La Presse Bisontine 53 - Mars 2005

L’ INTERVI EW DU MOIS

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Éditorial

M ANAGEMENT

Après son passage à Besançon

Daniel Herrero : “La plus belle place, ce n’est pas forcément la première”

Commerce Intérêts privés contre action publique. Le commerce est une activité totale- ment privée où la règle numéro 1 est d’essayer de faire des affaires. Mais lorsque ce principe ne fonctionne plus tout à fait ou connaît des soubresauts - c’est le cas au centre-ville de Besan- çon, aux dires des commerçants eux- mêmes - il est de bon ton de faire appel à l’autorité publique pour régler les pro- blèmes. Seulement, la collectivité ne peut en aucun cas s’immiscer dans la bonne marche des affaires. C’est ain- si que l’argument avancé parfois par les consommateurs qui s’étonnent que la ville ne puisse pas empêcher la dis- parition du “petit commerce” n’est guè- re recevable. En revanche, le rôle d’une municipalité est d’être un “facilitateur” du dynamisme local, et donc du com- merce. C’est ainsi que la politique en matière de travaux et d’accès au centre- ville relève en premier lieu de cette res- ponsabilité. Vouloir faire du centre un lieu de vie agréable, débarrassé des véhicules, est plutôt louable. Vouloir en faire un musée à ciel ouvert où tout véhicule motorisé serait banni, relève de l’utopie. D’où les savants dosages à trouver entre accès autorisés et inter- dictions de circulation, dosage qui sera toujours bancal tant que le nouveau plan de déplacements urbains concoc- té par la ville ne sera pas terminé. L’in- tervention de la ville dans les affaires privées se justifie aussi lorsqu’elle a le pouvoir de réajuster l’équilibre com- mercial en ville. C’est justement l’in- tention poursuivie dans le dossier “Plaz- za Lumière” dont la ville a racheté les murs pour mieux maîtriser l’occupa- tion commerciale des lieux et éviter ain- si que ne se renforce la prédominan- ce d’un secteur d’activité par rapport aux autres. Au-delà de ces interven- tions ponctuellesmais néanmoins essen- tielles, le commerce de centre-ville est inexorablement voué à la loi du mar- ché, comme l’ensemble du secteur pri- vé. Le salut des commerçants du centre est avant tout entre leurs mains. On le voit aisément, les commerces indé- pendants qui savent innover et prendre des risques tirent largement leur épingle du jeu. Et ce, malgré la pression de plus en plus forte des enseignes nationales qui à grands renforts de moyens finan- ciers, continuent à coloniser le centre- ville. Sur ce point, ni la ville ni les com- merçants indépendants n’y pourront rien. Malgré leur plus farouche volon- té commune. ! Jean-François Hauser

L’emblématique figure du rugby français dans les années 80 transmet aujourd’hui sa passion et son expérience de la ges- tion des groupes dans le monde profes- sionnel. Il était invité par le Crédit Mutuel le mois dernier à Besançon. Rencontre.

L aPresseBisontine : Quel bilan dressez-vous des dernières prestations du XV de Fran- ce ? Daniel Herrero : On pourra dire qu’en terme de performances, c’est bien, notamment avec cette victoire chez lesAnglais, les champions du monde. Si on analyse le cœur de ce grou- pe, son élan, sa manière de jouer, on est plus restrictif. Le XV de France ne marque pas d’essais, on a le jeu le plus pauvre de la planète ovale aujourd’hui, un jeu sans relief technique. Et nous avons per- du ce french flair qui nous caractérisait depuis de nom- breuses années. Enfin, au niveau de la créativité, on atteint le degré 0. Des équipes comme le Pays de Galles et de finale de la Coupe duMon- de après avoirmarqué 3 essais, et ils n’en ont encaissé qu’un. LesAnglais ont été sauvés par Wilkinson. Mais ce XV de France a des joueurs de talent, qui évoluent dans un cham- pionnat français relevé. L.P.B. : Cela signifie que vous ne partagez pas l’optimisme affiché par Bernard Laporte ? D.H. : Il laisse sceptique lemon- de entier au regard des résul- tats et notamment ceux de l’automne dernier où l’on s’est fait corrigé par les All Blacks et lesArgentins. En plus, nos victoires du début de tournoi des 6 nations sont pauvres. La démarche du staff est aujourd’hui la préparation de la coupe du monde de 2007. Le présent pour Bernard Laporte ne s’analyse qu’en perspective du futur. Nous avons une équipe très pru- dente, timorée et ceci génère de la formalisation et des hommes aux ordres. En plus, cette équipe de France a peu l’Irlande produisent du jeu, ilsmarquent beaucoup d’essais, ils ont un jeu volu- mineux. Il faut rap- peler que les Gal- lois n’ont perdu que d’un point contre les Anglais en 1/4

d’humour et fait mal la fête…

L.P.B. : Mais vous avez tout demême fêté cette victoire contre les cham- pions du monde ? D.H. : Même pas. Tout le mon- de pensait que c’était la gout- te d’eau qui allait faire débor- der le vase cematch-là, et que l’on allait assister à une gran- de lessive. L.P.B. : Que revêt le terme de pro- fessionnalisme dans le monde du sport par rapport à celui de l’en- treprise ? D.H. : Le professionnalisme dans tous les milieux devient une référence. On dit aujour- d’hui de quelqu’un que c’est un bon pro. Cela reste un com- pliment d’avoir quelqu’un de rigoureux, de méthodique, de et aujourd’hui, nous sommes dans la quête de la victoire, il faut gagner. Les termes de capital, décisif, reviennent sans cesse dans lemonde pro- fessionnel, c’est une constan- te. Je pense qu’il faut dire que la plus belle place, ce n’est pas forcément la première mais celle qui a permis à l’indivi- du d’aller au bout de lui-même en donnant ce qu’il avait de mieux. L.P.B. : Sur quels thèmes interve- nez-vous dans les entreprises ? D.H. : J’interviens dans lemon- de du travail sur la question des dynamiques de cohésion, de lien, de solidarité et cela est assez antinomique avec le capitalisme où la loi, c’est le gain. On passe beaucoup de temps et d’énergie au travail et l’absence radicale de plai- sirs relationnels, de qualité de liens avec les gens avec qui on bosse, devient une altéra- tion à la performance. La réflexion sur laquelle je tra- vaille, c’est comment ensemble sérieux. Toutes ces valeurs sont dans le monde du rugby aujourd’hui. Il y a quelques années, la qualité de la per- formance était aus- si importante que la première place

“L’absence radicale de plaisirs relationnels.”

Daniel Herrero est originaire de Toulon. Il a fait les grandes heures du rugby français.

est complexe et donc dur à gérer et Dieu sait si les règles et recettes émergent dans ce domaine. Regardez le recru- tement : le directeur des res- sources humaines doit détec- ter, dépister la qualité de l’homme, avec des batteries de tests pour les aider. Mais le potentiel d’entente c’est-à- dire la capacité de l’individu à vivre et à travailler avec ses futurs collègues, cela reste une part d'inconnu pour le recruteur. L.P.B. : Vous étiez récemment donc à Besançon. Dans quel cadre ? D.H. : Je suis intervenu pour le Crédit Mutuel à plusieurs reprises dans l’Est de la Fran- ce, dans le cadre d’une démarche avec une vraiemora- le de leur côté. L.P.B. : Sur quoi travaillez-vous actuellement ? D.H. : Je travaille sur un livre qui abordera la question des Suds, il sortira en juin. ! Propos recueillis par E.C.

pression. Trop de pression use, quand tu uses, tu puises, et quand tu puises, tu t’épuises. Tout cela est dramatique.Mais le travail n’a jamais été un facteur d’épanouissement dans la civilisation industrielle, le travail permet de vivre. On sait simplement que celui qui fait le travail qu’il aime, fait mieux le travail que celui qui n’aime pas son travail, on l’ou-

pouvons-nous être un peu plus fort et surtout un petit peu mieux. Car si on est un peu mieux, peut-être cela aura-t- il des répercussions sur la per- formance. Il convient de s’in- terroger aussi sur les mécanismes de stagnation c’est-à-dire regarder là où il y a des raideurs dans les liens, dans l’acquisition des savoirs. J’interviens ensuite sur la

blie un peu. Et la principale quali- té de l’entraîneur est de favoriser ces conditions et de faire du lien.

dynamique de la relation avec l’autre en externe, c’est-à- dire la relation avec le client qui va géné- rer une réflexion sur la communication

“Donner le meilleur de son potentiel.”

et la transmission de l’exper- tise. Enfin, je me penche sur le potentiel de richesse acquis avec la pratique, qui est aus- si un des éléments de la per- formance. L.P.B. : Qu'en est-il du stress dans le monde du travail qui est de plus en plus important ? D.H. : Le stress est le moteur base et la douleur numéro 1. On s’active beaucoup dans l’urgence et cela génère de la

L.P.B. : On parle de managers dans le monde professionnel, sont-ils de bons entraîneurs ? D.H. : Cesmots deviennent gal- vaudés. Le terme de mana- ger vient demanège, c’est celui qui au manège fait travailler le cheval pour qu’il arrive à donner le meilleur de son potentiel. Le ne sait pas for- cément où il va mais il sait ce qu’il faut faire. Je crois qu’il n’y a aucune recette car on travaille sur de l’humain qui

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