La Presse Pontissalienne 152 - Juin 2012

22 DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 152 - Juin 2012

DROITE

Nathalie Bertin Nathalie Bertin veut être une députée à 100 %

Favorable au non-cumul, la suppléante de Jean-Marie Binétruy et adjointe au maire de Pontarlier a décidé de défier les instances officielles de l’U.M.P. en comptant sur sa connaissance du terrain.

traux de l’administration. Pour assumer cette mission, le dépu- té doit s’engager à temps plein. C’est la raison pour laquelle je suis contre le cumul des man- dats. L.P.P. : Un dossier sur lequel tous les élus du Haut-Doubs se cassent les dents : les infrastructures routières, et notamment le contournement de Pontarlier. Quelle est votre position sur la question et comment comptez vous peser ? N.B. : Les infrastructures rou- tières sont absolument néces- saires, n’oublions pas le T.G.V. ou Internet à très haut débit. Le contournement de Pontarlier est d’une double complexité : tech- nique (moyenne montagne) et donc financière. D’autres amé- nagements de la R.N. 57 sont passés avant Pontarlier-Vallor- be. Je veillerai à ce que les études de ce projet soient inscrites en tête de liste du futur P.D.M.I. (programme de développement et de modernisation des itiné- raires), il faudra ensuite déblo- quer les financements. Je me réjouis de pouvoir appuyer ce dossier, en étroite collaboration avec Patrick Genre, maire de Pontarlier, et les autres maires concernés. L.P.P. : Les désengagements financiers de l’État sont souvent stigmatisés par les collectivités locales, sources de restrictions budgétaires. À quoi devrait ressembler une bonne réforme de la moi, se confond avec celui des classes populaires et s’oppose aux intérêts des privilégiés. Le député est aussi l’élu d’une circonscription. Il doit être à l’écoute, faire remonter les avis des gens de terrain, être le relais des élus locaux pour faire avan- cer les dossiers. L.P.P. : Quelle est votre position sur le contournement de Pontarlier et com- ment comptez-vous peser ? C.F. : La R.N. 57, avec le contour- nement de Pontarlier et jusqu’à la frontière, ainsi que l’axeMont- béliard-Pontarlier doivent être améliorés. Le désengorgement de Morteau devra être réglé. Cela implique un engagement financier fort et durable de l’État, en complément de celui du Conseil général. Il importe de réfléchir sur les modes de transports : en finir avec le tout-automobile au pro- fit des transports collectifs, dont le train moins polluant : moder- nisation des lignes, augmenta- tion des fréquences, prix attrac- tifs, voire gratuité. L.P.P. : À quoi devrait ressembler une bonne réforme de la décentralisation et des collectivités ? C.F. : Je suis pour une nouvelle Constitution. Elle devra redéfi- nir les collectivités locales : nombre, compétences respec- tives, financements, rapports avec le pouvoir central. En attendant, il est nécessaire de revenir sur la réforme de 2010 et notamment sur le volet finan- cier et fiscal, avec une indexa-

décentralisation et des collectivités ? N.B. : : L’État ne se désengage pas, il agit autrement, il doit délé- guer plutôt que transférer pour garantir l’égalité républicaine et conserver un rôle de co-pilo- tage et d’animation des poli- tiques publiques. Les collectivi- tés locales doivent faire preuve d’exemplarité en termes de rigueur budgétaire, dans le cadre de la clarification nécessaire de leurs compétences. L.P.P. : L’emploi est la plus grande prio- rité du prochain mandat. Le Haut- Doubs a la chance de compter sur la manne suisse. Comment doit-on appré- hender la question industrielle pour le Haut-Doubs où des entreprises fer- ment leurs portes ? N.B. : Il faut encourager la struc- turation de nos filières phares, soutenir l’innovation et la for- mation professionnelle des sala- riés, imaginer des solutions contemporaines comme le télé- travail et être conscients que l’écart de compétitivité impose la poursuite de la réforme de la fiscalité des entreprises. L.P.P. : Que manque-t-il au Haut-Doubs pour être une vraie terre de touris- me ? N.B. : Le Haut-Doubs est une vraie terre de tourisme, avec des atouts pour chaque saison, qui draine un tourisme familial à la recherche d’un cadre naturel tion des dotations de l’État sur le coût réel des compétences transférées, et la préservation de leur autonomie financière grâce à une fiscalité propre et suffisante, avec contribution des entreprises. L.P.P. : Comment doit-on appréhender la question industrielle pour le Haut- Doubs ? C.F. : Pour une partie du patro- nat local et de la droite, la Suis- se sert de bouc émissaire, alors que sa proximité sauve le sec- teur. En vérité, le Haut-Doubs, comme tout le pays, est victime de capitalistes qui délocalisent sans scrupule ou font de l’argent facile en spéculant plutôt que d’investir dans l’industrie. La désindustrialisation n’étant pas une “spécialité” locale, les réponses ne peuvent être que globales : réduire le coût du capi- tal au profit de l’investissement et du pouvoir d’achat des sala- riés ce qui relancerait la deman- de, taxer les importations en provenance de pays qui surex- ploitent leur main-d’œuvre et se moquent de l’environnement, aider les P.M.E.-P.M.I., favori- ser les relocalisations, dévelop- per la formation, la recherche et l’innovation, investir dans les énergies nouvelles porteuses d’emplois, partager le travail… Des solutions antilibérales ! L.P.P. : Que manque-t-il au Haut-Doubs pour être une vraie terre de touris- me ? C.F. : Des touristes ! Mais quel type de tourisme devons-nous

Nathalie Bertin : “

L a Presse Pontissalienne : Pour- quoi avez-vous décidé de sol- liciter le suffrage des électeurs lors de ces législatives ? Nathalie Bertin : Suppléante depuis 10 ans du député sortant, ayant contribué efficacement à ses deux réussites électorales, je suis enga- gée depuis 17 ans dans la vie publique, et donc expérimentée. Mes enfants sont autonomes, je peux m’impliquer totalement. Des élus, des chefs d’entreprise, des bénévoles associatifs, de nom- breux habitants m’ont sollicitée à travers l’ensemble du terri- toire. L.P.P. : Sur quels arguments priori- taires axerez-vous votre campagne ? N.B. : Disponible, accessible, à l’écoute, je serai une députée à 100 % au service de l’ensemble de la circonscription que je connais parfaitement, avec un suppléant compétent et actif qui seramis à contribution.Cet enga- gement à plein-temps suppose de ne pas être accaparée par d’autres mandats.

L.P.P. : Si vous êtes élue, quels dos- siers porterez-vous en priorité sur la campagne ? N.B. : Mon action s’articulera sur 4 axes majeurs : le développe- ment économique créateur de richesses et d’emploi, le soutien aux filières agriculture, bois et agroalimentaire, la particulari- té transfrontalière et la défen- se d’une politique résolument solidaire et familiale. sur un axe transversal : la place fonda- mentale des infrastructures. L.P.P. : Partant du constat que les citoyens attendent souvent tout de leur député, quel est selon vous le rôle sur sa terre d’élection, de cet élu dont la fonction première est de voter la loi ? N.B. : Le vote de la loi est la par- tie visible et médiatisée, il y a un travail préalable d’enquête, d’audition, contrôle du gouver- nement. Ce que le député incar- ne au niveau national lui don- ne la légitimité sur son territoire, notamment pour mettre en rela- tion les acteurs locaux avec les ministères et les services cen-

L’image du Haut-Doubs doit être valorisée.”

préservé. Hélas menacée, cette richesse des paysages doit être activement protégée. Ensuite, l’image du Haut-Doubs doit être valorisée, en concertation avec les habitants. L.P.P. : L’écologie a été très peu pré- sente dans la campagne présiden- tielle. Quels exemples concrets d’action pourraient être menés dans la cir- conscription ? N.B. : Préserver la ressource capi- tale qu’est l’eau, protéger nos rivières et nos zones humides, gérer l’équilibre en impliquant chasseurs et pêcheurs. Lutter contre la pollution lumi- neuse, encourager le chauffage aux granulés, le tri sélectif, inci- ter le co-voiturage et les construc- tions à faible bilan énergétique, voilà d’autres exemples concrets en faveur du développement

durable. Et si chacun donnait l’exemple ! L.P.P. : Le salaire des politiques est souvent stigmatisé. Le revenu des députés vous parait-il juste ? N.B. : Le revenu couvre l’indemnité du député et les frais liés à l’organisation de son tra- vail pour produire des analyses, proposer un texte de loi, ins- truire les dossiers collectifs et individuels. Ce revenu corres- pond donc à la rémunération d’une activité professionnelle de cabinet de conseil dans le sec- teur privé.Mais je suis favorable à réduire sonmontant pour par- ticiper à l’effort général de dimi- nution des dépenses publiques, indispensable pour que la Fran- ce retrouve le chemin de la com- pétitivité et de la croissance. Propos recueillis par J.-F.H.

FRONT DE GAUCHE Claude Faivre Claude Faivre, l’indigné de la politique Ce militant altermondialiste de 64 ans n’en est

Claude Faivre :

“Le désen- gorgement de Morteau devra aussi être réglé.”

pas à sa première élection. Des salaires corrects, des retraites décentes, des loyers accessibles… comptent parmi ses priorités.

L a Presse Pontissalienne : Pour- quoi avez-vous décidé de sol- liciter le suffrage des électeurs lors de ces législatives ? Claude Faivre : Je fais partie des indignés, qui ne supportent ni les inégalités, ni le déni de démo- cratie, ni le saccage de l’environnement. Au-delà de l’indignation, il faut résister socialement et proposer des solu- tions politiques. Favorable à l’unité, j’ai accepté d’être le can- didat de rassemblement de la Gauche radicale et écologiste autour du Front de Gauche. L.P.P. : Sur quels arguments priori- taires axerez-vous votre campagne ? C.F. : La gauche rassemblée a chassé Sarkozy. Ensemble, on battra la droite aux législatives ! Le but n’est pas seulement de changer de dirigeants, mais de changer de politique : plus d’emplois, des salaires corrects, des retraites décentes, des loyers accessibles, un avenir pour les jeunes sur une planète préser- vée. Pour cela, il faut qu’il y ait à côté du parti socialiste, mais s’opposant à lui s’il dérape à droi- te, une gauche de résistance et de propositions. Une force qui se mobilisera contre toutes les politiques d’austérité de droite comme de gauche et qui a des solutions pour sortir de la crise

promouvoir ? Pas un tourisme de masse, pour lequel nous n’avons pas les atouts et qui dégraderait notre cadre de vie qui est, à bien y réfléchir, notre argument touristique. Mettons en avant nos paysages, nos sites naturels et architec- turaux, la tranquillité de nos villages et faisons correspondre nos équipements à cette offre touristique.Donc, plutôt des gîtes ruraux, des campings à la fer- me, des petits hôtels, des points d’accueil pour les randonneurs, les pêcheurs, bref, de petites structures plutôt que des équi- pements surdimensionnés rui- neux et néfastes pour l’environnement. L.P.P. : Quels exemples concrets d'actions pourraient être menées en matière d’environnement dans la cir- conscription ? C.F. : Deux dossiers sont urgents : celui dit des “gaz de schiste”, en fait,dans leHaut-Doubs,dupétro- le conventionnel, et la pollution des rivières. Pour l’exploitation pétrolière, une solution : revenir sur les autorisations données aux pétro- liers. Il est inadmissible, pour quelques barils, de risquer de polluer les nappes phréatiques et dégrader nos paysages. La réponse à la pénurie de pétrole

est de promouvoir d’autres éner- gies, renouvelables et sans impact sur le climat. Pour les rivières, il faut identi- fier chaque pollution, puis la trai- ter. Bien sûr, il importe d’appliquer le principe “pollueur- payeur”,avec détermination pour les gros pollueurs, avec pédago- gie pour les petits agriculteurs. Investi dans la défense d’un marais, je serai aussi très atten- tif à la protection des zones humides et des tourbières. L.P.P. : Le salaire des politiques est souvent stigmatisé. Le revenu des députés vous paraît-il juste ? C.F. : 5 189 euros nets mensuels, plus 6 412 euros d’indemnité de frais de mandat : comparé au revenu moyen du peuple qu’il représente, celui d’un député est plus que confortable ! Fait aggra- vant : le cumul des indemnités, qui va de pair avec celui inad- missible des mandats. Sans par- ler d’une retraite peu touchée par les dernières réformes ! On est loin des millions d’euros encaissés par les grands patrons et les actionnaires du C.A.C. 40, mais il faut réduire ces indem- nités, d’autant que les députés doivent être exemplaires. Les élus doivent revenir parmi nous,y compris financièrement. Propos recueillis par J.-F.H.

sans faire payer les classes popu- laires. L.P.P. : Si vous êtes élu, quels dossiers porterez-vous en priorité sur la cir- conscription ? C.F. : L’emploi et les services publics sont deux des préoccu- pations de nos concitoyens. L’emploi, c’est d’abord un tissu de P.M.E. La “frilosité” des banques à s’engager à leur côté est un obstacle à leur dévelop- pement. La création d’un pôle public bancaire au service de l’emploi et de la population consti- tuerait une aide efficace. Quant aux services publics, vic- times de la folie anti-fonction- naire de Sarkozy, ils sont enmau- vais état ! Pourtant, ils conditionnent les autres activi- tés et la possibilité même de vivre et travailler dans nos com- munes. Je bataillerai pour obte- nir des moyens pour l’école, l’hôpital, l’ensemble des services publics et le retour dans le giron public de tous ceux qui ont été privatisés. L.P.P. : Quel est selon vous le rôle d’un député sur sa terre d'élection, de cet élu dont la fonction première est de voter les lois ? C.F. : Le député est l’élu du peuple tout entier. Il doit avoir le sou- ci de l’intérêt général qui, pour

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