La Presse Bisontine 87 - Avril 2008

AGENDA

La Presse Bisontine n° 87 - Avril 2008

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BATTANT

Musique et culture Les passagers rachètent le zinc 2008 est décidément une grande année pour les Passagers du Zinc. L’équipe aux commandes depuis 1996 vient de racheter les murs et le lieu fête, lui, ses 20 ans de café-concert. Le dernier du genre encore ouvert à Besançon.

A u fil des ans, le 5 de la rue de Vignier a changé plusieurs fois de nom et de tenanciers. La Sou- ris, le Gainsbarre, l’Underground ou les Passagers du Zinc, l’ambiance n’a pas toujours été la même mais toujours il s’est passé quelque cho- se ici. Claire Dutarte, Christine Alfroy, autrement dit Duche et Mit- ch’, alias Michel Petit ont racheté le fonds de commerce il y a 12 ans pour se faire plaisir mais aussi par- ce que ces trois-là sont de fervents défenseurs de la musique vivante. Le chemin a été semé d’embûches.

Après quelques années de folie, la clientèle se fait plus rare et en 2002, surviennent les ennuis judi- ciaires avec le propriétaire des murs qui veut leur peau et attaque tous azimuts : bruit, ventilation, sécurité… Plusieurs fois, le trio sera tenté de jeter l’éponge. “Pen- dant trois ans, il a fallu tout démon- ter point par point. Il a jeté sur nous le discrédit et dans la tête des gens, on était quasiment mort” se sou- vient Claire. Le nombre des concerts chute, la clientèle ne revient pas mais la solidarité s’organise. “Les

concerts de soutien nous ont permis de financer un tiers des frais. Sans les musiciens bisontins, on ne serait plus là.” Car pour s’adapter à la législation des cafés- concerts, assimilés aux salles de spectacle, il a fallu procéder à des tra- vaux (alarme, normes de sécuri- té…). En septembre 2006 “et après deux ans de prise de chou” précise Duche, les P.D.Z. (Passagers du Zinc) sont

Trois mois plus tard, l’ancien pro- priétaire jetait l’éponge et vendait l’immeuble.” Un accord avec le nouveau est trou- vé. “La recherche de financement a pris un an. On a signé en février” explique Duche. Si P.D.Z. a lutté, c’est surtout par passion et convic- tion. “Beaucoup de petits lieux fer- ment à cause de la législation non adaptée mais l’émergence des artistes se fait là. Comme tout est formaté par les majors, si on veut de la diversité culturelle en Fran- ce, il faut maintenir ces lieux.” Désormais, P.D.Z. organise de deux à quatre concerts par semaine (4 ou 5 euros l’entrée) et les festivals y font étape (GéNériQ, A.G. mon- diale Erasmus…). Rock, pop, elec- tro, trip hop ou heavy punk metal, la ligne artistique est éclectique mais de qualité. “On est un bar aty-

pique et on en est fier. On a réussi le pari qu’on s’était fixé. On a trans- formé cet endroit.” Le trio qui n’est pas sorti indem- ne de tous ces combats ne doit cependant pas baisser sa garde. Malgré tous les efforts faits (bruits, fumée, sécurité…), des anti-P.D.Z. usent régulièrement de pétitions et de coups de fils anonymes pour tuer le lieu. “On luttera contre les préjugés jusqu’au bout. Derrière notre travail, il y a des humains, des familles. Notre porte est tou- jours ouverte” précise Claire, qui comme ses deux compères, n’aspire qu’à une chose : souffler sereine- ment les 20 bougies de ce lieu unique. A.B. http://www.myspace.com/les passagersduzinc

Duche et Claire : "Notre ténacité a payé."

validés “salle de spectacle”. “Ça nous a fait passer pro. On n’était plus un petit café qui fait des concerts mais une salle de spectacle et les tourneurs natio- naux nous ont reconnus. Les artistes aiment venir car même si on a une petite jau- ge, l’accueil est bon” souligne Clai- re. “C’était notre première victoire.

Le groupe 31 knots (États-Unis). Entre Bruxelles, Berlin et Strasbourg, halte aux P.D.Z. en février lors de leur tournée européenne.

(crédit photo Antonin Borie).

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