Journal C'est à Dire 162 - Janvier 2011

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P O L I T I Q U E

État L’un part, l’autre arrive Les camions de déménagement du préfet Med- dah étaient à peine sortis de la cour d’honneur de la préfecture à Besançon que ceux de Chris- tian Decharrière arrivaient. Deux hommes, deux styles, une valse à deux temps.

L undi 20 décembre der- nier, fait rare, c’est à la presse que le préfet “sortant” Nacer Med- dah avait tenu à rendre hom- mage. Visiblement ému, larmes aux yeux, mais toujours digne, il tenait à ce moment de quasi- intimité. “Je vous apprécie, c’est aussi simple que cela. J’ai tenu à vous le dire avant de prendre

“Si j’ai de la déception, c’est plus pour les Francs-Comtois que je quitte. Ils étaient en droit d’en attendre davantage du repré- sentant de l’État.” Nacer Med- dah s’est refusé à toute lecture politique de son départ. Com- me un militaire, il est conscient d’être susceptible de quitter son poste “à tout moment.” Quelques minutes plus tard seu-

la route.” Sobre, simple. Malgré cet- te décision brutale de le débarquer après sept mois seulement de présence en Franche-Comté, le

lement, il quittait définitivement les salons dorés de la pré- fecture de Besançon pour retrouver d’autres lambris, moins exposés, à la

“Le métier de préfet me va bien.”

préfet Meddah a assuré par- tir “plutôt serein. Serein parce que je sais que je suis privilégié, que j’ai toujours un emploi. Serein parce que j’ai déjà eu le privilège d’occuper trois postes de préfet.” Il ne fallait pas attendre de Nacer Meddah qu’il s’épanche que son passage-éclair en Franche-Comté et sur sa mutation intervenue juste après le remaniement ministériel. “J’ai eu une mère-courage qui a élevé seule ses enfants. Cela n’a jamais été dans mon éducation de me plaindre” a poursuivi celui qui a été pupille de la Nation.

cour des comptes à Paris. “Le métier de préfet me va bien, il faudrait peut-être que je le refas- se” a-t-il glissé dans un dernier sourire. Le lendemain 21 décembre, la presse régionale était à nou- veau présente dans les locaux préfectoraux pour une premiè- re rencontre avec le successeur de Nacer Meddah, Christian Decharrière. Autre homme, autre style. Travailleur - “Je consacre la majeure partie de mon temps au travail” -, enclin à s’occuper en priorité des ques- tions de sécurité - “les sécuri-

Nacer Meddah s’en est allé, Christian Decharrière est arrivé le lendemain. La continuité de l’État dit-on.

tés” précise-t-il, Christian Decharrière a promis de faire de la communication un de ses axes de travail. “Nous devons communiquer mieux et plus.” Refusant lui aussi de commen- ter le départ précipité de son

prédécesseur, il estime juste que “ça fait partie de la règle du jeu. Cette règle existe depuis Napo- léon. Nous sommes nommés à la discrétion du gouvernement depuis 200 ans.” La valse des préfets semble pourtant devoir

s’accélérer depuis plusieurs mois : plus de vingt départe- ments ou régions ont changé de représentant de l’État en à pei- ne six mois. La dernière petite nuance de style entre les deux préfets ?

Christian Decharrière n’a pas laissé spontanément son numé- ro de portable aux journalistes présents, ce qu’avait fait sans sourciller Nacer Meddah le jour de son arrivée à Besançon… J.-F.H.

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