kash, chef du Département de l’économie et de l’action sociale (D.E.A.S.). L’an dernier, 92 sociétés se sont installées en Suisse occidentale (cantons de Lausanne, Neuchâ- tel, Genève), dont 16 dans le Canton de Neuchâtel. Ce chiffre est en progression et constitue le meilleur résultat obtenu

durant la période quadriennale qui s’achève. En quatre ans, ce sont 47 sociétés qui se sont implantées, dont 36 % sont fran- çaises et 17 % en provenance des États-Unis (17 %). La plu- part de ces firmes sont soi des start-up à forte valeur ajoutée, soit de grands groupes. Comment expliquer ces choix

de la “qualité de vie hors du com- mun.” Le canton aide également ses entreprises : 24 entreprises régionales ont été soutenues directement en 2018. Pour chaque franc octroyé, 10 francs ont été investis par les porteurs de projets par effet de levier. La collectivité possède un Pôle d’innovation nommé Microcity (à La Chaux-de-Fonds et à Neu-

châtel) qui rayonne. Un pro- gramme d’incubation de 20 mil- lions de francs (17,5 millions d’euros) a été lancé par des start- up neuchâteloises auprès d’in- vestisseurs privés. Ces prêts sans intérêts sur cinq ans créent les conditions propices à l’accé- lération du développement éco- nomique. n E.Ch.

tifs médicaux (11 %). Au total, près de 330 emplois ont été créés” répond le responsable du Dépar- tement de l’économie et de l’ac- tion sociale. Personne n’est dupe. Si le canton de Neuchâtel attire autant, “c’est parce qu’il propose un cadre unique qui allie inno- vation et conditions fiscales attractives” , répond Jean-Natha- naël Karakash avant de parler

de quitter un pays de l’Union européenne pour la Suisse ? “Les atouts du canton ont particulièrement conquis les sociétés actives dans les tech- nologies de l’infor- mation et des com- munications (40 %), les services straté- giques et financiers (20 %) et les disposi-

17,5 millions euros de soutien aux start-up.

SOCIAL

Action pour les personnes étrangères “Mieux” apprendre le français aux migrants La Frate, organisme de formation, partage gratuitement à des

A ccueillir des migrants, c’est bien, les intégrer, c’est mieux. À Pontarlier, la M.P.T. des Longs Traits par exemple fait ce travail quotidien qui consiste à apprendre le français à des adultes qui n’ont pour la plupart jamais prononcé un mot de la langue deMolière. La transmission pédagogique est souvent empirique. Bénévoles, Véronique et Dominique reçoivent des personnes aux origines et histoires diffé- rentes. “Quand Ozgür est arrivé, il ne parlait pas un mot de français.Aujourd’hui, il travaille dans une entreprise du bâtiment et parle très bien. Mais nous n’avons ^pas toujoiurs les clés pour transmettre l’apprentissage du français” remarque l’une des bénévolespontissaliennes. Pour la première fois, elles ont répondu à cer- taines de leurs interrogations grâce à la Frate, un organisme de formation basé à Besançon reconnu dans le domaine de l’apprentissage du français. Enmars, les formateurs ont proposé des stages à 20 bénévoles : “Tout est parti d’une conférence sur le thème “Comment enseigner le français aux adultes migrants ?”, se remémore Nathalie Bourrin, directrice. La conférence a eu du succès et nous nous sommes rendu compte que beaucoup de bénévoles avaient soit besoin d’information soit besoin de découvrir des nou- veautés pour améliorer l’apprentissage des langues à leur public.” Trois ateliers - sur trois journées - ont été pro- posés sur le thème de la pédagogie à l’oral, à l’écrit et l’évaluation des besoins. “Faire lire un livre à des migrants avec des mots comme associations venant en aide aux migrants ses connaissances en matière d’apprentissage du français.

lapin ou hibou, cela n’a pas beaucoup d’intérêt. Nous avons donné des clés aux associations pour les utiliser ou pas” précise Isciane Marot, responsable pédagogique. Agnès, notre bénévole, admet avoir utilisé des mots d’anglais… ce qu’il faut éviter : “Nous nous sommes rendu compte que nous péchons dans l’évaluation de leurs besoins” dit une autre bénévole. Sans eux, les migrants seraient bien seuls. “La France a du retard, complète Denis Guelle, le président de la Frate. Le rapport du député AurélienTaché va permettre dès avril de passer de 100 à 600 heures l’enseignement du français pour les migrants. Cela va dans le bon sens. Et c’est dans notre A.D.N. que de par- tager nos connaissances avec d’autres associa- tions” poursuit le président de l’association née en 1972. Les bénévoles peuvent se rassurer : ils gèrent. En lisant La Presse Pontissalienne de février, Agnès a appris que Shamsan, un de ses anciens élèves de nationalité yéménite, a trouvé un emploi en C.D.I. dans une manufacture à Val- dahon. De quoi la rendre “heureuse” et de confir- mer de “sa” bonne pédagogie. n E.Ch. Plusieurs bénévoles d’associations ont participé aux journées “pédagogiques”.

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