Journal C'est à Dire 162 - Janvier 2011

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D O S S I E R

Klaus et l’arrivée du protestantisme à Morteau La chocolaterie fondée en 1896 à Morteau a contribué à l’arrivée du protestantisme et à la construc- tion du temple quelques années plus tard. Un aspect moins connu de cette saga venue de Suisse. Morteau

L e Suisse Jacques Klaus, installé depuis 1856 au Locle est considéré comme un des pionniers de la confise- rie suisse au stade industriel. Les affaires prospèrent. C’est en 1896 qu’il installe une deuxième usi- ne au Locle.

une baisse de son activité qui aboutira à la fermeture de l’usine du Locle en 1992. Reprise en 1999 par Philippe Leroux, l’entreprise a renoué avec la croissance. Klaus est aujour- d’hui le leader du marché des tablettes à la liqueur et des magasins d’usine en France. C’est avec des cadres et des ouvriers qualifiés venus de Suis- se que Jacques Klaus avait démarré l’usine mortuacien- ne. Et ce sont eux, de religion protestante, qui ont contribué à implanter l’église réformée à Morteau, qui n’avait jusque- là jamais réussi la moindre per- cée. En 1904, pour accueillir les

s’avérer bientôt insuffisante et, en 1896, Jacques Klaus construit parallèlement le bâtiment de Morteau, puis, en 1907, une nou- velle grande usine au Locle (Suisse). Pendant la première partie du XX ème siècle,

nouveaux fidèles protestants, le temple était construit à quelques dizaines de mètres de la cho- colaterie. “La religion protes- tante est arrivée à Morteau grâ- ce à l’économie” résume l’historien mortuacien Henri Leiser. On peut considérer aus- si que Klaus a également inven- té dans le Val de Morteau le tra- vail saisonnier. J.-F.H. Les ateliers Klaus fonctionnent depuis plus de cent ans. La marque est aujourd’hui leader français des magasins d’usine (photo Klaus).

Le leader des magasins d’usine en France.

l’entreprise continue à se développer grâ- ce à une force de ven- te présente dans tous les réseaux de bou-

“L’écoulement considé- rable de mes produits allant d’année en année en augmentant, les pro- duits de ma fabrication

langeries, confiseries et choco- lateries. Mais l’arrivée, dans les années soixante, du concept de la grande distribution sonne le glas des magasins de proxi- mité. L’entreprise connaît alors

de chocolats étant de jour en jour plus goûtés, je me suis vu dans la nécessité de construire une seconde fabrique” justifie alors le chocolatier suisse. Mais cette réalisation devait

Les Boissons Rième à la conquête de l’Amérique Morteau Le fabricant de sirops et limonades a pris le virage de l’export avec Benoît Rième dont l’arrivée a aussi mar- qué le développement de la production de limonade sur le site de Besançon.

L’ origine de “La Mortua- cienne, la reine des limo- nades” remonte à 1921 quandMarcel-AlcideRièmeetAdrien Bouhéret fondent au 21, rue de la Louhière une fabrique d’eaux gazeusesetdelimonades.Quelques années plus tard, Marcel-Alcide reprend seul la direction de l’établissementtransmiseen1961à sonfilsJean. “Contrairement à ce que l’on pense, le développement de l’activité s’est fait surtout par la distribution de l’eau miné- rale. Dans les années 60-70, on dénombrait encore plusieurs limo- nadiers dans la région. La limo- nade Rième était la seule à uti- liser de l’eau filtrée. C’était presque par obligation car l’eau de Mor- teau était d’une qualité déplo- rable” , précise Didier Rième qui a succédé à son père Jean en 1981. Ce problème récurrent n’est d’ailleurs pas étranger au transfert en 1997 de la fabri- cation de limonade d’abord dans un local loué à Beure puis dans une unité flambant neuve à Besançon. “On a bénéficié du soutien non négligeable de la vil- le de Besançon” , tient à souli- gner Didier Rième. Son fils Benoît s’appuie sur cet outil entièrement automatisé pour se tourner davantage vers l’export.Aujourd’hui, Rième Bois- sons produit 3,5 millions de cols ou bouteilles de limonades dont 20 % partent à l’étranger et notamment aux États-Unis. Cet-

te stratégie est payante. “On a une croissance annuelle à deux chiffres depuis 5 ou 6 ans” , confir- me Benoît Rième. Le siège de la société est tou- jours implanté au 21, rue de la Louhière où sont fabriqués les sirops. Environ 500 000 bou- teilles par an. Quelles que soient les générations, Rième Boissons a souvent été en conflit avec la municipalité. La tradition per- dure encore. “On souhaitait acquérir une partie de la mai- son Bourgeois qui est située en face du dépôt pour agrandir le parking. Malheureusement, cet- te bâtisse va être transformée en logements avec l’appui de la municipalité qui s’opposait à une éventuelle démolition. Je suis profondément vexé du com- portement des élus dans cette affaire.” En général, les conflits portaient sur l’accès ou la qua- lité de l’eau. Didier Rième recon- naît le rôle positif joué par Annie Genevard sur ces soucis récur- rents. “C’est la première qui a pris en main ce dossier et qui a agi pour avoir une eau de meilleure qualité. Pour autant, on ne reviendra plus se déve- lopper sur Morteau.” La reine des limonades prospère sur le site de Besançon où l’on gazéifie aussi La Bisontine, l’eau pétillante lancée par la Ville de Besançon qui rencontre un suc- cès énorme. F.C.

Didier Rième a transmis le flambeau à son fils Benoît qui symbolise le virage à l’export de l’entreprise familiale qui emploie aujourd’hui 15 salariés sur les deux sites.

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