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DANGERS NATURELS

sapeurs-pompiers doit donc soupeser les intérêts entre production d’électricité et protection contre les crues – et n’or- donner le démontage des éléments que si d’autresmesures, telles que la «pêche» progressive du bois flottant, s’avèrent insuffisantes. Analyse des points vulnérables L’issue favorable de cette nuit du 7 juin 2015 n’est pas due au hasard, mais à une série d’enseignements tirés des crues de 1999 et de 2005. L’analyse de ces épi- sodes a permis de repérer les différentes failles et, sur cette base, d’élaborer des plans d’intervention qui définissent très précisément, en fonction de la situation, quelles mesures doivent être prises et par qui. Dans le cas d’une crue où l’Aar charrie du bois flottant, le barrage de la Matte a été identifié comme un point faible. L’analyse des événements réalisée par l’Office fédéral de la protection de la po- pulation (OFPP) avait aussi révélé un autre point vulnérable. Effectuée à la demande du conseiller fédéral Samuel Schmid après la crue de 2005, l’étude concluait que des améliorations pou- vaient être apportées sur le plan de l’alerte et de la transmission de l’alarme. Depuis, la situation s’est bien améliorée. Pour coordonner et optimiser leurs acti- vités, l’OFEV, l’Office fédéral de météo- rologie et de climatologie (MétéoSuisse), l’OFPP, l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches (SLF) et le Service sismolo- gique suisse (SSS) ont uni leurs forces au sein du Comité de direction Interven- tion dangers naturels (LAINAT). Suite à la révision de l’ordonnance sur l’alerte, l’alarme et le réseau radio national de sécurité (OAIRRS), l’OFEV a reçu le man- dat de donner l’alerte en cas de crues et

Juin 2015: un bouillon gris-noir et visqueux s’est accumulé devant le Schwellenmätteli ber- nois. La situation se détend en quelques minutes lorsque les deux éléments du déversoir sont retirés par une grue mobile. Une décision délicate qui doit être planifiée méticuleuse- ment. Photo: Protection et sauvetage Berne

gravitaire. Cet outil, qui traite aussi des crues, est en préparation. Son but est d’aider les communes qui ne disposent pas encore de plans d’intervention à se préparer à un événement de manière optimale. Les mesures préconisées bé- néficient du financement de la Confédé- ration par le biais des cantons. Markus Müller, de la section Gestion des risques à l’OFEV, précise: «Les plans d’interven- tion ne doivent pas atterrir au fond d’un tiroir et rester ‹lettre morte›. Ils doivent faire l’objet d’exercices et d’actualisa- tions. Les expériences fournissent de nouvelles connaissances qui permettent d’optimiser le plan et de prendre, le cas échéant, des mesures de construction ou de planification supplémentaires.» Interrogé sur ce manuel, Alain Sahli, chef du secteur Planification et intervention, à la division Protection et sûreté, ré- pond: «Bien sûr, nous allons l’étudier en détail et vérifier dans quelle mesure nous devons adapter nos plans d’inter- vention, et, si oui, dans quels endroits.» Le travail d’uniformisation de la Confé- dération est important à ses yeux, car il permet de collaborer au-delà des fron- tières administratives: c’est le seul moyen de garantir «qu’on parle de la même chose quand on utilise les mêmes mots». Selma Junele Texte original dans: «l’environnement», magazine de l’Office Fédéral de l’Envi- ronnement (OFEV)

de mouvements de terrain qui en dé- coulent, ainsi que d’incendies de forêts. L’office était déjà actif dans ces domaines auparavant, mais au seul titre de presta- taire pour les cantons. Aujourd’hui, il a nettement plus de compétences: il aver- tit les cantons et la population en cas de danger. Les réseaux de mesure et les modèles prédictifs à la base de ces alertes font régulièrement d’améliora- tions. Berne a aussi renforcé son système d’avertissement: depuis la catastrophe de 2005, les habitants des quartiers ex- posés ont la possibilité de recevoir une alerte par SMS en cas de risque d’inon- dation. Ils ont ainsi le temps de vider leur cave ou de mettre leur voiture à l’abri. Pour les alertes par SMS et la gestion des crues, la ville s’appuie sur les infor- mations que la Confédération et le can- ton mettent à sa disposition. Nouveau manuel pour les communes La protection contre les crues est une tâche coordonnée qui nécessite une col- laboration aux trois niveaux de l’admi- nistration, fédéral, cantonal et commu- nal. Suivant la situation, la police et la protection civile sont mobilisées en ren- fort des pompiers. Les communes sont particulièrement sollicitées. Les cartes des dangers naturels servent de réfé- rence pour identifier les risques. Et la connaissance des dangers implique éga- lement un devoir moral de se préparer à la gestion des événements naturels. L’OFEV et l’OFPP accompagnent les communes notamment par le biais de son nouveau manuel Planification des interventions en cas de danger naturel

Infos: http://www.bafu.admin.ch/magazine2020-2

Des branches et des troncs d’arbres se sont mêlés à l’eau. Photo: Protection et sauvetage Berne

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COMMUNE SUISSE 6 l 2020

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