La Presse Bisontine 87 - Avril 2008

La Presse Bisontine n° 87 - Avril 2008 SPÉCIAL HABITAT CONSTRUCTION : L’HABITAT SE MET AU VERT 21

Le bio et les nouvelles énergies font leur entrée en force dans le domaine de la construction : éco-matériaux, maisons basse consommation, bâtiments bioclimatiques… Les concepteurs explorent de nouvelles pistes. Un salon de l’habitat sain en avril confirme cette tendance qui ne fait pourtant pas l’unanimité.

TENDANCE

Vigilance

Nous sommes de plus en plus nombreux à nous laisser tenter par les matériaux écologiques et les équipements du même type sans prendre garde aux arnaques possibles. Les éco-citoyens en pincent pour l’éco-construction

personne un devis de 20 000 euros pour un équipement qui ne vaut pas plus de 4 500 euros. Le particulier est paumé.” À ce prix, l’équipement fonctionne souvent mal, quand il fonctionne ! Nouveaux matériaux, nouvelles installations donc. Le parcours - du combattant parfois - du consommateur n’est pas terminé. Une fois qu’il a le produit, il lui reste à trouver le bon installateur. Et là, c’est une autre paire de manche. Si en Allemagne et en Autriche ce sont des spécialistes qui posent ces isolants, en France, selon l’Ajena, tous les artisans n’ont pas les compétences pour gérer ces nouveaux produits ce qui ne les empêcherait pas d’intervenir. “En Franche-Comté, ils sont rares.” Les certifications que brandissent certains professionnels ne sont pas des gages de qua- lité pour l’association jurassienne de diffusion d’énergies alternatives. Le fait est qu’une fois l’isolation du bâtiment terminée, il n’y a pas d’audit. On ne sait donc pas si l’enveloppe de la maison est étanche ou non à l’air. C’est fâcheux à une époque où l’on parle beaucoup de haute qualité d’isolant. “En Allemagne et en Suisse, le test est entré dans les mœurs de la construction. Une fois ce test fait, en fonc- tion des résultats, l’artisan se remet en cause et progresse dans sa technique. L’objectif est de limiter au mieux les déperditions de cha-

leur.” La question du contrôle vaut pour toutes les nouvelles installations, solaire y compris. L’agence de lamaîtrise de l’énergie (A.D.E.M.E.) précise qu’elle a mis en place le label Quali- sol en 1999 dans le cadre du plan soleil. Cet organisme organisait alors des audits. “Ce label a depuis été repris par la profession. Cela relève de sa responsabilité de donner cette qua- lification aux personnes compétentes” rappel- lent les services de l’A.D.E.M.E. De leur côté, des constructeurs de pompes à chaleur alle- mands organisent eux-mêmes les contrôles et viennent vérifier chaque installation posée par un artisan français. En fonction des résul- tats, il aura où non l’agrément du fabricant soucieux de son image de marque. Les choses sont aussi en train de changer en tout cas en Franche-Comté, une région motri- ce dans la création du label Effinergie qui vise à promouvoir les bâtiments basse énergie sur ce territoire. L’objectif à terme de cette démarche est de labelliser des professionnels qui réunis- sent toutes les compétences pour gérer ces chantiers spécifiques. Dans le cadre de ce label, des sociétés pourraient être auditées afin de mesurer la qualité de leur prestation. n

L’ émergence de salons dédiés à l’éco- construction témoigne de l’intérêt que portent aujourd’hui les particuliers à une nouvelle forme d’habitat respectueuse de l’environnement. Sur ce marché foisonnent des matériaux dits sains (ouate de cellulose) et des installations innovantes (solaire, éolien…) qui garantissent à l’investisseur des écono- mies d’énergie et le confortent dans sa démarche de faire un geste pour la planète en limitant les rejets de gaz à effet de serre. Mais, face à cette déferlante verte, le consommateur a mil- le difficultés pour s’y retrouver. Il est submergé par une vague d’informations et abreuvé de conseils de professionnels qui évidemment se revendiquent tous être des spécialistes de cet- te nouvelle façon de vivre l’habitat. C’est loin d’être évident de faire le tri. L’association jurassienne de diffusion d’énergies alternatives (Ajena) prend du recul par rap- port à cet engouement et préfère adopter une attitude modérée face à cette évolution. Tout d’abord, dans les locaux de cet organisme basé

à Lons-le-Saunier, le vocabulaire est plusmesu- ré. Pour les isolants, “est-ce que ceux que l’on dit sains le sont vraiment ? Nous n’avons pas la réponse à cette question. Par exemple nous n’avons pas de recul sur la ouate de cellulose. A-t-elle des effets néfastes sur le corps humain ? Nous ne le savons pas. C’est la raison pour laquelle nous préférons parler d’éco-matériaux dans le sens où ils sont recyclables plutôt que de matériaux sains” note un représentant de l’Ajena. L’habitat vert deviendrait donc souvent une affaire de marketing au discours policé qui séduit les nouveaux éco-citoyens. En infor- mant les futurs consommateurs, les associa- tions comme l’Ajena s’efforcent d’être des arbitres de ce marché en devenir sur lequel se ruent quelques opportunistes qui y voient un vrai business . L’illustration en Bourgogne avec les multiples “arnaques” qui accompa- gnent la vente de pompes à chaleur par des sociétés qui ont une démarche commerciale très agressive. “Ces enseignes font signer à la

T.C.

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker